Jeudi 27 mai 2010
27 mai 1968 : rejet des accords de Grenelle
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Mai 68, toujours d'actualité, même si cette année c'est resté bien silencieux... Qui n'en finit pas de faire rêver, réfléchir, de faire le bilan.
De Serge July à Daniel Cohn Bendit en passant par Bernard Henri Levy, Gluksman et bien d'autres, ils sont nombreux tou(te)s celles et ceux qui ont renié leur idéal, par réalisme ou trahison pure et simple.
Nous n'avons rien renié, nous sommes les héritiers de cette période de bouleversements majeurs qui a marqué notre histoire.
Aujourd'hui, 27 mai, nouvelle "journée d'action" bidon sur les retraites, nous fêtons jour pour jour le 42ème anniversaire du rejet massif des accords de Grenelle négociés par les réformistes de l'époque (Séguy en tête) pour en finir avec la grève générale et le mouvement populaire.
Nous fêtons à la fois cette révolte profonde contre le capitalisme sous tous ses aspects, et la première rupture majeure qu'elle fut d'avec le réformisme officiel.
27 mai, 42 ans d'intervalle, symbole prémonitoire ? Pour celles et ceux qui veulent apprécier le discours des réformistes, n'hésitez pas à aller voir sur le site de l'INA (en cliquant sur l'image ci-contre) la mine gourmande et satisfaite de George Seguy, au sortir de la négociation, même s'il n'ose pas le dire cash. Juste pour info : tous les votes dans les usines se sont prononcés CONTRE le résultat de ces discussions, CONTRE les tentatives des syndicats réformistes de l'époque de faire reprendre le travail (voir l'article en lien ci-dessus)...
Comme quoi, la CGT responsable et gestionnaire ça ne date pas d'aujourd'hui, ni même de 1995 comme le pensent
certains mais de bien plus
longtemps...
Pour célébrer cette date, nous livrons une chanson récente de Dominique Grange, la chanteuse emblématique des maos de 1968, intitulée "N'effaçons pas nos traces", accompagnée de son commentaire sur Mai 68.
Dominique Grange :
"Dans les mois qui suivirent, nous avons de façons diverses poursuivi notre rêve d’égalité et de justice avec
acharnement. Nous avons donné de nous sans compter, cherchant inlassablement à transformer une réalité insupportable qui nous révoltait. Mais il ne faut pas croire !
Nous sommes encore nombreux à nous rappeler que ces quelques semaines de mai-juin 68 ont changé le sens de nos existences et qu’à partir de là, rien n’a plus jamais été comme avant. Aussi,
gardons-nous bien de culpabiliser.
Et encore moins de laisser des imposteurs nous traîner dans la boue et faire comme si ce raz-de-marée social sans précédent n’avait pas représenté pour les travailleurs en lutte un véritable
espoir de changer cette société. L’héritage de Mai 68 nous appartient en propre et nul ne peut s’arroger le droit de nous empêcher de le transmettre tel qu’il est resté gravé dans nos mémoires –
beau, généreux et joyeux – à ceux qui souffleront sur ses braises lorsque nous aurons disparu.
Soixante-huitard nous avons été et c’est notre fierté de le revendiquer encore et toujours, bien haut et bien fort, même si ça ne plaît pas à tout le monde… Tout comme les révolutionnaires de
1848 revendiquaient d’avoir été des Quarante-huitards, puis ceux de la Commune des Communards ! C’est notre fierté, en effet, de nous être révoltés contre les profits capitalistes, contre la
misère et l’exploitation des prolétaires, contre le racisme et les conditions de vie indignes faites aux immigrés, contre le sexisme sous toutes ses formes, contre toutes les discriminations et
les atteintes aux libertés individuelles, contre la répression et les exactions policières, contre l’impérialisme, enfin, encore et toujours. C’est notre fierté d’avoir cherché à libérer, jamais
à enchaîner. D’avoir toujours voulu donner la parole, jamais la bâillonner. D’avoir inlassablement dénoncé, jamais occulté. D’avoir espéré assembler, jamais diviser.
Alors surtout, ne rougissons pas de nous être appelés fraternellement « camarade » ! D’avoir été de toutes les luttes, de toutes les batailles, même de celles qui étaient perdues d’avance,
puisqu’il faut bien connaître que le rapport de forces nous fut rarement favorable. Ne nous excusons pas d’avoir été des combattants sincères, d’avoir conservé intactes, jusqu’à aujourd’hui, nos
capacités de révolte et d’indignation, tandis que certains reniaient leurs engagements passés, ridiculisant l’élan révolutionnaire de toute une génération, dans l’espoir de l’enterrer une fois
pour toutes."