Mardi 6 janvier 2009
Un lecteur fidèle nous signale que le site Rue 89 vient de publier un excellent article sur l'extension du chômage partiel, dont le décret d'application a été publié au 3 janvier.
Excellent car il montre à partir de données économiques et statistiques en quoi cette mesure répond aux besoins précis du capitalisme en cette période, en reportant sur la classe ouvrière le prix de la crise du capital. La carte ci-contre montre fin novembre (et cela s'est considérablement aggravé depuis) l'ampleur du phénomène...
On connaissait déjà tous les moyens utilisés par les patrons pour développer le chômage partiel sans trop faire de vagues : utilisation des RTT, prises de congés, y compris par anticipation, utilisation de compteurs temps, y compris négatifs, chômage partiel modulable par équipes successives (c'est le cas à Goodyear) pour remplacer les intérimaires renvoyés... Le nouveau décret permet désormais d'élargir le chômage partiel jusqu'à plus de la moitié d'une année (1000 heures, pour 1609 heures totales selon le Code du Travail...).
Cet article bien documenté mérite commentaire. En effet, en facilitant la flexibilité du chômage partiel pour éviter les licenciements, le gouvernement rentre tout à fait dans la logique de la Sécurité Sociale Professionnelle chère à la CGT, dont on attend toujours la réaction. En effet, comme le demande la CGT, le contrat de travail n'est pas rompu. Le salaire est maintenu à 60% du brut, un peu plus en net compte tenu des allocations de l'Etat. Alors, "c'est mieux que rien", point de vue de nos dirigeants ?
Du point de vue du capital, la main d'oeuvre reste disponible à volonté, prête à multiplier les heures supplémentaires gratuites quand le besoin s'en fera sentir... Finalement quelle pourrait être la critique de la CGT si imprégnée de logique gestionnaire ? Pourquoi ne pas reprendre le mot d'ordre des secteurs les plus combatifs de l'automobile : "indemnisation à 100% du chômage partiel, payé par l'employeur" ???
Marx parlait de paupérisation relative, c'est à dire de baisse du coût de la force de travail relativement aux hausses de productivité, alors même que le salaire pouvait augmenter. Nous sommes revenus dans une période de paupérisation absolue, où le montant du salaire diminue, et de manière violente, pour des dizaines de milliers d'ouvriers de l'industrie. Tout cela sous couvert de beaux discours et de volonté de limiter les licenciements...
Le début de l'article de "Rue89" :
Nicolas Sarkozy l'avait promis, le gouvernement l'a fait : imposer l'activité partielle dans l'industrie. En clair, doubler les possibilités de recours au chômage partiel, de 600 à 800 heures par an. Voire 1 000 heures dans le textile, l'habillement et l'automobile. Qui paiera l'addition ? Les ouvriers et les contribuables.
Le décret a été publié en catimini (samedi 3 janvier) au Journal officiel. Signé par les ministres compétents Christine Lagarde (économie), Eric Woerth (budget) et Laurent Waucquiez (emploi), il institue de nouveaux seuils pour le recours au chômage partiel.
Article 1:
"A compter du 1er janvier 2009, le contingent annuel d'heures indemnisables au titre de l'allocation spécifique de chômage partiel prévu à l'article R. 5122-6 du code du travail est fixé à 800 heures pour l'ensemble des branches professionnelles.
Toutefois, ce contingent annuel est fixé à 1 000 heures pour les industries du textile, de l'habillement et du cuir, pour l'industrie automobile et ses sous-traitants, qui réalisent avec elle au minimum 50% de leur chiffre d'affaires ainsi que pour le commerce de véhicules automobiles."
Or, depuis 2003, le seuil maximal fixé par la loi était de 600 heures par salarié et par an. L'augmentation est donc de 25% pour tout le monde et de 66% pour les secteurs industriels visés. Pourquoi ?
Nicolas Sarkozy préfère "l'activité partielle au chômage total"
L'argument politique fut énoncé le 25 novembre dernier lors d'un déplacement du président de la République à Valenciennes, puis répété lors de l'annonce du plan de relance à Douai, début décembre. (Lire la suite sur Rue89)