Dossiers

22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 06:02
Dimanche 22 juin 2008
Sans-papiers : vers une troisième vague de grèves

Des indices concordants nous laissent à penser qu'une troisième vague de grève pourrait être déclenchée prochainement par la direction de la CGT, vague qui cette fois pourrait prendre l'allure d'une "déferlante". Succès éclatant du meeting  parisien et allusions à peine voilées à une nouvelle vague à cette occasion, réunion confidentielle ce dimanche à la Confédé, diffusion ces jours ci dans les structures (enfin !, pourrait-on dire, seulement deux mois après le lancement  du mouvement !) d'un tract général de  popularisation utilisable largement...
Une rumeur n'est qu'une rumeur, mais elle pourrait être fondée. En effet, toutes les informations arrivées sur ce blog montrent la mobilisation et l'énorme pression des sans-papiers eux-mêmes.
Nous l'avons dit, nous le répétons : la stratégie de la confédération a échoué. Le principe même des grèves d'avertissement pour  pousser le gouvernement à négocier a échoué. On a ainsi vu Hortefeux pérorer la semaine en se gargarisant de la hausse de 80% des expulsions de sans-papiers. C'est en fait beaucoup plus fondamentalement la conception même du syndicalisme porté par la Confédération qui fait la preuve de son échec : le "partenariat conflictuel" avec le gouvernement, la participation systématique  et avec un rapport de forces symbolique à toutes les négociations, les Grenelle, les réunions. Même échec que pour les retraites ces derniers jours (le bide du 17 juin qui n'a rien à voir avec la division syndicale,  mais beaucoup  plus avec le ras le bol des militants pour des journées bidon et sans perspectives). C'est l'échec de la CFDTisation de la confédération,  mais elle ne changera pas pour autant, tellement elle est imprégnée de la logique de la cogestion, et tous les appels aux directions syndicales n'y pourront rien. Comme pour le CPE, c'est dans nos mains, celles des syndicalistes de classe que repose l'élargissement et le succès du mouvement en cours.

Depuis le début, nous disons que l'heure est à l'organisation de la grève générale des sans-papiers, qu'en tous  les cas c'est dans ce sens qu'il faut avancer. Que l'heure est à développer les grèves en  province, à Marseille, Lille, Lyon, Toulouse et ailleurs, contre la position officielle de la CGT qui n'avance qu'au cas par cas.
C'est en ce sens que nous informons nos lecteurs de la  possibilité de cette nouvelle vague. Tous les camarades, dans toutes les villes, doivent s'y  préparer pour y participer chaque fois que cela est possible, en s'imposant si nécessaire aux réformistes patentés.
Outre le tract de la Confédération (en lien plus haut) mais qui reste tout à fait dans l'acceptation de l'immigration pour l'intérêt de l'économie nationale (thèse développée à l'envie lors du meeting parisien), nous publions ci-dessous le tract (politique) des militants de Voie Prolétarienne qui animent ce blog (organisation qui par ailleurs produit
une orientation du travail parmi les sans-papiers). Il faut aussi savoir dépasser le cadre syndical et comprendre le fond de la la question, le fond de notre soutien anti-impérialiste, pour ne pas se tromper dans le soutien syndical !

Faire reculer le gouvernement
AVEC LES TRAVAILLEURS SANS-PAPIERS

La lutte des sans-papiers, c'est notre lutte !


Depuis le 15 avril, des travailleurs sans-papiers se sont mis en grève dans des dizaines d’entreprises (nettoyage, restauration, bâtiment, etc). Ils réclament leur régularisation. « Nous cotisons et nous n'avons aucune protection sociale ; nous payons des impôts et l'Etat nous traite comme des délinquants ; nous travaillons et nous n'avons aucun droit ».
Ils se battent contre le gouvernement Fillon-Sarkozy, contre sa politique et les lois de l’Etat capitaliste qui font de l'immigration un acte illégal. Même si les premiers à en profiter, ce sont les capitalistes eux-mêmes : bas salaires (500 € par mois parfois !), heures supp. non-payées, hygiène et sécurité minimum. « Si t'es pas content, c'est la porte ».
Leur lutte fait partie de la lutte de tous les travailleurs. Quand un secteur voit ses salaires, ses conditions se dégrader, ce sont les conditions de tous qui sont menacées ! La courageuse lutte des travailleurs sans-papiers commence par exiger le minimum de droits : la régularisation, les mêmes droits pour tous !
  • Abrogation des lois qui organisent la répression des travailleurs !
  • Tous ensemble contre ce système qui ne voit que le profit immédiat.
  • Pour une autre société au service de l’homme et non du profit !

« L’immigration choisie », une division

La lutte des sans-papiers dure depuis 12 ans. Aujourd’hui, c’est la grève avec l'aide de militants combatifs, CGT et autres.  La nouvelle loi du ministre Hortefeux organise « l'immigration choisie ». Choisie par qui ? Pour les intérêts de qui ?
C’est la pauvreté organisée par les grandes puissances qui pousse à l’émigration. Et les gouvernements français comme européens font des lois répressives. La loi Hortefeux prétend « choisir » les travailleurs selon les métiers et les pays. C'est une nouvelle division entre travailleurs ; c’est un nouveau racisme.

Quand le ministre Hortefeux fait des « ouvertures », c’est pour mieux appliquer sa loi. Quand cette loi « choisit », c’est pour livrer des travailleurs à l’économie capitaliste ! « Les travailleurs sans-papiers sont utiles à l'économie du pays » : mais quand ils sont accidentés du travail ou chômeurs ou mères de famille ou élèves dans les écoles, ils ne sont plus utiles, il faudrait les expulser ?
Non à l'immigration choisie ! =>  Régularisation de TOUS les sans-papiers !

L'immigration, c'est un droit !

Les esclaves n'avaient pas le droit de quitter leur maître, ni les serfs leurs seigneurs. L'antiquité et le moyen-âge sont terminés ! La liberté de circuler est un droit fondamental.
Les maîtres et seigneurs modernes, les capitalistes, ont tous les droits, eux. Les capitalistes étrangers peuvent s'installer, faire des affaires, exploiter des ouvriers sur le territoire français ou européen, ils sont les bienvenus. Les capitalistes européens peuvent exploiter d’autres peuples, les pousser à la ruine. Ils peuvent bombarder la population en Irak ou en Afghanistan, ils peuvent soutenir les dictateurs locaux comme au Tchad, ils ont le droit d'imposer des licenciements dans la fonction publique.
Les victimes de cette exploitation et de ces crimes n'auraient pas le droit, eux, de sortir de leur pays ?

 Nous refusons aux capitalistes et impérialistes le droit d'émigrer pour voler les richesses, pour tuer et pour exploiter. Nous déclarons pour les travailleurs le droit de circuler, de travailler, et de vivre en famille.

=>  Liberté de circulation et d'installation pour tous les travailleurs et leurs familles !
  • Les travailleurs sans-papiers font preuve d'un courage remarquable, face à la  répression policière, aux risques de licenciement et d'expulsion.
  • Leur lutte est celle de nous tous contre les bas salaires, contre les mauvaises conditions de travail, contre l’exploitation capitaliste. Pour l'unité de la classe ouvrière.
  • Soutenons-les par tous les moyens, financiers et militants. Mobilisons nos syndicats pour qu'ils développent un mouvement national.
  • Allons discuter avec les travailleurs sans-papiers sur les lieux qu'ils occupent. Organisons des jumelages entre structures syndicales et collectifs de lutte des grévistes. Et pourquoi pas une grève nationale d'une heure pour la régularisation de tous les sans-papiers ?
  • Ce gouvernement nous attaque par tous les bouts. Il veut supprimer le Code du travail ; les acquis de nos luttes. Et il s’en prend aux plus faibles : les immigrants, les précaires, les chômeurs, etc… Pour être forts face au gouvernement, il faut agir tous ensemble et en même temps !
- Tous ensemble contre ce gouvernement, contre l’Etat capitaliste, pour défendre nos intérêts communs !
- Pour une nouvelle société fondée sur l’égalité des droits !
- Régularisation de tous les sans papiers !
- Abrogation des lois qui organisent la répression des travailleurs !
- Liberté de  circulation !

Partager cet article

commentaires

P
C'est plus qu'une marche arrière ! Ce pourrait être un recul historique !<br /> <br /> B.T. aurait annoncé sur Europe1 que la "demande" de la CGT n'est pas la régularisation de tous les sans papiers, mais de quelques milliers de travailleurs.<br /> <br /> Juste un peu plus que la volonté affichée d'Hortefeux, moins que celle du patronat.<br /> <br /> C'est peu dire que les Sans Papiers ne se font pas d'illusion sur l'appareil de la CGT.
Répondre
P
L'heure n'est plus à convaincre mais à mobiliser. Rue Charlot dans la Bourse occupée les Collectifs de la CSP75 se préparent et travaillent à la grève générale.<br /> <br /> Les sans papiers à l'heure actuelle ne cessent d'écrire des pages de l'histoire de l'Emancipation:<br /> Nos slogans disent: "destruction de tous les CRA"<br /> Eux le font à Vincennes et obtiennent leur libération collective!<br /> Nos slogans disent: "Régularisation de TOUS les sans papiers"<br /> Eux se mettent en grève et les isoléEs de la Bourse du Travail appellent à la grève générale des sans papiers.<br /> Notre rôle n'en est pas moins énorme:<br /> - Servir de relais et généraliser en province les grèves parisiennes.<br /> - Généraliser et impulser partout en France le soutien actif par la grève de solidarité, le soutien financier, etc... sans rien attendre des bureaucrates et autres colonialistes associatifs et même contre eux.<br /> Ils veulent ouvertement stopper le mouvement; au mouvement de ne plus les tolérer et de les éjecter s'ils insistent. <br /> -Cesser tout rapport (dépôt de dossier ou autre) avec les préfectures et tout concentrer sur le ministère de la Honte et le gouvernement.<br /> Les sans papiers grévistes et les occupants de la BdT devenue lieu stratégique du combat des sans papiers isolés ne cessent de nous donner des leçons de solidarité, d'organisation et d'efficacité; à nous d'être à la hauteur des exigences du mouvement.<br /> La CGT -lutte de classe- a toute sa place dans ce combat historique et je constate avec satisfaction qu'elle entend l'occuper sans faiblir.<br /> UniEs et solidaires dans ce combat nous vaincrons et préparerons ainsi les luttes qui s'annoncent non comme des luttes de défense contre l'agression générale du Capital, mais comme des luttes offensives du Travail pour sa destruction. -pj49-
Répondre
Z
Voici l'appel de l'UD 31 pour un rassemblement jeudi :<br /> <br /> <br /> Partout en France, de Lille à Toulouse, le mouvement des travailleurs et des travailleuses sans papiers s’étend. Dans la région parisienne, les grèves, démarrées le 15 avril, soutenues par la CGT et l’Association Droit Devant, se multiplient. Pas un jour sans une occupation, sans un piquet de grève. Dans les secteurs sous tension, bâtiment, restauration, commerce, mais aussi les services à la personne où les femmes sans-papiers sont très nombreuses, ces salariés (e) sont devenus(e)s indispensables pour les patrons. A ce titre, l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) affirme la nécessité de régulariser 100 000 d’entre eux sous peine de voir dans Paris des restaurants fermés pour cause de désorganisation dans l’économie du tourisme. <br /> <br /> La réalité toulousaine des travailleurs et des travailleuses sans papiers, même si elle diffère de celle de la région parisienne, (petite entreprise, isolement plus grand…) est tout aussi dramatique. Malgré cela, comme à Paris, ils ont choisi de lutter avec la CGT pour organiser le soutien et mener des actions collectives :<br /> <br /> pour la régularisation par la carte de 10 ans : dans le bâtiment, les fédérations patronales ont été interpellées pour faire pression sur la préfecture<br /> <br /> pour l’abrogation des dispositions répressives et discriminatoires du CESEDA (Ce Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile instaure des lois d’exception qui excluent les personnes du droit général)<br /> <br /> contre l’arbitraire de l’administration : la circulaire du 7 janvier repose sur le bon vouloir du préfet qui pourra accorder « à titre dérogatoire et exceptionnel la régularisation sur la base d’une promesse d’embauche »<br /> <br /> contre la répression et l’exploitation<br /> <br />  pour la liberté de circulation et d’installation <br /> <br />  pour l’égalité des droits.<br /> <br /> L’UD 31 appelle l’ensemble des salariés du département à un :<br /> Rassemblement le jeudi 26 juin à 17h à Esquirol<br /> Manifestation jusqu’à la préfecture <br /> et dépôt des revendications.
Répondre
J
Oui, marche arrière toute. La réunion de Montreuil a été annulée, la communication DOIT passer par la conf., annonce qu'il n'y aura pas de 3ème vague... (cf. CR de réunion du 20/06/08).<br /> Quant aux résultats de la 1ère et 2ème vagues, c'est le flou absolu.
Répondre
J
Dernières infos :<br /> Marche arrière toutes à la Confédération, pas de troisième vague lancée !!!<br /> Finalement, ce n'était pas une rumeur, mais la Conf' recule décidément jour après jour.<br /> Pas encore convaincue de son échec ?
Répondre