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14 mars 2006 2 14 /03 /mars /2006 16:44

La fédération CGT de la Chimie critique le document d'orientation

Quelques jours avant son assemblée générale des syndicats de la Chimie (le 16 mars), la Fédération de la Chimie publie un long texte (23 pages) daté du 7 mars analysant point par point le document d’orientation proposé au Congrès.

Ce texte soulève un lot de questions importantes dont nous relevons ici certaines pour les commenter : 
« I-54 : N'est-il pas nécessaire d'affirmer ici, combattre l'exploitation capitaliste, les politiques ultra-libérales et de transformer la société plutôt que de "relever les défis de la mondialisation" ? »
Absolument exact, les formules utilisées par le document confédéral ne sont pas neutres. Nous avions noté les lacunes de termes essentiels (profits, licenciements, travailleurs etc., voir notre critique), il est tout aussi important de relever le flou des formules avancées par la Direction Confédéral. « Les défis de la mondialisation », tout le monde, jusqu’à Sarkozy et bien d’autres pourraient utiliser la formule !
 
« I-55 : Les aspirations individuelles sont-elles les seules à devoir être satisfaites ?
Les aspirations collectives n'étant pas la simple somme des aspirations individuelles, quelle politique revendicative est la mieux à même d'éviter le clientélisme ou le syndicalisme de service ? Ne faut-il pas réaffirmer ici les principes du syndicalisme de classe ? »
Là encore, tout à fait d’accord. Nous ne l’avions pas relevé, et le texte de la Chimie le pointe à juste titre. Le projet syndical, comme le projet politique d’ailleurs, est un projet collectif et non individuel. Sous la pression de la concurrence et de la guerre économique, tous les bourgeois et patrons cherchent à individualiser le rapport d’exploitation, au travers des horaires, des salaires, de la flexibilité et de la précarité. Il est de la responsabilité des organisations de classe d’affirmer, en contrepoint le projet collectif de défense des travailleurs et de transformation de la société.
 
« I-87 : L'unité doit-elle être, comme proposée ici, une fin en soi, un objectif ou au contraire, doit-elle être un moyen pour créer le rapport de forces ? »
Il s’agit là bien sûr de l’unité syndicale, et pour ne pas la citer de l’unité avec la CFDT. La Fédération de la Chimie transcrit ici l’inquiétude largement répandue dans l’organisation face à la tendance à se mettre au cul de la CFDT, de rabaisser nos revendications et le rapport de force à ce qui est acceptable par ce syndicat dont le réformisme n’est plus à démontrer. Avec cette démarche, il est sûr et certain qu’on va renforcer le réformisme et non le syndicalisme de classe.
 
« I-94 : Il s'agit ici de la place de la CGT dans la CES. A-t-on fait avancer notre syndicalisme en lien avec cette organisation ? Doit-on y rester et pour quoi faire ? Quel rapport de forces peut-on y avoir ? Peut-on garder ainsi notre identité ?
I-104 : Ce point traite de la place de la CGT dans une organisation internationale.
La CISL et la CMT ont notoirement eu un rôle anti CGT pendant des décennies : qu'est-ce qui a changé : la CISL ? La CGT ? et pourquoi ne pas associer la FSM (Fédération Syndicale Mondiale) ? »
Là encore, la Fédération de la Chimie soulève l’inquiétude largement répandue dans nos rangs face à la réalité de la CES : une institution qui relève plus du lobby d’experts face à la Commission Européenne, un conglomérat d’organisations dont la plupart sont totalement intégrées dans une logique de cogestion, de syndicalisme de services et d’accompagnement. La CGT affirme être un syndicat de lutte de classes, elle n’a rien à voir avec ces syndicats de collaboration, elle doit quitter la CES !
 
« II-158 : Peut-on parler de responsabilité sociale des entreprises comme si on ignorait leur finalité de maximiser le profit ? »
Là, bien entendu, absolument d’accord. La Fédération de la Chimie passe à notre avis trop rapidement sur cette question essentielle, qui est l’appréciation du monde dans lequel nous vivons : un monde d’exploitation capitaliste où exploiteurs et exploités s’affrontent, opposés définitivement par le profit, le marché capitaliste et la guerre économique. Avec cette compréhension, la notion de « responsabilité sociale d’une entreprise » relève de la plaisanterie pure et simple, nous l’avions noté.
 
Voilà, extrêmement rapidement résumé, les commentaires de la FNIC sur le fond du document. Cela occupe cinq pages du texte. Alors que quatorze autres se penchent, de manière beaucoup plus détaillée sur les transformations envisagées, qu’il s’agisse des structures ou du système de cotisations. On notera d’ailleurs qu’il y a une critique sans doute pertinente du terme à la mode dans la direction confédérale, celui de « confédéralisation » qui marque le renforcement d’une démarche du haut vers le bas, d’une bureaucratisation croissante donc de la CGT et d’un contrôle renforcé par la direction de l’ensemble de l’activité.
Nous aurions néanmoins préféré que la plus grosse part de l’analyse et des critiques porte sur le fond, plutôt que sur l’organisation de la CGT.
La critique du Nouveau Statut du Travail Salarié est par exemple extrêmement rapide et ne montre pas en quoi il ne propose qu’une solution aux conséquences de la crise capitaliste sans s’attaquer aux causes, en quoi il reflète finalement qu’une adaptation à la précarité et la flexibilité imposée aux bourgeois par l’accentuation de la guerre économique mondiale (et pas un « défi de la mondialisation » dont personne ne voit ce que cela peut être… défi, pour qui ???)
 
Nous regrettons de plus qu’à deux semaines de la clôture du dépôt des amendements la FNIC en reste trop à des interrogations et ne soit pas plus tranchée. Néanmoins, dans le débat actuel du 48ème Congrès, c’est un document important en critique explicite à l’orientation confédérale et nous invitons tous nos lecteurs à le lire et l’utiliser largement autour d’eux…

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commentaires

C
Bien sur il ya des éléments positifs, mais que l'on ne voit rarement se manifester dans les véritables orientations de la fédé de la chimie.Là encore , il y a un fossé entre la base d'autenthique syndicaliste de luttes de classe et des "vendus" qui sont dans des tours dorées et qui confondent pouvoir et devoir! est ce qu'ils dse rapellent seulement ce qu'est un travail,voici le prix de la trahisonvoir sur le site de la fnic ,la voix de sindustries chimiques n°456 novembre 2005
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O
voir l'article sur le site de la FNIC