Mardi 17 février 2009
Les sans-papiers de la CSP75 occupent une partie des locaux de la Bourse du Travail de Paris depuis plus de 290 jours maintenant, pour des raisons largement
évoquées sur ce blog, dont en particulier la volonté tenace de la direction confédérale de
garder tout le contrôle sur le mouvement des sans-papiers, dans l'optique qui est la sienne et sans souci de la motivation, la mobilisation et l'auto-organisation des sans-papiers eux-mêmes.
Le 5 février s'est tenu le Conseil d'administration de la Bourse du Travail, qui a produit le communiqué suivant (transmis par la Coordination Nationale des Sans-Papiers). Il est particulièrement
intéressant de noter le parallélisme avec le communiqué émis juste avant l'expulsion du Neuvième Collectif, en avril 2007. Les sans-papiers de la CSP75 vont-ils subir le même sort ? Nous invitons tous les camarades, tous les
syndicats, à intervenir massivement auprès de la CA pour empêcher une évacuation par la force et reprendre la proposition de la Coordination Nationale des Sans-Papiers (voir l'adresse mail
ci-dessous).
Occupation de la Bourse du travail de Paris par le CSP75
COMMUNIQUE DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE (*) DE LA BOURSE DU TRAVAIL DE PARIS réunie
en séance plénière le 5 février 2009
Depuis plus d’un an, les organisations syndicales agissent pour la régularisation des salariés sans papiers. Ces actions conduisent à des succès et à de nombreuses régularisations.
Dans ce contexte, la décision du CSP 75 d’investir par la force et d’occuper la Bourse du Travail de Paris est
incompréhensible. En effet, en choisissant, le 2 mai 2008, d’occuper l’annexe Varlin de la Bourse du Travail de Paris, ce collectif paralyse ce bâtiment qui est un outil indispensable à la
défense des salariés et à l’activité des syndicats. Ce collectif se trompe de cible car paradoxalement, patronat et gouvernement sont totalement épargnés par cette action, alors que ces salariés
précarisés sans papiers sont « utilisés » par les employeurs pour tirer tous les acquis sociaux vers le bas, casser le code du travail et les conventions collectives. Cette occupation de la
Bourse du travail de Paris est désapprouvée par les autres collectifs, les associations et les syndicats. Cette forme d’action totalement inefficace et contre productive a entraîné le CSP 75 dans
l’isolement.
Cette occupation, empêche le fonctionnement normal des syndicats parisiens : CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, UNSA, Solidaires qui ne peuvent plus accéder aux salles de réunions et aux services de ce
bâtiment.
De fait :
Depuis le 2 mai 2008, 7 salles de réunions sont neutralisées, plus de 1 800 réunions ont été annulées ; tous les jours, c’est l’équivalent de 300 salariés qui ne peuvent se réunir pour organiser leurs luttes ; de nombreux congrès ont été reportés du fait que la plus grande salle disponible à Paris pour les salariés (salle Eugène Hénaff), est inutilisable car occupée,
- Les formations syndicales ne peuvent plus se tenir,
- 2 imprimeries syndicales ne peuvent fonctionner normalement,
- Des permanences de défenses juridiques des salariés ne peuvent plus se tenir.
De plus, cette occupation pose des problèmes d’hygiène et surtout de sécurité. En effet, les bâtiments sont constitués de salles de réunions et bureaux qui ne sont absolument pas prévus pour une occupation nuit et jour avec présence de matelas, de bouteilles de gaz et de plusieurs cuisines improvisées. Plus grave, les couloirs, escaliers et issues de secours sont condamnés et occupés faisant courir un risque catastrophique à tous en interdisant l’évacuation en cas de nécessité.
Enfin, cette occupation a aussi eu pour conséquence l’arrêt immédiat et total du gros chantier « câblage » de l’immeuble avec comme résultat, la fin de missions et la mise au chômage de salariés de l’entreprise intervenante.
Malgré ce contexte, les syndicats, avec de nombreux collectifs et associations, n’ont pas ménagé leurs efforts depuis un an pour proposer aux responsables du CSP 75 de travailler ensemble les dossiers de régularisation. Force est de constater que ceux-ci n’ont eu de cesse de refuser systématiquement toutes les propositions qui ont été faites, préférant s’enfermer dans une occupation sans issue qui pénalise les salariés et leurs syndicats.
Dans ce contexte, l’outil « Bourse du Travail » doit redevenir disponible pour les salariés afin qu’ils puissent se défendre, avec leurs syndicats, contre tous les mauvais coups.
Le secrétaire Général de la CA de la Bourse du Travail de Paris
(*) la Bourse du Travail de Paris est gérée par une commission administrative composée des organisations syndicales
départementales CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, UNSA, Solidaires
Contact : M. Edgard FISSON secrétaire Général de la CA de la Bourse du Travail de Paris TEL 01 44 84 50 21
COMMISSION ADMINISTRATIVE DE LA BOURSE DU TRAVAIL
3 RUE DU CHATEAU D’EAU – 75010 PARIS
Tél : 01.44.84.50.21. – Fax : 01.44.84.50.26.
E-Mail : cabourse-du-travail@wanadoo.fr
Ce communiqué a donné lieu à une réponse de la CNSP, parfaitement claire :
"SANS PAPIERS en lutte>>>coordination nationale - 25, rue François Miron, 75004, Paris - tél : 01.44.61.09.59 – fax : 01.44.61.09.35 – e-mail : coordnatsanspap@wanadoo.fr -
Sur la présence des sans papiers de la CSP75 à la Bourse du Travail de Paris :
Lettre de la CNSP aux syndicats CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, UNSA, Solidaires et à la COMMISSION ADMINISTRATIVE DE LA BOURSE DU
TRAVAIL!
La CNSP a lu avec beaucoup d’inquiétude votre communiqué, en date du 5 février 09.
La CNSP ainsi que tous les travailleurs sans papiers, et nous en sommes certains la CSP75, sont conscients des problèmes
objectifs de fonctionnement que cause le fait que des travailleurs sans papiers se soient réfugiés dans la Maison des Travailleurs qu’est la Bourse du Travail.
Ce qui inquiète dans ce communiqué :
- c’est cette opposition qui apparaît entre « salariés sans papiers » défendus par les syndicats et les sans papiers qui
sont à la Bourse du Travail;
- c’est la présentation de cette présence de sans papiers comme ayant pour but délibéré d’empêcher l’activité syndicale;
- c’est d’opposer « les salariés de l’entreprise de câblage » et les sans papiers en les désignant comme responsables de leur « mise au chômage »;
- c’est de faire croire comme vous l’écrivez que leur présence à la Bourse du travail résulte du fait que « patronat et gouvernement sont totalement épargnés par cette action, alors que ces
salariés précarisés sans papiers sont « utilisés » par les employeurs pour tirer tous les acquis sociaux vers le bas, casser le code du travail et les conventions collectives »;
- c’est donc tomber dans le piège tendu par Sarkozy/Fillon de l’exclusion des Collectifs de sans papiers, voire des associations comme interlocuteurs des Préfectures et même la division des
syndicats sur le dossier de cette catégorie de travailleurs victimes de patrons négriers et fraudeurs du travail clandestin.
Votre communiqué du 5 février 09 est dangereux pour les sans papiers et pour l’ensemble des travailleurs avec ou sans papiers de ce pays, pour l’ensemble des Français et des immigrés de ce pays
parce qu’il ignore totalement le fait que si des sans papiers ont été contraints de chercher asile dans la Maison des Travailleurs, la bourse du Travail, c’est forcément :
- un acte de désespoir de sans papiers qui cherchent par tous les moyens à vivre dans la légalité;
- une demande de solidarité aux autres catégories de travailleurs;
- la conséquence de la chasse à l’homme et aux travailleurs étrangers du pouvoir Sarkoziste;
- le résultat de la faiblesse collective de l’ensemble du mouvement syndical, du mouvement social que les syndicats sont chargés d’organiser, y compris les sans papiers;
- la non transparence et la non lisibilité de l’action syndicale actuelle pour la régularisation des salariés sans papiers, lesquels dépendent en partie des patrons, en partie de la « chance »
d’être à plusieurs dans une boîte à lutter, de - l’arbitraire des préfectures du gouvernement, lesquels les assignent parfois à résidence par l’emploi, ce qui est totalement illégal,
ségrégationniste et contraire au Code du travail, etc.
Votre communiqué du 5 février 09 est incompréhensible, car il n’offre d’autre perspective que l’affrontement de l’ultimatum que les travailleurs sans papiers rentrent à la maison et cela après la
formidable grève générale du 29 janvier 09 qui permet d’envisager un TOUS ENSEMBLE POUR QUE LES PATRONS PAYENT LEUR CRISE.
Votre communiqué fait planer le CAUCHEMAR que les Syndicats Français se TROMPENT DE CIBLE TOUT COMME LES GREVISTES ANGLAIS QUI FONT GREVENT CONTRE L’EMBAUCJE DE SALARIES ETRANGERS.
La CNSP réitère sa proposition : Réunir tous les syndicats de la Bourse du Travail, la CSP75, toutes les associations partenaires de la lutte des sans papiers et la CNSP pour examiner un plan
d’action commune pour créer le rapport de forces nécessaires à la régularisation des sans papiers de la bourse du Travail.
C’est possible, il faut de la volonté et de l’engagement avant que vous ne soyez amenés à poser un acte grave et irresponsable que nous payerons tous tôt ou tard. Nous restons confiants dans le
sens des responsabilités du syndicalisme Français.
Fait à Paris le 15 février 09