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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 06:58
Samedi 15 août 2009
Rapport d'orientation au 49ème Congrès :  le syndicalisme d'accompagnement

Dans l'article précédent, nous avons abordé un peu la vision du monde qui se dégageait du rapport d'orientation proposé par la confédération. Les propositions en terme de modalités d'action et de structuration découlent alors assez logiquement.

La deuxième partie du rapport porte finalement sur les luttes et la manière dont la CGT entend agir pour changer les choses. On l’aura compris, il ne s’agit pas là de « rapport de force » ou d’imposer quoi que ce soit. Il s’agit de peser dans le sens du « bon choix ».
Nous serons plus rapides. Dans cette partie, la confédération a décidé de marquer les camps et les positions. C’est donc sans nuances qu’elle affirme, nettement et sans bavure :
  • Que la tactique des journées d’action était la bonne ;
  • Que les actions le week-end sont une bonne chose ;
  • Que le syndicalisme rassemblé est la seule issue, et que la démarche est validé par la réalité ;
  • Que l’essentiel de l’activité syndicale se fait dans la négociation à tous les échelons, qu’il faut allier conquêtes électorales et démarche de rassemblement ;
  • Que la loi sur la représentativité est une bonne chose et qu’il faut s’appuyer dessus pour élargir la représentativité de la CGT et sa présence partout (II-80), c'est-à-dire non plus la lutte des classes, mais la table des négociations, la validité des accords collectifs et le représentativité nationale, une audience électorale renforcée.
Cette partie est très tranchée, et compte tenu des débats qui ont eu lieu dans la Conf’ depuis trois ans à ce propos, il est évident que la direction a choisi de marquer les camps, pour tenter d’isoler les opposants et de rallier la majorité des militants combatifs à sa démarche en s’appuyant sur « l’esprit de famille » qui fait tant de mal dans nos rangs.
Au moins les choses sont claires, et personne ne pourra dire qu’il ne savait  pas.
Autant la première partie relève d’une analyse économique qu’on peut juger difficile (mais l’économie politique est le socle de l’action du syndicalisme de classe, quoiqu’on en dise !), autant cette deuxième partie est limpide et sans ambigüités. Evidemment, bien sûr, non amendable…

Enfin, la troisième partie porte sur l’évolution des structures de la CGT, vieux chantier qui avance trop lentement au gré de la Confédération.

Nous avons déjà dit que nous ne sommes pas de ceux qui voulons rester arcboutés sur le passé ; que nous constatons l’évolution du salariat, la mobilité, la précarité, la nécessité de s’adapter à un salariat qui change.
Pour la Confédération, c’est une évolution normale à laquelle il faut s’adapter. Pour nous, c’est la volonté d’engager dans la lutte des classes des secteurs laissés en marge par les attaques du capital, et abandonnés dans le passé par le syndicalisme corporatiste qui a encore bien des défenseurs dans notre syndicat. Ainsi, si la Conf’ ne peut que constater la mobilisation dans la lutte des sous-traitants de l’automobile, elle se tait sur le silence des structures lors du dépeçage des grands groupes pour créer ces mêmes entreprises dans les années 70…

Il est assez difficile de mesurer où veut aller la Conf ‘ sur la transformation des structures. Comme d’habitude elle avance masquée, sans annoncer son projet, petite touche par petite touche. On peut noter les pistes suivantes :
  • Faire un syndicalisme d’adhérents directs et non plus un syndicalisme de militants et de syndicats.
  • Pourtant, ce n’est pas la disparition des syndicats qui est proposée, puisque tout syndiqué doit être rattaché à un syndicat. Plus fondamentalement, c’est le rôle du syndicat qui change de nature (III-69) : syndicat de négociation représentatif, et non plus structure d’organisation de la résistance et de la lutte. Pour les camarades qui ne nous croient pas, lisez donc le texte original ! Il est donc noté qu’il « y a tout lieu de s’interroger sur le périmètre de chacun des syndicats ». C’est un vrai débat déjà en cours : par exemple, certaines fédérations comme la FAPT sont organisées exclusivement sur la base de syndicats départementaux, et dans les entreprises ce ne sont que des sections syndicales… A noter, la proposition d’intégration des sous-traitants au syndicat d’entreprise.
  • Création d’une « commission d’affiliation à la CGT ». Compte tenu des problèmes récurrents et qui ne peuvent qu’augmenter (Dalkia, Forclum, Cegelec, UL de Douai, Renault etc.) c’est une véritable Inquisition qui est créée dans la Confédération ! Définition de l'Inquisition, adaptée de celle donnée par Wikipedia : "L’Inquisition est une juridiction spécialisée (un tribunal), créée par le CCN et relevant des statuts, de la charte de la vie syndicale et de la charte des élus et mandatés, chargée d'émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non (par rapport au dogme confédéral) des cas qui lui sont soumis. L'Inquisition est une juridiction d'exception, établie pour représenter l'autorité judiciaire du bureau confédéral sur un syndicat donné, quand le fonctionnement normal des structures s'avère inadapté."
    Ce n'est pas une plaisanterie, c'est exactement cela qui se met en place.
  • Concernant l’UGICT, le texte est très prudent (III-47), mais tout le monde sait que ce qui est en jeu, c’est sa disparition. Double raison, nous l’avons déjà dit : les ICT ont pris le dessus dans la Conf’ sur les aristocrates ouvriers du passé et il n’y a plus besoin de structure spécifique, et en plus l’UGICT se révèle assez souvent rétive aux nouvelles orientations et propositions confédérales…
  • Refus de la création de syndicats particuliers : sans-papiers, privés d’emplois ou précaires. (III-62). L’argument sur les privés d’emplois vaut son pesant de cacahuètes, au regard de la Sécurité Sociale Professionnelle : « il est important que chaque privé d’emploi puisse être syndiqué dans un syndicat de la CGT, sans que la transition entre deux emplois signifie une rupture de sa syndicalisation et de sa participation à la vie syndicale ».
  • Renforcer l’interprofessionnel au détriment du professionnel
  • Dans cette perspective, l’avenir des fédérations est en question. Déjà les manœuvres sont en cours (Construction et Bois, puis avec le Verre ensuite), mais on peut imaginer de futurs regroupements. Le texte réaffirme (III-106) « qu’il faut rendre effectifs des espaces de travail sur les enjeux revendicatifs communs », espaces de travail vous avez bien lu, pas luttes !!!
  • Concernant le territorial, il est faux d’affirmer selon nous que la volonté de la Conf’ est la disparition des UL. Ce qu’il y a c’est la volonté de restructurer la confédération sur la base des bassins d’emploi, et zones homogènes «  objets d’enjeux structurants » (III-144) pour peser sur les choix économiques en termes d’emploi, de transports, de logement et de formation. Dans la mesure où il s’agit de transformer la CGT en « force de proposition » locale [c'est à dire aux négociations institutionnelles], il faut adapter les structures aux besoins. Là, ce sera un syndicat de site (Saint-Nazaire), sur telle petite vallée du Jura ou de Haute Normandie ce sera une UL, ailleurs ce sera l’UD voire même la région si nécessaire. Ce sera au cas par cas, selon la structuration du capital.
    Et à lire le texte, il semble bien que l’objectif de la Conf soit de renforcer ce type de structures, au détriment du syndicat d’entreprise (lui-même transformé) – « l’entreprise est devenue une entité trop instable pour y assurer, à elle seule, la relation permanente entre la CGT et les salariés » (III-141) - ou professionnel (en voie de disparition). « C’est pourquoi le congrès considère qu’il convient de hausser et redéfinir notre activité CGT dans les territoires » (III-147)
Au fond, la discussion ne doit pas porter sur les structures, en tant que telles. Elle doit porter sur "à quoi servent-elles" ? Et la meilleure manière, c'est de débattre des positions bien claires affichées pour les syndicats (voir plus haut). Le reste n'est que conséquence...

Pour conclure brièvement.

Le 49ème Congrès est encore un congrès de transition. Les positions sont de plus en plus tranchées, il y a la volonté affichée d’isoler tous les opposants, mais c’est le 50ème Congrès qui va être un moment décisif, à la fois pour le symbole et pour les transformations à venir.

Ce texte d’orientation proposé est inamendable, tant il a une logique structurée autour du syndicalisme d’accompagnement, et il est vain de chercher à en améliorer ici ou là une virgule : quelque part nous ferions le jeu de la direction confédérale.
Ce texte doit être combattu, « classe contre classe », au sein même de la CGT. Nous devons le lire, l’étudier, l’analyser à fond (et cet article est une première brique). Nous devons le faire lire (car la très grande majorité des camarades ne jugeront pas utile de le faire), le combattre pied à pied, en démasquer la logique.

Après, il faudra proposer, sortir du bois, afficher un point de vue. Se retrouver avec le maximum de syndicats sur une base minimum, mais suffisante, pour afficher notre opposition.
Nous avons peu de temps, mais il n’est pas trop tard.

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commentaires

L
On garde nos cotisations ? on crée une autre CGT ? on va tous chez Solidaires (qui tourne déjà pas mal en eau de boudin, je pense à l'accord sur la représentativité) ? On investit le congrès ?
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C
49eme congrès : la CGT PHILIPS EGP DREUX se prononce pour un syndicalisme de lutte! <br /> <br /> Alire sur le site du syndicat<br /> http://cgt-egp-dreux.over-blog.com/article-35113852.html
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X
Lors du dernier congrès, la lutte pour les salaires était passée à la trappe. Cette fois c'est la lutte contre les licenciements qui est shuntée au profit de "l'accompagnement" des ouvriers licenciés.<br /> <br /> Évidemment je simplifie les choses, mais le refus des licenciements me semble être la pierre d'achoppement du Congrès.<br /> D'abord c'est un sujet dramatiquement actuel, ensuite il ne présente aucun mystère pour l'ensemble des syndiqués.<br /> Enfin la situation catastrophique des pôles emploi et le cynisme des charognards des cabinets de placement ne plaident pas en faveur de "l'accompagnement social".<br /> <br /> Le mot d'ordre "interdiction des licenciements" devrait être popularisé.
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R
bnjour , faîtes comme moi ne perdez pas votre énergie à l'intèrieur de la CGT , c'est clair elle est entrain de se céfdétiser et cela ne date pas de ce congrès qui vient , malheureusement je crois que ce congrès est joué d'avance les camarades et comme tophe le dit si bien , ce les textes de ce congrès sont volontairement imsipides et imbuvables , je n'ai pas la solution car en 2007 quand j'ai quitté la cgt cheminot pour partir dans le groupe Solidaires , j'ai fais un choix de conscience et le constat que je fais 2ans après sans rien regretter bien au contraire vu la dérive de la confedé CGT , c'est en gros que solidaires ne pèsent pas assez politiquement pour forcer la cgt à revenir sur des bases de classes et de masses , c'est tout juste un constat, bon courage aux camarades sincères de la cgt qui se désolent des orientations droitières de leur CGT
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P
J'ai lu les messages de Tophe, sur l'enjeu des transformations de structures. Le problème, c'est que tout le monde s'en fout et que les enjeux sont pas clairs.<br /> <br /> J'appartiens à une Fédé vouée à la disparition (le Verre et la Céramique). Bon, en fait tout le monde est d'accord, plus ou moins, diminution des effectifs etc.<br /> La proposition de la direction fédérale c'est de rejoindre Construction-Bois-Ameublement, qui vient de se constituer. Sur quelle base ? Mystère, c'est incompréhensible.<br /> Parce que nos métiers c'est industriel pur jus, travail posté, bruit, chaleur, toxiques chimiques, poussières etc. et qu'on n'a pas grand chose à faire avec une Fédé de chantiers et de services. Certains camarades ont proposé de rejoindre la Chimie, ce qui est quelque part bien plus logique (et en plus, au niveau international on est relié à la Chimie).<br /> <br /> Mais l'affaire est en fait déjà pliée au sommet, et dans les syndicats, tout le monde s'en fout, je me répète. Il doit y avoir des enjeux cachés (ne pas renforcer une fédé déjà oppositionnelle ?), et puis les rumeurs qui traînent ici ou là, celle d'une grande fédé unique de l'Industrie, d'ailleurs si on lit bien le texte d'orientation, c'est ce qu'on peut comprendre.<br /> <br /> Alors, moi je veux bien que l'enjeu du 49ème Congrès ce soit les structures, mais je suis pas sur. Par contre, j'ai bien lu les paragraphes sur le rôle des syndicats et là, ça doit être plus clair pour les camarades : ce qu'on nous propose, c'est la CFDT, ni plus, ni moins (et là, je rejoins Tophe).
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C
Excellent site que je viens de découvrir. Je m'aperçois que de plus en plus de syndicalistes s'interrogent d'une manière générale sur l'avenir du syndicalisme quelle que soit la confédération à laquelle on appartienne.<br /> Dans le syndicalisme, il y a ceux qui le font vivre et ceux qui en vivent. Nous savons tous que le système a été verouillé depuis des années, mais les syndicalistes de base pouvaient encore avoir une certaine autonomie dans leurs entreprises.<br /> Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, et en cette période de licenciements à tout va, nous voyons le développement d'un syndicalisme d'accompagnement jusque dans les entreprises.<br /> A côté de cela, la colère des salariés gronde et les tensions ne cessent de croître dans la plus profonde indifférence des fédés et des confédérations qui ne répondent pas aux appels au secours de leurs adhérents.<br /> Un bon nombre de syndicalistes sont trainés devant les tribunaux ou menacés de licenciement sans autre forme de procès. <br /> Si le syndicalisme n'apporte aucune réponse satisfaisante dans les mois ou les semaines à venir, c'est l'explosion du monde ouvrier tout entier qui risque de se produire.<br /> Les salariés ne se voient pas vivre dans un monde où ils devront travailler jusqu'à 70 ans, non pas parce qu'ils ne le veulent pas, mais parce que le monde du travail est aujourd'hui tellement exigeant en matière de rendement, que les salariés sentent bien que leur physique ne pourra pas suivre. L'accroissement de la maladie et des inaptitudes de toutes sortes dans les entreprises est un signe avant coureur de ce malaise.<br /> Bon courage pour réussir à réformer de l'intérieur.<br /> A Disneyland Paris dont je fais partie, la réponse apportée par les syndicats et la Direction est l'éviction pure et simple de tous les syndicalistes pouvant contrecarrer la stratégie d'entreprise mise en place pour la Direction. A côté de cela et en conséquence directe de cet abandon et de ce manque de représentativité des salariés, la médecine du travail n'a pas hésité à publier un rapport plus qu'alarmant faisant état qu'un tiers des salariés présentaient des inaptitudes. Imaginez ce que cela signifie lorsqu'il y a 12000 salariés.<br /> Oui, les salariés payent cher le prix du syndicalisme d'accompagnement qui semble s'installer de façon définitive (nos fameux partenaires sociaux), et il y a fort à parier que dans les mois à venir la seule forme de lutte que les syndicats proposeront sera : suis-je un syndicat réformiste ou non. On pourra en écrire des pages, mais cela ne changera rien dans la vie des salariés, tout au moins pour ceux qui auront encore un travail.<br /> J'espère sincèrement que les syndicalistes d'entreprises comprennent vraiment les enjeux à venir et qu'ils auront les moyens de se faire entendre, afin d'influer sur des choix que les confédérations veulent politiques ou stratégiques, mais qui ne répondent en aucun cas à la problématique du monde du travail tel qu'il existe aujourd'hui.<br /> Cyril LAZARO
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T
Vous dîtes que ce texte doit être combattu, « classe contre classe », au sein même de la CGT. Mais qui va combattre réellement ce texte? La bande à Marquiset qui fait le jeu de la Confédération en faisant croire aux illusions du changement au sein de la CGT? Les syndicats "lutte de classe", seuls dans leur coin? <br /> <br /> Comme vous l'affirmez justement, ce document n'est pas amendable, parcequ'il est imbuvable. Et il est imbuvable parcequ'on a voulu le rendre comme cela afin d'éviter à bon nombre de militants de s'y intéresser. <br /> <br /> Mais vous m'inquiétez sur le blog en disant que le 49e congrès sera celui de la transition et que les choses "sérieuses" se feront au 50ème. Est-ce l'abandon de toute lutte que vous proposez sur l'autel du réalisme, faute de force? Moi je dis que la transformation est progressive mais certaine. Au dernier congrès (le 48e), on nous a balancé la sécurité sociale professionnelle, le statut du travail salarié et la réforme des cotisations. Au 49ème, c'est la réforme des structures qui va être le point d'orgue de la Confédération, en remettant surtout en cause les champs fédéraux pour pouvoir permettre de réaliser sur les bases des Unions Régionales des champs multiprofessionnels qui prendront le dessus sur les syndicats, les UL, les UD et les FD. Cela s'inscrit notamment dans le syndicalisme rassemblé avec la CFDT (en reproduisant le même schéma structurant).<br /> <br /> Alors camarades, où va t-on et que fait-on?
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