à la Bourse du Travail de Lille
Jean-Pierre DELANNOY, responsable régional de l'USTM Nord-Pas de Calais a commencé par une intervention où il dénonçait la façon dont se passait le 48e congrès, à quelques centaines de mètre de là, particulièrement la sélection des interventions.
Il a ironisé sur les cris de victoire des dirigeants confédéraux qui ont sablé le champagne le soir du retrait du CPE. La victoire est d’abord celle des étudiants et lycéen qui ont imposé aux confédérations l’unité dans l’opposition au CPE. Cette victoire est l’arbre qui cache la forêt des défaites de ces dernières années, due à la stratégie du syndicalisme rassemblé.
Le camarade a dénoncé la remise en cause de l’identité de la CGT. La sécurité sociale professionnelle, tombée d’on ne sait d’où, est une machine de guerre pour enterrer toutes les revendications de classe que portait la CGT : retraite à 55 ans, embauche des jeunes et des précaires, minima à 1590€, arrêt des licenciements. Des revendications qui ont, elles, été construites et sont partagées par les syndiqués de base. Au fil des prises de position se creuse l’écart entre les dirigeants et les syndicats CGT. Mais le vrai problème est l’attitude par rapport au capitalisme : « Le défi de la mondialisation, cher aux gouvernements des différents pays de la planète, n’est autre que le capitalisme qui exploite les salariés de la planète ».
Nasser, au nom des étudiants et lycéens, a remercié les camarades de l’USTM pour leur participation à toutes les initiatives appelées par eux et pas seulement lors des journées d’action. C’est cela qui a fait reculer le gouvernement Villepin et la lutte contre la précarité doit se poursuivre. Elle aurait pu continuer contre le CNE et la loi Egalité des chances grâce à la brèche qu’on avait ouverte. Ce n’est pas le choix qu’ont fait les organisations. Pourtant « …la seule façon de gagner, c’est Tous ensemble avec les armes de notre classe : les grèves les manifestations les blocages. Nous laissons aux autres les diagnostics partagés et les négociation à froid ».
Nasser a conclu en appelant à la solidarité avec les inculpés de la lutte anti-CPE.
Puis ce fut au tour de Serge Piéplat d’intervenir. Délégué au 48e congrès par l’USTM, il avait préparé une intervention, avait déposé sa demande lundi avant même le rapport d’ouverture de Thibault mais n’a pas été « choisi ». Il nous l’a livré telle qu’il aurait voulu la faire. Pour le camarade, il faut refuser de partager la misère. Face aux attaques des capitalistes ce que nous avons besoin, c’est de construire une unité de combat et pas de l’acceptation partielle des attaques. Les revendications de la CGT sont diluées par la direction. La stratégie d’unité au sommet avec des revendications construites au sommet conduit à l’échec comme en 2001, 2003, 2004. Aujourd’hui la NVO va même jusqu’à revendiquer un contrat individuel « pour promouvoir une mobilité choisie qui correspond aux besoins de l’économie notre pays ». L’USTM Nord-Pas-de-Calais est opposée à cette voie de collaboration de classe. Et il a conclu : « Le changement dans la CGT s’impose ! ».
Robert Pelletier, un ancien responsable de la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie (voir ici sur notre blog) a repris plusieurs points du rapport d’activité et rappelé les dernières casseroles que traine la direction confédérale. Le rejet par les salariés EDF-GDF de la réforme de leur régime de retraite défendu par Dennis Cohen, le secrétaire de la fédération de l’énergie CGT. L’échec cuisant du syndicalisme rassemblé en 2003 lors de la lutte contre la loi Fillon. Pas un mot d’ailleurs, dans le rapport d’activité sur la grève de plusieurs mois de l’Education Nationale. Quant aux accusations d’absence de démocratie dans la CGT sur le référendum de l’an dernier, jamais, au contraire, il y a eu un débat d’une telle ampleur.
Bien que le congrès soit verrouillé dans sa composition, le niveau d’opposition monte. Il a conclut en soulignant le caractère historique de la réunion que nous étions en train de faire et en appelant à la construction d’un syndicalisme de lutte de classe, bref une démarche qui tourne le dos à celle de Thibault qui se rend chez le ministre le jour même où le GIGN intervient contre les travailleurs corses sur le ferry.
Enfin, dans notre lutte contre la précarité, il a rappelé que celle contre le CESEDA, contre l’immigration kleenex, est essentielle.
Isabelle Banny, la secrétaire de l’Union Locale de Longwy a ensuite donné des informations sur la lutte autour de Kamel Belkadi, condamné comme responsable de l’incendie de l’usine Daewoo alors qu’il est notoire que c’est la direction elle-même qui a fait mettre le feu à son usine. L’UL, dans son combat contre la fermeture et contre les attaques judiciaires a reçu le soutien de beaucoup de structures mais jamais de toute la CGT, ce qui aurait changé la donne.
Enfin Jean-Pierre Delanoy a conclut le meeting en appelant à signer et faire signer une motion qui appelle à la convergence des luttes pour construire les bases d’une véritable grève générale. Il a salué le combat des anciens et que les acquis dont on bénéficie se méritent par la lutte et qu’à notre tour nous devrons transmettre cet héritage aux jeunes
Nous avons fini en chantant l’internationale, tous, à 250 dans la cour de la Bourse du Travail, le poing levé. Et ce n’était pas un rituel mais un chant d’espoir. Avec la réunion du 25 mars à Paris, ce meeting à Lille constitue un deuxième point d’ancrage pour construire des forces s’opposant à la collaboration de classe de la direction confédérale.
Nous avons fini autour du barbecue. Les groupes de discussions sur les sujets qu’on venait d’aborder se faisant et se défaisant. Bref, personne n’avait envie de se quitter. Rendez-vous est pris pour se voir avant l’été pour faire le bilan du congrès et voir ce qu’il est possible de construire.