Mise à jour 29 octobre 12h30 :
L'UD et la Confédération déboutés sur toute la ligne, et condamnés à payer à l'Union Locale 500 € au titre de l'article 700 du Code du Travail. Une victoire éclatante pour nos camarades de l'UL
de Douai !]
L'article de "La Voix du Nord" qui relate le procès, ICI.
A l'approche du Congrès de l'Union locale prévu les 30 et 31 octobre (la semaine à venir), le conflit s'est durci entre l'Union Locale et les responsables confédéraux et départementaux. Durci au
point que l'on peut parler d'antagonisme et que l'on voit mal la situation s'arranger !
Malheureusement et comme d'habitude pourrait-on dire, le conflit ne se mène pas sur le fond, les réformistes ne veulent pas de ce débat.
Il se mène d'abord sur les candidatures pour les prud'homales, où deux listes ont été déposées à Douai, l'une par l'Union locale, l'autre par l'UD s'appuyant sur une résolution fort à propos du CCN des 27 et 28 mai dernier. Bien entendu, le fond de l'affrontement était d'une part la nature des candidatures déposées et d'autre part de savoir qui avait sur le secteur, la légitimité de déposer la liste. Le CCN précisait sur le ton d'évidence faussement naïf et faussement démocratique que l'on connaît bien : "charge pour elles [les UD] d'organiser les consultations nécessaires". Gag !
Il se mène ensuite sur la tenue même du Congrès de l'Union Locale et de la référence des cotisants. L'UL revendique 120 bases enregistrées, et les adhérents en conséquence. L'UD conteste ce chiffre, COGETISE à l'appui, pour affirmer que l'UL ne regroupe que 65 bases. Ce qui induit deux remarques :
- d'une part que lors de la mise en place de COGETISE, il avait été juré, croix de bois, croix de fer que le système ne servirait pas à régler les comptes avec les oppositionnels. On voit ce qu'il en est aujourd'hui.
- d'autre part, chacun sait que COGETISE ne marche toujours pas correctement, les UL en particulier sont toujours absolument incapables de savoir combien il y a effectivement de bases sur leur secteur, et combien d'adhérents rattachés par ce biais !
Aujourd'hui, l'UL de Douai est assignée devant le tribunal le 28 octobre à 11h30 au Tribunal de Grande Instance de Lille pour suspendre la tenue du Congrès, désigner un expert pour gérer l'UL et faire le point sur les comptes et les adhérents. Assignation commune de l'UD, de la Confédération (qui a par ailleurs jugé utile de prendre position nationalement sur l'affaire, c'est dire l'importance symbolique du conflit), par le biais de JC Le Duigou dont on sait tout le bien que l'on en pense sur ce blog, et 16 syndicats locaux, essentiellement de la fonction publique, dont certains particulièrement engagés dans la collaboration de classe avec leur direction. Les sceptiques et les curieux trouveront ICI la reproduction de l'assignation pour se faire leur avis.
Cette attaque sans précédent, en forme de rouleau compresseur ne suscite chez nous que dégoût et détermination. Nous savons bien qu'ils sont prêts à tout pour éliminer les opposants qui les dérangent. C'est ainsi qu'ils ont procédé avec nos camarades de Dalkia, qui en sont aujourd'hui à plus de 30 procès avec en face d'eux, conjointement la direction de Dalkia et la CGT confédérale. Nous aussi avons eu des camarades exclus de la CGT un jour, et licenciés de l'entreprise le lendemain...
Au delà des différences d'appréciation et des désaccords, nous nous retrouvons du même côté que les camarades de Douai, et nous appelons tous les camarades de la Région Nord Pas de Calais à les soutenir par leur présence, et tous les syndicalistes de classe à les soutenir en diffusant l'information le plus largement possible pour dénoncer, une fois de plus, la normalisation dans la Confédération...
Sans rentrer dans la situation de l'UL de Douai, que nous défendons par principe, parce que nous sommes dans le même camp face au capital, au gouvernement et aux réformistes, nous voulons préciser quelques éléments sur les questions administratives, et donc la question des cotisations.
Depuis toujours, les questions financières et des cotisations sont le levier préféré des réformistes pour éliminer les opposants, tout en esquivant facilement le débat de fond. Pourquoi ? Parce que la CGT est finalement bien moins centralisée et disciplinée qu'on veut bien le prétendre, et par exemple bien moins que la CFDT, et oui... Depuis un bon moment, chaque structure a pris l'habitude de gérer ses petites affaires à sa manière, de payer ses cotisations à qui elle veut (Fédé, UD, UL, US...) selon les affinités, voire à ne payer qu'une partie des cotisations et à garder le reste. Désolé, c'est la vérité et il ne sert à rien de le cacher. Cela a permis de créer de petits fiefs qui tournent sur eux-mêmes sans rendre de compte à personne, et l'aristocratie comme la bureaucratie ouvrière ont bien su utiliser cette indépendance pour fricoter avec les patrons quand cela les arrangeait.
Du côté des opposants, des syndicalistes de classe, on voyait parfois (et on voit toujours...) des discours ronflants sur "on ne financera pas les bureaucrates" pour refuser de payer tout ou partie des cotisations. C'est une attitude de fanfaron, qui roule les mécaniques pour s'affirmer face à l'ennemi, mais nous sommes désolés de dire que c'est une attitude un peu infantile, inutile et dangereuse, précisément parce qu'elle donne les armes rêvées à nos ennemis.
Et dans l'opposition à la mise en place de COGETISE lors du 48ème Congrès, il y avait à la fois des arguments justes (la centralisation de la syndicalisation, et le passage par dessus les syndicats, comme avec le mensuel "Ensemble"), mais aussi des arguments faux pour défendre des petites situations locales pas trop claires...
Nous sommes des syndicalistes, mais nous sommes des militants politiques. Notre but est de développer le syndicalisme de classe, dans la CGT, malgré tous les doutes, malgré toutes les critiques, malgré toutes les difficultés. S'il vient un jour où nous jugeons que ce n'est plus possible, nous verrons à ce moment là. Pour l'instant, nous ne voulons pas quitter la CGT, de nous-mêmes du moins, et nous voulons mener la bataille en son sein, pour une orientation syndicale de lutte de classe. Nous sommes donc des militants syndicaux à part entière, dans une Confédération dont nous critiquons vertement l'orientation, mais dont nous respectons les décisions et les règles de fonctionnement. Nous payons nos cotisations, nous participons aux diverses structures, aux débats statutaires etc.
Oh, nous sommes sans aucune illusion ! Le jour viendra peut-être où l'on s'attaquera aux militants de ce blog et dans ce cas, nous subirons comme les autres les attaques réformistes, quels que soient les arguments. Et si nous sommes à jour de nos cotisations, on trouvera un autre prétexte...
Mais nous ne devons pas d'emblée des armes à l'ennemi ! Donc camarades, pour mener la lutte à l'intérieur de la CGT, soyez sur vos gardes, soyez parfaitement "clean" avant de sortir les couteaux !
Ensuite sur la nature de la lutte interne. Sur ce blog nous considérons que le courant syndical de classe est extrêmement faible, divisé, confus sur de multiples questions, à tel point qu'il ne réussit même pas à se structurer durablement, et réduit ses ambitions à vraiment peu de choses. Nous le regrettons, mais c'est la réalité.
L'heure ne peut donc pas être à l'affrontement ouvert camp contre camp face aux réformistes. Nous serons perdants d'avance. Quand on est faible, l'heure est à la guérilla, aux combats partiels, à regrouper et structurer les forces, à mesurer le degré d'antagonisme que nous pouvons assurer, avec les syndiqués qui nous font confiance. Nous ne sommes pas des héros solitaires qui vont mourir sur le champ de bataille, le drapeau au vent ! Nous sommes des résistants, des guérilleros, nous accumulons des forces pour remporter les batailles du futur. Nous le disons, il faut oser "sortir du bois", mener les batailles, mais en étant extrêmement attentifs à la tactique, au rapport de forces, aux camarades qui nous soutiennent.
En ce sens, nous ne sommes pas du tout certain que de choisir de présenter des listes prud'homales contre les listes officielles soit une très bonne idée en l'état actuel des choses, d'une part parce que le contenu de la bataille n'est pas très lisible (bataille de structure ???), d'autre part parce que nous savons tous très bien qu'en ce moment, dans la Conf', ça normalise quand même pas mal !
Enfin, cela ne nous empêche pas de savoir dans quel camp nous sommes !
Non à la normalisation confédérale de l'Union Locale CGT de Douai !
Tous au tribunal Mardi à 11h30 !
Et multiplions les messages de soutien !
Nous avons déjà traité des conflits d'orientation dans cette UL, entre le courant combatif et radical actuellement dominant en son sein et les tentatives réformistes de reprendre le contrôle d'une structure décidément trop remuante et radicale. Conflits qu'il faut resituer dans le contexte régional avec en parallèle le Congrès conflictuel de l'UD du Pas de Calais, ou une métallurgie régionale CGT qui n'hésite pas à s'affronter au courant réformiste confédéral, par exemple lors du 48ème Congrès en 2006.
En ce sens, à l'aube de la préparation du 49ème Congrès, le conflit de l'UL de Douai est parfaitement symbolique de l'affrontement de deux courants irréconciliables dans la CGT, le courant dirigeant de collaboration de classe, d'accompagnement (même conflictuel !) des réformes, le courant des Grenelles et des négociations de couloir et le courant de lutte de classe, le courant que l'on a vu à Goodyear ou au Mondial de l'Automobile, au delà des limites d'un mouvement qui a du mal à se structurer.