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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 10:30
Samedi 31 janvier 2009
29 janvier : "CGT 9-3, prêt pour le combat !"

GreveGen.jpg Nous publions ci-dessous une correspondance d'un camarade qui, comme Dédé (et beaucoup d'autres ! ), a participé aux manifestations du 29 janvier. Au travers de sa réflexion, l'occasion de réagir, de comprendre où nous en sommes. Car le rôle des syndicalistes de classe est bien sûr de participer à la lutte, mais aussi ( et presque surtout !) de réfléchir, d'analyser, d'anticiper. De construire en résumé.
Nous invitons donc nos lecteurs à réagir, à participer, soit sous forme de commentaire, soit sous forme de mail sur le blog. Au fur et à mesure, nous intégrerons les messages à l'article, de manière à l'enrichir collectivement !
Nous nous permettons d'ajouter des illustrations (images ou musiques) pour faire vivre ce syndicalisme que nous voulons.


  Debout là d'dedans ! (Ministère des Affaires Populaires)

Retour de manif...
J'ai défilé jeudi avec mon syndicat dans le cortège de la CGT de Seine Saint-Denis. A côté de la camionette sono de tête, un petit cortège dans le gros cortège de la CGT 93, dans l'énorme cortège de la manif...
On était là avec les camarades sans-papiers (Alfa plus La Courneuve, Plus Net Montreuil), de PSA Aulnay, des UL de Paris Nord II, d'Aubervilliers et d'autres, et ça avait bien la pêche. Une sono d'enfer, avec (enfin !) des musiques à la fois moins ringardes que d'habitude, mais pas de la musique pour le fun, de la musique pour la lutte, comme Jolie Môme ou le Ministère des Affaires Populaires...
Plein de femmes, plein de jeunes. Mais très peu de ces manifestants qui étaient là pour Gaza, il y a une rupture bien visible, résultat de tout le chauvinisme franchouillard, des positions intégristes laïques sur le voile, de l'abandon du travail dans les cités et parmi les sans-emploi. On a du pain sur la planche !

Des mots d'ordre pas trop pourris, des mots d'ordre qui en tous les cas marquaient les camps, entre les bourgeois et les prolétaires, même s'ils ne traçaient pas une perspective anti-réformiste (avec donc des interprétations contradictoires  possibles...) :

"Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là, on n'en veut pas !",
          "Augmenter les salaires, pas les actionnaires !
          De l'argent il y en a, dans les caisses du patronat,
          On va le chercher,
          Ca va péter !"

"Y en a assez, assez de ces guignols
Qui détruisent les usines et ferment les écoles,
Y en a assez, assez de ces salauds
Qui virent les salariés et ferment les hôpitaux !"

          "Sarko, passe-plat à Parisot !
          Tes miettes on n'en veut pas,
          Nous on veut tout le gâteau !"

et ainsi de suite...

Et surtout, un mot d'ordre qui  m'a vraiment frappé, sorti de je ne sais pas trop où, mais repris tout au long des quatre heures de manif, avec une détermination et une colère incroyables : "CGT 9-3, prêt pour le combat !"Au delà de la référence bien vivante au "9-3" et à sa tradition de lutte, c'est un mot d'ordre assez étonnant, j'arrête pas d'y penser depuis. C'est un mot d'ordre de militant(e)s déterminé(e)s, à qui on ne la raconte pas, qui savent que ça va être dur, et qui annoncent qu'ils sont prêts, pourvu qu'on leur donne l'occasion. C'est une déclaration de guerre assumée, où on sait qu'on prend des risques, mais qu'on n'a pas le choix.
La question que je me pose, c'est de savoir si cette ambiance, dans ce cortège autour d'une camionette sono de lutte, est-ce que cette ambiance reflète  l'état général de notre classe, des prolétaires ? Et là, c'est plus compliqué. Par exemple, quand je suis remonté, en fin de manif, j'ai trouvé que la fin du cortège de la même CGT 93 (mais plus loin de la sono) était carrément traîne-savate...
J'ai l'impression qu'il y a une frange de militants très combatifs, prêts à la lutte,  mais une petite frange, pas forcément le reflet des masses. D'où la situation incertaine en ce moment. On voit bien que les directions syndicales ne font rien pour aller vers un mouvement d'ensemble, d'ailleurs, si on réfléchit bien, pour le 29 janvier, il n'y avait aucun mot d'ordre précis, que des intentions floues, qui permettent à tout le monde de continuer comme avant. Les directions syndicales s'appuient sur la résignation des masses, sur la peur, avancent quelques soupapes pour gérer la colère des secteurs combatifs et faire pression lors des négociations... Rien d'autre.

Nous, les syndicalistes de classe, combatifs, nous avons un noyau de militants déterminés "prêts pour le combat", mais pas les moyens d'avancer car nous n'avons pas d'instrument, de moyens pour regrouper, pour aller de l'avant. C'était déjà le cas lors du CPE, c'est encore visible là. S'il y a un petit truc d'organisation (comme cette sono dans cortège du 93), alors, il y a moyen de regrouper, de structurer. Sinon, on est éparpillés, isolés, perdus...
Voilà, d'où les enjeux (selon moi) à reconstruire une opposition syndicale de classe. J'aimerai bien avoir les avis d'autres camarades ?

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commentaires

P
Faut tout faire péter !
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