Les appels à la lutte se multiplient.
Dans tous les syndicats, dans toutes les assemblées, dans toutes les entreprises, les travailleurs, militants ou non, s'interrogent : "Mais que font les syndicats ?".
Partout, la même idée : c'est de plus en plus insupportable, c'est le moment, l'opinion publique est avec nous après les manifestations gigantesques du 19 mars (particulièrement spectaculaires en province, encore plus que dans les grandes villes), il faut y aller.
Nous avons écho d'appels sous des formes diverses de syndicats d'entreprise (CGT Wagon Douai, CGT Michelin, CGT Hôpital de Saint-Egrève, SNRT Radio France), d'UL comme Dax ou Châlons, de grosses structures comme la FERC CGT (Education) dès avant le 19 mars, ou de l'UD 93 (Seine Saint-Denis) le 24 mars, d'assemblées comme au Havre ou ailleurs. Nous avons écho de manifestations de soutien aux travailleurs en lutte partout comme à Madrange (Haute Vienne), nous avons l'écho de la multiplications d'initiatives locales, d'appels, de sites comme celui du "19 mars"...
Et pourtant, autant la situation paraît plus "mûre" que jamais pour les militants les plus combatifs, moins on sent les syndicats déterminés à y aller. Michel Donnedu excluait tout à fait clairement une généralisation de la lutte en renvoyant les militants entreprise par entreprise.
Comme si on peut s'affronter à Sarkozy/Fillon entreprise par entreprise. Comme si il n'y avait pas une cohérence dans la multiplicité des attaques, de la santé à l'éducation, en passant par l'emploi, la justice ou la loi du marché. Comme si l'enjeu n'est pas global, national, politique.
Sarkozy l'avait annoncé lors de sa rentrée en fonction : il était l'homme du changement et rares étaient ceux qui avaient compris de quel changement il s'agissait : celui de la modernisation par la force du capitalisme français pour le rendre plus compétitif dans la guerre économique mondiale, dans tous les secteurs...
Bref. La question n'est pas de savoir ce que vont (ne pas) faire les syndicats réformistes - on est clairs là-dessus, mais de savoir ce que nous sommes capables de faire. NOUS.
Nous sentons bien les frémissements d'un changement de situation, mais nous sentons aussi qu'il manque quelque chose : les travailleurs sont encore trop en attente d'une directive venue d'en haut, de la couverture d'un appel syndical officiel.
Aussi, la tâche des syndicalistes de classe est partout la même : dans tous les syndicats, dans toutes les entreprises, dans toutes les assemblées, montrer la cohérence de l'attaque gouvernementale. Montrer qu'il est impossible, illusoire d'y répondre au cas par cas. Qu'à une attaque globale, il faut une réponse globale, collective et pas individuelle. Que le capitalisme ne se réforme pas, contrairement aux illusions semées par tous les réformistes. Que les compromis ont fait la preuve de leur échec, à l'image de Continental. Que les scandales des bonus, stock-options, parachutes ne sont que l'illustration caricaturale d'une société fondamentalement injuste, barbare et exploiteuse, et qu'un licenciement est mille fois plus scandaleux qu'un bonus. Que notre avenir d'ouvrier, de travailleur n'est pas là mais dans la fin de l'exploitation, dans la remise en cause des fondements même du capitalisme, et que cela commence, aujourd'hui, par le combat sans concession face à ses représentants patronaux ou gouvernementaux, voire syndicalistes corrompus.
Toutes méthodes et formes de lutte déjà abordées lors des Forum du syndicalisme de classe, en particulier en mai 2007, voir la résolution adoptée à cette occasion.