[Article republié le 18 novembre 2009, veille du rendu du jugement du procès AZF - nous reviendrons sur celui-ci dès qu'il sera connu, mais il faut se rafraîchir la mémoire...]
Le capitalisme, c'est la catastrophe, et AZF en est un exemple. C'est ce que nous disons depuis toujours, c'est ce que développe un autre article de ce blog, publié en 2001.
Dans cet article, nous n'aborderons que les conséquences particulières pour le syndicalisme de classe. Nous invitons les lecteurs intéressés à suivre le procès à se reporter au site que La Dépêche du Midi consacre à la question, ou au blog que la journaliste de La Dépêche alimente au jour le jour.
Car il y a une situation étrange à AZF.
L'intersyndicale, avec à sa tête la CGT - majoritaire -, a toujours défendu l'entreprise, que les règles de sécurité étaient respectées, que les causes de l'accident ne devaient pas être recherchées à l'intérieur de l'entreprise, mais à l'extérieur (attentat, séisme, SNPE etc.). Contre l'évidence accumulée au fil des ans, avant et après l'accident (et que nous rapportions déjà à l'époque - voir l'autre article de ce blog), ces syndicalistes refusent qu'on parle de "dépotoir chimique", et se sont battus pour la réouverture du site, rappelons-le au coeur de la ville...
Lors de l'annonce de la fermeture définitive, en avril 2002, ils ont protesté, pour revendiquer un projet industriel qui tienne compte de la sécurité, comme si, quelque part, le capitalisme ne portait pas en lui la catastrophe... On peut comprendre l'angoisse d'ouvriers qui risquent de perdre leur emploi, on ne peut accepter les discours productivistes, du progrès à tout prix comme le portait la CGT, et bien développé par le PCF ou la Riposte.
On a là l'évolution ultime de la collaboration de classe, qui ne voit l'avenir de l'ouvrier que lié à celui de son patron, qui en absorbe la logique, et devient sourd à toutes les questions fondamentales, évidentes pourtant pour tous les exploités...
- Est-il logique d'avoir des usines dangereuses au coeur d'une ville ?
- Et d'abord, la production de ces produits dangereux est-elle véritablement essentielle ? Car on sait aussi que les engrais azotés qui étaient fabriqués chez AZF sont utilisés dans l'agriculture intensive et source de pollution massive ?
- Face au danger potentiel d'une production supposée indispensable, quelles mesures prendre, avant tout au plan de la prévention - rappelons que les bourgeois ne savent parler que protection, la différence des mots est essentielle.
- Quel lien sommes-nous capables de faire entre la défense de l'emploi, et la nature des emplois qu'on nous propose ?
- Comment faire le lien, concrètement, des salariés et des sinistrés, comme le proclamait une banderole à l'époque ?
Pourtant, les syndicalistes de classe doivent se les poser, pour construire un projet, une stratégie et une tactique et ne pas dire n'importe quoi, ne pas se retrouver aux côtés de leurs exploiteurs par exemple. Ce qui n'est pas toujours si simple, d'ailleurs : ainsi à SANOFI Aventis, après des dizaines d'années de présence à Vitry sur seine (94) la direction découvre que la production peut-être dangereuse (ce qui est vrai !) pour justifier une fermeture...
Nous ne pouvons pas faire l'impasse sur les risques industriels capitalistes, qu'il s'agisse des risques chimiques, de l'amiante, des accidents dans les mines, de l'explosion de la raffinerie de Feyzin. Si les travailleurs ne sont responsables en aucune manière des décisions et choix du capital, ils ne peuvent en aucune manière rester silencieux ou escamoter des choix dont ils mesurent les risques pour toute la société : c'est cela aussi le syndicalisme de classe !
En 2001, nous avancions :
Fermeture définitive et totale du site chimique de Toulouse
Zéro licenciement !
Resterait à réfléchir de manière plus avancée sur l'industrie chimique et la manière dont les syndicalistes doivent travailler avec les populations pour prévenir et combattre de nouveaux accidents !
En complément, on lira avec intérêt un article trouvé sur un site de la LCR, bien documenté et argumenté sur la question : ICI.