A l'heure où nous écrivons (Jeudi, 21h30), plusieurs milliers d'étudiants sont rassemblés devant la Sorbonne à Paris en train de s'affronter avec les CRS.
A côté de la mobilisation croissante des salariés (essentiellement celles et ceux du privé, qui imaginent bien ce que peut-être une période d'essai de deux ans), le mouvement étudiant prend de l'ampleur contre le CPE. Une quarantaine d'universités occupés, des fermetures annoncées un peu partout pour éviter des pôles de regroupement, des évacuations musclées, c'est maintenant la Sorbonne, le symbole toujours vivant de Mai 68 qui est à la pointe de l'actualité.
Dès l'issue des grandes manifestations du 7 mars, les coordinations lycéennes et étudiantes (le secteur le plus combatif et radical du mouvement étudiant, à cent lieues de la mollesse de l'UNEF dirigée par le PS) appelaient à une nouvelle journée de manifestations pour le jeudi 16 mars. Elles invitaient les organisations syndicales à se joindre à nouveau à ce mouvement.
En parallèle, les syndicats se retrouvaient et appelaient (sous la pression de la CFDT, pourtant inexistante de la mobilisation jusque là) à une journée d'action le samedi 18 mars, c'est à dire sans grève...
Une fois de plus, notre direction confédérale s'est couchée au nom du syndicalisme rassemblé, alors que c'est pourtant la CGT, grâce à la mobilisation exemplaire des secteurs combatifs dans les syndicats, parfois les Fédés et les UD, qui avait fait le succès de cette journée historique du 7 mars. A la surprise y compris d'un Bernard Thibault dépassé par ses prévisions pessimistes, et plus enclin à négocier un accompagnement de la précarité et de la flexibilité (Nouveau Statut du Travail Salarié oblige...) qu'à s'opposer de front aux mesures gouvernementales.
Il n'y a absolument rien à attendre des directions syndicales, CGT comprise. Aucune illusion à avoir sur ce qu'elles vont faire, CGT en tête. Nous avons en mémoire le sabotage du mouvement des retraites en 2003, purement et simplement escamoté du rapport d'activité, ou celui sur la Sécu. A chaque fois, pour justifier l'inaction, on a pleurniché sur la CFDT qui a brisé l'unité syndicale !
Si on ne fait rien, tout se passera exactement de la même manière cette fois.
Pourtant, il ne faut pas desespérer. Dans la situation présente, il y a quatre atouts importants, et deux difficultés.
Les quatre atouts :
- La combativité étudiante
- La combativité de la base de la CGT, renforcée par la proximité du congrès confédéral pour les secteurs les plus conscients
- Le ras le bol des salariés qui rejettent en masse le CPE
- La perspective des élections de 2007 qui fait flipper tous les dirigeants bourgeois.
Les deux difficultés :
- Le chemin parallèle des mouvements étudiants et salariés qui ne se rencontrent pas
- La trahison déjà écrite des directions syndicales confédérales
Dans cette situation, pour surmonter les difficultés il faut savoir s'appuyer sur les atouts. Aussi, le blog "Où va la CGT ?" appelle tous les étudiants, tous les syndicalistes de classe à se rencontrer, à faire converger leurs efforts. Nous appelons les syndicats à se rendre dans les universités, à participer aux AG en prenant la parole, à être présents aux portes des IUT ou des lycées, à organiser des cortèges en commun. Nous appelons le maximum de syndicats à participer aux manifestations du jeudi 16 décembre, afin que les jeunes ne soient pas abandonnés et seuls dans la rue. C'est semble-t-il, selon nos informations, déjà le cas en Aquitaine.
Nous appelons tous les jeunes et étudiants à aller à la rencontre des travailleurs, aux portes des entreprises importantes, du privé (les grosses entreprises de la localité) comme du public (hopitaux, centres de tri, dépôts de bus et de SNCF etc.) pour débattre et faire connaître leur lutte. Nous appelons tous les étudiants à rejoindre les cortèges syndicaux de salariés dans les manifestations, sous leur banderoles étudiantes, pour manifester l'unité de notre combat contre la précarité.
- Jeudi, partout où ce sera possible, nous serons aux côtés des jeunes en lutte !
- Samedi, malgré notre colère contre une mobilisation au rabais, tous les syndicalistes de classe feront le maximum pour assurer le succès des manifestations !
Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là, on n'en veut pas !
Le CPE, le CNE, l'apprentissage à 14 ans, les CDD seniors, le travail de nuit pour les jeunes, l'essai de deux ans, c'est l'exploitation capitaliste !
Jeunes, étudiants, travailleurs, ouvriers, c'est à une autre vie que nous aspirons ! Tous ensemble contre le capital, tous ensemble prenons notre avenir en mains !
[14 Mars] Le tract d'appel de Partisan/Voie Prolétarienne aux manifestations du 18 mars.