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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 15:13
Mercredi 17 septembre 2008
Manifestation Goodyear : de cette société là, on n'en veut pas !

La manifestation à Amiens a réuni plusieurs centaines de personnes (pas loin d'un millier) en soutien aux camarades de Goodyear. Dans l'attente d'un compte rendu plus détaillé à venir dans les jours prochains, on trouvera ICI, sur le site de Bellaciao, le discours des camarades de la CGT Goodyear. Discours de lutte de classe, discours combatif, en rupture avec le consensus mou ambiant. Mais où est Thibault ?, était la formule la plus entendue dans l'assistance... Un bémol : ce discours appelle à une grève générale le 7 octobre, journée mondiale de l'indécence, et nous ne partageons pas cette proposition qui, une fois de plus, sous couvert de lutte, valide l'orientation confédérale et  la collaboration de classe. Nous y reviendrons.

Dans l'immédiat, nous publions le tract diffusé par les animateurs de ce blog dans la manifestation. On notera qu'il s'agit d'un tract qui sort de la lutte immédiate, de la lutte syndicale en tant que telle pour poser, à partir de la lutte des Goodyear et des enjeux du travail posté (expliqué plus en détail sur
un autre article de ce blog), les enjeux de société qui se cachent derrière une lutte d'entreprise. On est bien deux mondes face à face, deux projets, deux camps, deux conceptions de la vie et de l'humanité.
Les camarades de Goodyear à la pointe de la lutte des classes
Nous ne serons pas la chair à canon de la guerre économique
De cette société là, on n’en veut pas !

C’est pas une vie la vie qu’on vit !

Le travail posté, lever à 4h30, ou coucher à 7h00 le matin, et pas de vie quand on est de l’après-midi. Le travail la nuit, le ou la compagne que l’on croise, avec qui on discute par petits papiers sur la table de la cuisine, le travail à la machine, la fatigue, le dos cassé, la poussière et la chaleur, et les enfants dans tout çà ?
C’est dur en 5x8, et ils voudraient nous refaire revenir en 4x8, pour leurs raisons à eux, des raisons de  profit, de compétitivité, de productivité, de guerre économique mondiale ? Mais cette guerre là n’est pas la nôtre, et nous ne voulons pas en être la chair à canon !

C’est la guerre de classe

La première bataille a été gagnée, ici même, avec le rejet massif du retour aux 4x8. C’est un point d’appui, le socle sur lequel l’unité de classe s’est construite, l’intérêt ouvrier contre l’intérêt du capital. C’est une fondation solide pour passer à la deuxième phase, la lutte pour l’emploi, et c’est dans le même sens qu’on continue. La logique du marché, des restructurations ? Ce n’est pas la nôtre. Un contre-plan industriel, un capitalisme à visage humain, une exploitation « décente », un patron « raisonnable » ? On n’en croit pas un mot.

C’est la guerre, c’est la guerre de classe. Restructurations contre grève, mises à pied contre  mobilisation, licenciements contre occupation, et c’est pour cela que cette  manifestation d’aujourd’hui prend un tour symbolique.

Des camarades sont venus de partout, et pas seulement du caoutchouc, parce que ce combat est celui de chacun d’entre nous, que la résistance des camarades de Goodyear est exemplaire et doit être suivie partout. Une résistance contre les compromissions foireuses, contre la cogestion et la collaboration de classe, contre la logique du capital

De cette société là, on n’en veut pas !

Derrière le combat des Goodyear, c’est tout ce monde que nous refusons. L’exploitation, l’oppression et la dictature de la fausse démocratie, les règles du jeu de cette société pourrie jusqu’à la moelle.

Ce n’est pas un hasard si ce sont des ouvriers, au centre de la production industrielle, qui pointent le doigt sur les fondements du capital. Ils sont là, au cœur, là où se crée l’exploitation.
Et par leur combat, ils montrent une autre possibilité. Une société solidaire, une société collective construite sur la satisfaction des besoins des plus exploités, sur des conditions de vie et de travail qui respectent ce qu’on peut appeler l’humanité de l’Homme, c'est-à-dire sa santé, son intégrité physique et mentale, ses capacités intellectuelles, sa culture et ses relations sociales, familiales ou citoyennes. Cela, le capital ne peut définitivement pas y répondre, car ce n’est pas dans sa logique, ce n’est pas son but.

L’ouvrier n’est pas une « ressource humaine », à côté des machines et des matières premières.
L’ouvrier est un producteur, au cœur de la société, et c’est lui qui a le moins de chaînes à perdre dans cette société.

Résister, même avec vaillance, ne suffit pas

C’est le point de départ, évidemment, sans résistance pas de projet, pas de changement. Mais nous en avons assez de ce combat éternellement recommencé, de ces batailles successives, d’ailleurs plus souvent perdues que gagnées, dans l’attente illusoire de la bonne volonté de nos exploiteurs.

Eux, en face, ils sont organisés, ils savent ce qu’ils veulent, le rouleau compresseur Sarkozy/Fillon, la restructuration de l’impérialisme français. Nous, nous sommes divisés, plein de confusions dans nos objectifs, car nous avons perdu l’habitude d’imaginer un futur vraiment différent, un idéal révolutionnaire. Nous n’avons pas de quartier général pour notre classe, de parti ouvrier, de parti pour cet idéal et cette autre société à laquelle nous aspirons tous.

Aujourd’hui, Besancenot est là pour soutenir la lutte. C’est une bonne chose, ce combat exemplaire mérite de l’être, il vaut mille fois plus que toutes les rentrées syndicales bidon qu’on nous propose en ce moment, ou que la journée mondiale de l’indécence.

Le facteur nous proposera aussi son Nouveau Parti Anti-Capitaliste, la seule initiative politique un peu intéressante de ces derniers mois. La question que nous posons, c’est pourquoi ce parti ne parle pas de la place des ouvriers, des bouleversements de la production, de la transformation révolutionnaire de toute la société ? Car, s’il s’agit de relooker la gauche réformiste sous un vernis plus radical, c’est sans espoir et sans grand intérêt ! Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas seulement d’un parti pour les luttes, d’un parti pour les élections, d’un parti du « Tous ensemble », mais surtout, d’un vrai parti communiste, révolutionnaire, en qui nous pourrions avoir réellement confiance pour arracher les dernières racines du capitalisme.

Il y a encore du chemin à faire, nous sommes là avec les camarades de Goodyear et tous les autres, pour avancer ensemble !

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commentaires

T
J'approuve ce texte.<br /> J. Tourtaux
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