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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 06:51
Lundi 16 février 2009
Guadeloupe, Martinique, une lutte anti-coloniale derrière la lutte contre la vie chère

Dans toutes les colonies, la grève générale contre la vie chère se développe. Mais peut-on comme ça, dire pour autant que cette lutte est "la même que la nôtre" en métropole, que ces renvendications sont les nôtres et ainsi de suite, comme on peut le voir ici ou là ?
C'est passer rapidement sous silence le caractère colonial de ces départements d'outre-mer.
Nous publions ci-dessous une analyse du mouvement en Martinique, publiée sur le site de "Asé Pleré Anou Lité", analyse bien entendu valable pour toutes les colonies (on peut également voir ICI l'analyse de l'UGTG en Guadeloupe)... Et qui dit solution politique dans les colonies, dit nécessaire reconnaissance inconditionnelle à l'autodétermination des peuples. C'est absent de tout le discours autour de la grève générale, il y a pourtant des vérités qui méritent d'être rappelées !
Rajoutons le lien vers la fameuse émission de FR3 sur les békés en Martinique, désormais disponible sur le Web : ICI. Le colonialisme dans ses oeuvres, pour celles et ceux qui en douteraient encore !

COMMENT ANALYSER LA JOURNEE DU 5 FEVRIER 2009 EN MARTINIQUE ?

Le 5 février 2009, la Martinique, après la Guadeloupe en janvier, après la Guyane en décembre 2008, est touchée par un mouvement de masse qui rencontre l’adhésion de larges couches de la population. Ce mouvement de masse a conduit des milliers et des milliers de gens dans la rue. Du jamais vu, aux dires de vieux syndicalistes, depuis février 74, il y a 35 ans.

Que se passe-t-il là ?

Les choses ressemblent étrangement à la situation en janvier-février 1974. Une cherté de la vie qui laisse les ménages à petit salaire sur le bord de la route. Des milliers de retraités, de rmistes, de CDD, d’emplois précaires, de contrats aidés qui ne peuvent joindre les deux bouts à la fin du mois et qui réclament le droit de vivre décemment.
Il faut dire que le système libéral dans lequel nous vivons fonctionne ainsi depuis des lustres. L’entreprise capitaliste n’est pas là prioritairement pour créer des emplois ou pour satisfaire les besoins de la population. Elle est là pour produire et vendre ce qu’elle a produit. Elle doit réaliser des bénéfices, maintenir ses marges commerciales. En système capitaliste, une entreprise qui ne fait pas de profit ne peut continuer son activité, dans le climat de concurrence exacerbée qui règne aujourd’hui. L’entreprise réalise ses bénéfices en rationalisant ses coûts de production. Si les coûts augmentent, l’entreprise répercute cela sur les prix de vente aux consommateurs. Il arrive un moment où la situation devient intenable et cela donne les mouvements de masse que nous connaissons (quelques repères historiques pour notre pays : février 1900, février 1935, février 74, février 2009).

Nous nous retrouvons dans une situation de crise qui n’est pas une crise économique ou financière, mais bien une crise sociale. Une sociologue du travail disait que nous avons pensé à l’économique, nous avons pensé à l’environnemental, nous n’avons pas pensé au social, c’est-à-dire à une meilleure redistribution des richesses. Les gens n’ont plus la possibilité de vivre correctement. Nous ne parlons pas de pouvoir d’achat mais bien de pouvoir de vivre. Il ne s’agit pas de satisfaire les seuls besoins alimentaires ; il n’y a pas à proprement parler de gens qui meurent de faim dans notre pays. Les grandes surfaces ne sont pas les seules visées. Il y a d’autres besoins aussi fondamentaux : le logement (y compris l’eau,  l’électricité, le téléphone), la santé, l’éducation, le transport, la culture, les loisirs, ce qu’on appelle les services de façon générale. Si ces besoins ne sont pas satisfaits, nous entrons dans une paupérisation de la société. Il ne s’agit pas de gagner plus pour acheter plus ; il s’agit de vivre décemment et de pouvoir s’épanouir dans cette société.

Que demande la population ?

La revendication unificatrice, celle qui rassemble les milliers de gens qui sont descendus dans la rue, est la baisse effective des prix et le contrôle des prix. Il nous faut sortir de cette logique libérale qui veut que la liberté des prix soit affichée comme un dogme. Obtenir une baisse des prix de la part de la grande distribution, c’est faisable et cela sera profitable pour les masses et pour les entreprises puisqu’elles auront plus de clients capables de s’approvisionner chez elles. C’est ainsi que nous sortirons de cette contradiction qui veut que l’on produit de plus en plus en grande quantité grâce aux moyens modernes, mais que les gens sont de plus en plus nombreux à ne pouvoir accéder à ces produits, faute de « pouvoir d’achat ». Nous pouvons aussi installer un organisme de contrôle des prix qui soit opérationnel dans l’immédiat. Ces revendications n’ont rien d’utopique.

Lorsque nous parlons de pouvoir de vivre, le privé n’est pas le seul responsable. L’Etat a sa part de responsabilité. Les gens ne demandent pas plus d’argent  pour se soigner ; ils demandent plus de structures de santé pour une prévention et une prise en charge efficaces de la population. Rappelons-nous le combat syndical qui se mène là-dessus et tout particulièrement l’action persévérante de l’UGTM-santé, ainsi que l’implication du collectif du Nord-Atlantique pour sauver une partie des services de l’hôpital de Trinité. Nous devons exiger de l’Etat la mise en place de structures publiques qui permettent aux masses de mieux vivre en matière de santé, d’éducation, d’équipements pour la jeunesse et pour les personnes âgées. Comment ne pas s’inquiéter des suppressions de postes dans l’enseignement, du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ? La lutte que mène la fonction publique au sein de ce mouvement de masse est décisive si nous voulons éviter une catastrophe durable et destructrice à tous les échelons de notre société.

Et c’est là que nous arrivons au rôle de l’action politique si souvent mal comprise par ceux qui ne s’y intéressent qu’occasionnellement ou qui manquent d’information sur le travail réalisé depuis un certain nombre d’années. Les syndicats, rien de plus normal, font leur travail; mais il est d’une importance fondamentale de comprendre la liaison qui doit s’établir avec les perspectives politiques présentées par les élus conscients et engagés dans la défense de leur pays, pour  que soient mises en œuvre des solutions réelles et durables.

Il n’y aura pas de réponses durables aux problèmes que nous rencontrons si nous plaçons nos luttes sur le seul plan syndical et revendicatif, en se contentant de réclamer une baisse des prix et une hausse des bas salaires, des retraites et des minima sociaux. Le système dans lequel nous vivons étant ce qu’il est, nous nous retrouverons dans deux ou trois ans face aux mêmes problèmes de « pouvoir d’achat ». Et nul doute que nous aurons encore les réponses incomplètes ou partielles, voire démagogiques que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui.

La solution juste et raisonnable est que les responsables politiques aient les moyens réels de protéger les maillons les plus fragiles de notre économie (petites entreprises individuelles, TPE) et de notre société (personnes en situation précaire). Et il est tout à fait évident que c’est à nous Martiniquais de prendre les dispositions pour qu’il en soit ainsi.Ce qui pose la question du pouvoir politique

Marie-Hélène Léotin

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Réaction d’Elie DOMOTA au soulèvement des jeunes (sur http://ugtg.org)<br /> <br /> Publié le 17 février 2009<br /> <br /> Ce mardi, sur RFO Télé (Edition spéciale du soir), puis plus tard dans la soirée (sur la station de radio RCI), le secrétaire général de l’UGTG et porte parole du LKP, Elie DOMOTA, aura été interrogé (interpellé ?) sur les incidents du début de la soirée (commune Baie-Mahault, principalement).<br /> <br /> A Baie-Mahault, ces émeutes survenaient moins de trois heures après l’intervention télévisée du maire de la commune, Harry CHALUS (NI), sur CANAL 10 : confiant, il y affirmait que "sa commune" était jusqu’à ce jour relativement calme et tranquille (en comparaison des autres villes de la conurbation formée avec Pointe-à-Pitre, les Abymes et le Gosier)...<br /> <br /> Le résumé de ces interventions faites le mardi 17 février 2009 :<br /> Partout en Guadeloupe, la jeunesse et le peuple se révoltent !<br /> <br /> Interpellé sur cette révolté de la jeunesse guadeloupéenne, le porte-parole du LKP, Elie DOMOTA, a d’abord invité les guadeloupéens à « poursuivre, renforcer et amplifier la mobilisation, dans le calme et la discipline, sans céder aux provocations des forces de répression.<br /> Car cela fait pratiquement un mois que ce conflit dure et d’aucuns ont fait comme s’il n’y avait aucun problème. Or, nous ne sommes pas un peuple à part, nous ne sommes pas des extra-terrestres. Les Guadeloupéens sont comme tous les peuples : dans tous les pays où il existe de telles conditions réunies, il y aurait eu depuis belle lurette des émeutes. Qu’on pense à ce qui s’est passé en Grèce, ou en France.<br /> Les responsabilités sont clairement établies : l’incompétence de l’Etat et des élus, l’arrogance patronale ont provoqué une cristallisation depuis quatre semaines. Il y a pourtant bien un point de départ, des causes. Il faut s’attarder sur ces causes pour y remédier."<br /> Si ils avaient respecté leurs engagements, il n’y aurait eu aucun problème ; les travailleurs auraient déjà repris leur travail depuis le 10 février. Mais visiblement, dans ce petit pays, tant que vous ne descendez pas dans la rue, si quelques ponts ne sont pas barrés, on ne vous prend pas au sérieux. Si donc les Guadeloupéens sont aujourd’hui dans la rue, c’est donc bien parce que depuis le 20 ils marchent !<br /> Cela fait penser au viel adage :» “Quand les noirs auront fin, ils reprendront le travail.” « Et c’est ainsi que les békés du MEDEF raisonnent. Mais nous leur disons ainsi qu’à l’Etat français que nous ne sommes plus dans cette logique ! Plus rien ne sera en Guadeloupe comme avant. Nous ne reculerons pas. Nous appelons au calme, mais nous ne reculerons pas ! Nous appelons encore et toujous les Guadeloupéens à renforcer les piquets, à venir sur les piquets. Mais nous disons aussi au préfet d’arrêter d’envoyer des manblos (gardes mobiles) après les militants et sur les barrages : parce que c’est de la provocation ! S’il souhaite que les choses se passent bien, qu’il demande alors à ceux de Paris de répondre aux revendications et de faire en sorte de respecter leur engagement pris avec le LKP le 8 février dernier à la préfecture. Et là, j’ai le sentiment que l’on passe un peu vite sur cet épisode : il nous ont ivité à jouer le jeu, nous ont proposé de nous enfermer dans une salle avec M. VION, M. VIAL-COLLET, M. Christophe LOUIS, M. Willy ANGELE, avec trois autres chefs d’entreprise guadeloupéens, avec M. ARCONTE (directeur délégué du travail, M. LEMAIRE (directeur régional du travail), M. GILLOT (sénateur et président du Conseil Général de Guadeloupe), avec également le secrétaire d’Etat Yves JEGO, M. DESFORGES (préfet de Guadeloupe), ainsi que les six secrétaires généraux des syndicats inter professionnels. Nous avons négocié toute la nuit et à 07H30 du matin nous sommes arrivés à un accord... »<br /> <br /> Il a aussi invité le préfet à ne pas jouer, comme au Gosier (passages à tabac des guadeloupéens mobilisés ou pas, insultes racistes "sales nègres, sales chiens", coups de pieds).<br /> <br /> Il a également dénoncé le pourrissement du conflit orchestré en priorité par le patronat et l’Etat : « que chacun prenne et assume ses responsabilités dans cette situation. Nous appelons au calme. Mais si chacun avait fait ce qu’il devait faire, depuis une, deux trois, quatre semaines de mobilisation, on n’en serait pas là aujourd’hui. Nous n’assumons aucune responsabilité dans la dégradation de la situation et la révolté de la jeunesse. Bien évidemment, nous ne sommes pas d’accord avec les dégradations ; mais cela était inéluctable dans une telle situation. »<br /> <br /> Pour conclure, il a lancé demandé aux « jeunes de ce pays de ne pas mettre leur vie en danger, et de ne pas mettre celle des autres en danger non plus. Fo ba yo travay, fo ba yo fowmasyon. »
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