Jusqu'à ces derniers jours, le Congrès n'a pas agité les foules, c'est le moins que l'on puisse dire...
Là, depuis mi-octobre, ça frémit un petit peu, normal on y arrive, et chacun se dit que, quand même, il est nécessaire de savoir ce qu'on fait.
Où en est-on, est quelle démarche aborder ?
1) Le document d'orientation est connu depuis l'été, nous l'avons largement épluché, il est absolument inamendable, tellement il est incrusté dans une optique réformiste. Nous devons absolument le faire connaître auprès des syndiqués, qui n'imaginent même pas les horreurs que contient ce texte. Comme il n'est pas possible de le discuter dans son ensemble, nous proposons de centrer la discussion sur la question d'actualité, à savoir les restructurations, les vagues de licenciements, les solutions proposées par la CGT. A commencer par le fait sur le terme même de "licenciements" n'apparaît que deux fois, dans la formule "droit suspensif des licenciements" pour les CE, et jamais en termes de conséquence dramatique pour les travailleurs, ou d'objectif de lutte de classe.
Même s'il n'y a pas une discussion complète de l'ensemble du document, il y a matière à aborder par ce biais l'ensemble de l'orientation proposée par la Confédération.
La discussion doit se conclure par le vote formel d'un mandat de vote CONTRE ce document d'orientation.
Ce document propose sept résolutions qui vont peut-être être soumise au vote séparément.
La Résolution 1 traite de la crise économique et des solutions à y apporter. Nous renvoyons à la critique générale du document et ce qu'il manifeste, et nous voterons CONTRE.
La Résolution 2 traite de la syndicalisation des jeunes, et ne mange pas de pain, ne comporte rien de particulièrement choquant (ni d'ailleurs de particulièrement précis et novateur). On peut donc éventuellement la voter.
La Résolution 3 traite du syndicalisme rassemblé, des journées d'action et de la réprésentativité. Nous voterons CONTRE (évidemment...).
La Résolution 4 traite des syndicats. Nous voterons CONTRE, dans la mesure où la transformation des syndicats est un enjeu majeur de l'avenir sans que toutes les cartes soient abattues par la direction confédérale, par contre elle comprend la référence aux chartes de la vie syndicale ainsi que la création de la fameuse "commission d'affiliation", véritable centre d'inquisition interne à la Confédération. Donc une véritable normalisation annoncée des syndicats, leur alignement contraint et forcé sur les orientations réformistes confédérales.
Les Résolutions 5 et 6 traitent des fédérations et des territoires (UD) et de leur restructuration à venir. On y voit poindre l'abandon du rapport de classe d'exploitation (travail/capital, ouvrier/bourgeois) pour privilégier le syndicalisme soit lié au marché (adaptation aux "produits" du marché capitaliste, pour prétendre intervenir sans doute dans les choix de gestion), cela pour les fédérations, soit le syndicalisme lié aux formats locaux (bassins d'emploi, découpe institutionnelle), pour peser sur les choix locaux (aménagement du territoire) ou s'incruster dans les structures institutionnelles (conseil économique et social etc.). C'est encore assez flou, et c'est probablement le 50ème Congrès qui devra se prononcer ouvertement, ce que propose d'ailleurs la Résolution 7. Mais dès aujourd'hui, c'est la lutte des classes que nous devons défendre et les structures syndicales adaptées à ce combat. Dans l'attente d'une réflexion plus élaborée, nous voterons CONTRE ces trois résolutions pour, au minimum, maintenir l'état actuel des choses.
2) Le rapport d'activité n'a pratiquement pas été discuté. En fait, c'est quelque part normal. D'une part ce rapport d'activité recense tout ce que nous avons combattu pendant des trois années passées (représentativité, syndialisme rassemblé, négociations au sommet - Grenelles, trahison du mouvement d'ensemble, emploi industriel etc.), nous ne mettons pas les liens, chacun y retrouvera son bébé sur ce blog. D'autre part, le document d'orientation valide ce bilan en enfonçant le clou.
Il faut donc également voter CONTRE ce rapport d'activité.
3) Le vote pour les directions.
Il importe que le syndicat se prononce sur l'élection de la future direction confédérale, évidemment ce n'est pas facile puisqu'officiellement on ne connaîtra les noms qu'au Congrès.
Dans l'immédiat, nous proposons comme consigne d'éliminer les dirigeants suivants à titre symbolique (en sachant que notre chéri préféré ne sera plus là...), donc de voter CONTRE eux, de les rayer, quoi :
- Bernard Thibault - secrétaire confédéral au titre de la politique générale de la Confédération.
- Francine Blanche - au titre de la trahison de la lutte des sans-papiers.
- Eric Aubin - au titre de grand normalisateur de la fédération de la Construction (Dalkia, Forclum, Cegelec...)
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Mohamed Oussedik - au titre de poulain de Le Duigou, de porteur de l'orientation d'accompagnement du capitalisme sur l'emploi industriel.
- Maurad Rabhi - au titre de champion du monde de la collaboration de classe
4) Normalement, si on a bien compris, chaque syndicat connaît maintenant nominativement le délégué au Congrès porteur de ses mandats - du moins c'est comme cela que cela devrait se passer. Il convient donc de lui transmettre un document écrit, avec les mandats extrêmement précis du syndicat. Il n'y a évidemment aucune garantie que ce mandat soit respecté (ni d'ailleurs aucun moyen de contrôle). Mais cela doit être fait pour le principe, et c'est ce qu'ont fait les camarades de la CGT du CHU de Clermont que nous proposons ici à titre d'exemple.
5) Mais cela ne suffit pas. La démarche est importante pour mener le débat avec nos camarades dans les structures, discuter, convaincre, éclairer. Le résultat du Congrès finalement ne nous importe pas tellement, car on peut considérer d'une certaine façon qu'il est plié.
Il faut aussi sortir du syndicat, de la boîte. Elargir le débat, poser la question d'ensemble de la Confédération. Poser les jalons pour nous retrouver, construire (enfin !) une solide opposition interne qui soit en état d'être une force véritable. Aussi, il convient de soutenir la candidature de JP Delannoy, comme commencent à le faire certains syndicats (ICI ou LA), de faire signer la pétition, de participer aux réunions publiques (Lyon et Toulouse déjà prévues), de faire du rassemblement prévu à Nantes pendant la semaine même du Congrès confédéral un grand succès !