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2 mai 2009 6 02 /05 /mai /2009 10:09
Samedi 2 mai 2009
Grenoble : création d'un syndicat CGT multiprofessionnel des travailleurs sans-papiers

On ne sait, et on l'a bien répété sur ce blog, la lutte des sans-papiers n'est terminée. Partout les luttes se poursuivent sous des formes diverses, partout des interrogations sur comment avancer, face au blocage de la Confédération.
Comme l'a fait remarquer à juste titre un lecteur, il faut désormais arrêter de se lamenter sur les blocages réformistes, ça devient rengaine même s'il ne faut pas manquer les dénoncer..
Il faut savoir s'appuyer sur les expériences les plus avancées, tant sur les mots d'ordre que sur les formes d'organisation.
Aussi, pour ce qui se passe dans la CGT (objet de ce blog), nous venons d'être informés de quelque chose d'assez intéressant : la constitution à Grenoble d'un syndicat multiprofessionnel des travailleurs sans-papiers CGT.
C'est à dire une structure autonome, où les sans-papiers peuvent se regrouper dans un cadre syndical, diriger eux-mêmes leur lutte. Un syndicat "à eux" en quelque sorte, qui se rapproche de la proposition d'une "CGT-MOI" (CGT "Main d'oeuvre immigrée", par analogie aux FTP-MOI durant la deuxième guerre mondiale) faite il y a quelque temps également sur ce blog.

On le sait, le principal souci rencontré dans la lutte est sa bureaucratisation, la prise en charge exclusive par les experts syndicaux réformistes, le refus que les travailleurs sans-papiers prennent eux-mêmes leurs affaires en main. Bref une mise sous tutelle, bien dans la tradition chauvine d'un pays impérialiste.
De ce point de vue, il nous semble que l'initiative de Grenoble est intéressante, mérite d'être suivie et généralisée. On le sait, il est désormais possible de créer des syndicats multiprofessionnels dans la CGT (par exemple les syndicats de site, qui ont fait pas mal parler d'eux). Il y a là une opportunité à saisir, et nous espérons que les camarades de Grenoble, sans-papiers ou soutien, sauront nous rapporter le bilan de leur expérience.
Pour commencer, ce syndicat a organisé Jeudi dernier 30 avril l'occupation de la Direction Départementale du Travail et de l'Emploi à Grenoble, et a diffusé le communiqué suivant :


"COMMUNIQUE DE PRESSE - 30 avril 2009

Depuis ce matin, 50 travailleurs sans papiers syndiqués à la CGT occupent la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi pour demander leur régularisation assortie du droit de travailler. Empêchés de travailler au grand jour parce que sans papiers, ils sont poussés dans la clandestinité et subissent de ce fait les pires conditions d’exploitation et la peur permanente d’être arrêtés et expulsés. Le combat de la CGT est de faire reconnaitre aux pouvoirs publics que les sans papiers travaillent et qu’à ce titre ils doivent pouvoir bénéficier du droit du travail. Ceci passe par leur régularisation.

Plus de 120 dossiers déposés par la CGT sont actuellement entre les mains du préfet. Tout laisse à penser que de nombreux rejets se préparent dans les bureaux de la préfecture.

Ce que demande le préfet pour la régularisation de ces travailleurs est impossible : produire des fiches de paye alors que les employeurs ne peuvent les déclarer qu’à partir du moment où ils ont un titre de séjour. Ce qui fait d’ailleurs l’affaire d’une fraction peu scrupuleuse du patronat.

Dans les faits, la politique restrictive et répressive des pouvoirs publics en matière d'immigration maintient et renforce le travail clandestin. C'est au contraire en donnant davantage de droits aux travailleurs étrangers, notamment en facilitant leur régularisation, qu'on se donne le plus de moyens de lutter contre le travail clandestin, et qu'on peut aboutir le plus rapidement à améliorer les conditions de travail dans des secteurs comme la restauration, le BTP, l'agriculture, l'aide à la personne..."


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commentaires

J
D'après des infos lyonnaises, le syndicat des sans-papiers du Rhône serait largement virtuel, structure bureaucratique et plus ou moins vide, créée pour circonscrire le problème. Différent de la situation à Grenoble, en tous les cas.<br /> <br /> Comme quoi, là encore, une initiative qui peut paraître intéressante peut-être interprétée de points de vue très contradictoires... La lutte des classes, toujours la lutte des classes !
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P
Je signale juste que ce syndicat existait déjà à l'occasion des manifs de Vichy; j'en avais eu vent par quelqu'un d'un Collectif de Lyon et les réfèrences mails étaient UD CGT de l'Isère;<br /> SUD avait parlé d'en créer un à une époque pendant la grève de Man BTP et j'avais expliqué pour quoi je n'y étais pas favorable.<br /> Cette notion de syndicat de sans papier était par trop restrictive; il rappelait trop une forme super-Collectif et n'était pas une réelle avancée pour l'organisation.<br /> <br /> Dès le mois de juillet de l'année dernière, j'en avais discuté avec Sissoko mais j'avais mis en avant non un syndicat de sans papiers mais un syndicat de la main d'oeuvre immigrée: un syndicat CGT-MOÏ.<br /> <br /> On trouve d'ailleurs un résumé dans le n°9 du journal de la Bourse et je ne comprends pas pourquoi Sissoko ne l'a pas signalé; pour le n°12 je suis en train de l'imprimer pour Angers et je l'ai transmis à Nantes.<br /> <br /> Pour en revenir à cette question de syndicat sans papiers; peut-on parler de travailleur régularisé avec une carte d'un an qui sera remise en cause et assurera surtout la précarité à celui qui la posséde; la moindre poussée de fièvre des marchés ou la moindre vélléité de révolte aura pour conséquence le non-renouvellement de cette carte; alors soyons sérieux; pratiquement tous nos camarades immigrés sont des sans papiers réels ou potentiels:<br /> <br /> Vouloir les catégoriser comme l'administration, c'est les enfermer dans les divisions créées; c'est les affaiblir et rendre caduque une organisation autonome qui n'est déjà pas évidente!<br /> <br /> D'ailleurs je comprends d'autant moins Sisso qu'il a lui-même, comme d'autres délégués de la CSP75, des papiers et je ne pense pas que la CSP75 survivrait si ceux-ci n'étaient plus délégués parce que possédant ces foutus papiers: j'espère remonter rapidement à Paris pour en discuter avec lui.Il ne faut pas perdre de vue que l'autonomie pour l'autonomie ne mène à rien; elle est nécessaire dans une vision dynamique de la solidarité et de l'union de tous les prolétaires.<br /> Pour ce qui est d'un syndicat MOÏ (CGT ou indépendant), j'espérais qu'un rapprochement des Collectifs parisiens avec les grévistes pourraient en être le socle sur Paris à l'occasion des grands mouvements de l'année dernière non seulement dans les grèves mais aussi dans les occupations et dans les luttes des CRA. Cela ne s'est malheureusement pas réalisé; peut-être un manque de volonté et de clarté politique? <br /> <br /> Un réel bilan reste à faire de cette période mais d'ores et déjà on peut parler d'actes et d'occasions manqués... -pj49-
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R
Au sujet de la création d'un syndicat de sans-papiers à Grenoble. Le dernier numéro du Journal de la Bourse du travail occupée (n° 12, daté 1er mai) signale page 2 (encadré) la création d'un (autre ?) syndicat de sans-papiers dans le Rhône (Huma du 15 avril) : 40 adhérents de l'UD-CGT du Rhône.<br /> <br /> Commentaires (de Sissoko ?) : "Tout nouveau tout beau ; espérons que ce ne sera pas du nouveau et du beau pour faire<br /> que tout reste la même chose. Quoi qu'il en soit, on retiendra qu'il y a, dans cet acte officiel du plus important syndicat des travailleurs, la reconnaissance formelle de la légitimité, dans le contexte social-politique actuel et dans le cadre de la législation en vigueur, d'un syndicat des travailleurs sans-papiers. (...) dans son numéro 7 [octobre 2008], le Journal de la Bourse du travail occupée insistait sur l'intérêt d'un tel syndicat, face aux limites de l'"action syndicale" et du "colonialisme syndical". Il y revenait, entre autres, dans son numéro 8, avec un long article sur Droit de grève et droit syndical, où l'opportunité et la légitimité sociales aussi bien que la faisabilité légale d'une telle initiative<br /> étaient soulignées..."<br /> <br /> Les deux numéros (7 et 8) sont en ligne sur leur site occupation BdT, le numéro 12 (1er mai) n'y est pas encore.
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