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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 19:39
Mercredi 21 juin 2006
48ème congrès confédéral de la CGT
Le bilan du blog "Où va la CGT ?"

1) Le 48ème Congrès de la CGT a été un congrès falsifié
  • Sélection des délégués et élimination préalable du maximum d’opposants
  • Critère du renouvellement (premier congrès pour ¾ des délégués) permettant de jouer sur le manque d’expérience des participants. Nombreux étaient les délégués qui n’avaient même pas lu les textes en débat.
  • Diminution du temps général de débat par rapport aux Congrès précédents (interventions de Stéphane Rozès, Martine Aubry, John Monks, les dirigeants étudiants)
  • Sélection élaborée des prises de paroles, et à la tribune et dans la salle. Elimination de la plupart des prises de paroles des opposants. Multiplication par contre des interventions favorables à la direction.
  • Elimination d’autorité de tous les amendements ne rentrant pas dans la logique du texte initial.
  • Non prise en compte des abstentions dans le résultat final.
2) Dans ces conditions, avoir réuni un quart des mandats dans les abstentions ou le vote contre les rapports d’activité et d’orientation relève de l’exploit. Encore plus dans le vote sur le nouveau système de cotisations. C’est la marque d’une opposition certainement bien plus forte et vivante que ne le laissent supposer les chiffres. Au-delà du succès apparent, la direction confédérale ne gagne le congrès qu’au prix d’une opposition élargie et radicalisée.

3) Ce congrès marque un pas de plus dans le recentrage réformiste de la Confédération. De l’accompagnement critique et des contre-propositions réalistes, on passe à la collaboration de classe ouverte. De ce point de vue, le 48ème Congrès de Lille de 2006 de la CGT est à comparer au 38ème Congrès de Brest de 1979 de la CFDT, après le recentrage annoncé de janvier 1978.
Le cœur du recentrage de la CGT est la Sécurité Sociale Professionnelle et le Nouveau Statut du Travail Salarié, qui entérinent la nécessaire adaptation des travailleurs aux mutations et aux exigences du capitalisme mondialisé.

4) De prétendus opposants, en pointe pour le NON à la constitution européenne ont révélés leur nature véritable. Le rapport d’activité et le projet de document d’orientation ont été adoptés à la quasi-unanimité lors du CCN consacré à leur examen, montrant que ces dirigeants s’alignaient de fait sur l’orientation confédérale et que leur opposition n’est que factice. Il n’y a rien à attendre de militants, eux-mêmes responsables réformistes avérés dans leur fédération ou leur UD, largement responsables dans le passé ou le présent de la situation dans laquelle se trouve la CGT aujourd’hui – l’exemple le plus significatif étant de ce point de vue la fédération des cheminots.

5) L’amertume et le découragement que peuvent ressentir certain(e)s sont à la mesure des illusions qui pouvaient subsister sur la direction confédérale ou sur les supposés opposants. Nous devons nous préparer dès à présent à assister à la poursuite et à l’approfondissement de la dérive réformiste de la direction de la CGT. Soyons sûrs que si certains camarades vont malheureusement se décourager, d’autres au contraire vont découvrir, comprendre et s’endurcir positivement dans ce combat de classe, s’organiser collectivement pour refuser ce chemin.

6) L’opposition à la Direction Confédérale s’est élargie et radicalisée. Elle se retrouve sur un certain nombre de points clés qui sont un point de départ pour l’avenir.
  • Le rejet du capitalisme et l’affirmation de la lutte des classes comme fondement de la société actuelle.
  • La revendication d’un syndicalisme de classe et de masse
  • Le rejet des négociations de coulisse, de couloirs et de ministère et l’affirmation que ce sont les grèves, la rue, la masse qui sont le socle de l’activité syndicale.
  • L’affirmation que l’action syndicale se mène sur des mots d’ordre et des revendications précises et unificatrices pour tous les travailleurs, qu’il s’agisse d’emploi, de salaires, de conditions de travail, de précarité ou de flexibilité, de statuts ou de conventions.
  • Le NON à la constitution européenne et le rejet de l’Europe capitaliste et libérale.
  • Le rejet de la nouvelle confédération mondiale unifiée.
  • La méfiance croissante à l’égard des directions fédérales et confédérales et la remise en cause du verrouillage bureaucratique des débats et des contradictions. Le vote sanction sur le nouveau système de cotisations en est l’illustration.
7) Pourtant, ces points d’appui ne doivent pas masquer qu’il reste du chemin à faire pour construire un véritable courant syndical de classe dans la CGT :
  • Rares sont encore les opposants qui caractérisent correctement les contradictions à l’intérieur de la CGT comme une confrontation entre un courant syndical de classe et un courant de collaboration de classe. Beaucoup de camarades sont plus conciliateurs ou désarçonnés, hésitant à se poser en opposition claire et ouverte au recentrage de la CGT.
  • Rares sont les opposants qui ont compris qu’une lutte, aussi radicale soit-elle ne permet pas de démasquer l’orientation réformiste dans la CGT et qu’il faut aller au fond de la critique de l’adaptation au capitalisme. Ainsi, B.Thibault a pu justifier le syndicalisme rassemblé à partir de la victoire contre le CPE.
  • De nombreuses positions sont présentées comme des évidences alors qu’elles mériteraient d’être remises à plat et clarifiées : la défense du service public (quel service pour quel public ?), la participation à la gestion d’une partie de l’appareil d’Etat (Sécu, caisses de retraites, mutuelles etc.) et donc à l’intégration aux règles du jeu du marché capitaliste par exemple.
  • L’unité apparente sur certaines questions (comme le NON à la Constitution Européenne) masque de véritables divergences sur le fond (patriotisme et nationalisme) ou des luttes de pouvoir internes à l’appareil bureaucratique de la Confédération. Le risque est grand de ne pas voir clairement qui sont les amis et qui sont les ennemis dans la lutte d’orientation au sein de la CGT.
  • Enfin et en résumé, beaucoup hésitent à revenir sur l’histoire même de la CGT, sans vouloir comprendre que la CGT d’aujourd’hui est directement l’enfant de la CGT de hier, et qu’il n’y a eu aucun coup d’Etat interne pour en arriver là. Le syndicalisme de classe ne doit pas avoir peur d’affronter ce passé, avec ses acquis comme ses zones d’ombre.
8) Certains camarades se découragent. D’autres escamotent le bilan en s’imaginant créer des syndicats SUD où ils vont retrouver les mêmes contradictions (ou d’autres). D’autres enfin mettent la tête dans le sable et se replient sur l’activité locale en laissant la voie grande ouverte à la direction confédérale.
Nous refusons ces perspectives. Nous refusons de participer à l’émiettement. Il faut en finir avec l’isolement, la résistance boîte par boîte ou camarade par camarade, qui rendent inactifs, impuissants et conduisent au découragement. Le combat de classe se poursuit dans le syndicat comme il se mène dans la société, avec ténacité et détermination.

L’heure est à regrouper, élargir et unifier l’opposition syndicale de classe de la CGT, éparpillée et divisée dans les fédérations et les régions et pour cela nous ne pouvons pas compter sur les prétendus opposants de l’appareil. Nous ne devons pas attendre 17 ans, comme cela a été le cas à la CFDT (1978-1995), pour nous regrouper et nous organiser. Il serait alors beaucoup trop tard.
Nous appelons tous les camarades déterminés, convaincus, à rejoindre la lutte initiée par les métallurgistes du Nord et Pas de Calais, les seuls à caractériser correctement la contradiction de classe à l’intérieur de notre Confédération et déterminés à ne pas se laisser faire.

9) Ce combat syndical va être long, difficile, et dans un premier temps, confus. Il va nécessiter compréhension, ré-examen, bilans et donc clarté politique. L’enjeu n’est pas seulement de redonner du tonus et de la combattivité à la lutte syndicale. L’enjeu est de retrouver la voie de la libération des travailleurs, la voie de la fin de l’exploitation capitaliste.
Cela a de lourdes conséquences sur la manière même de voir la lutte syndicale. Nous, militants révolutionnaires de Voie Prolétarienne, animateurs du blog « Où va la CGT ? », appelons les syndicalistes de classe les plus motivés à reprendre en main la question politique, à s’organiser avec nous, car la classe ouvrière et les travailleurs ne peuvent avancer sans leur parti, qui leur fait aujourd’hui cruellement défaut. Nous avons un bilan de l’histoire à tirer, une société véritablement socialiste à construire par le pouvoir aux travailleurs.

Camarades, rejoignez Voie Prolétarienne !

Nous écrire : Partisan, BP 48, 93802 EPINAY/Seine Cedex

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