Dans un article précédent, nous avions abordé les réactions dans la CGT suite à une émission de M6 (assez pourrie au demeurant) sur la corruption dans les syndicats, exemple du Comité d'Entreprise SNCF de Lyon à l'appui. Une nouvelle émission (sur FR3 le 23 mai) enfonçait le clou, avec un trésorier de la CGT particulièrement agressif et niant tout en bloc sans arguments.
Comme l'avais signalé l'expert de Capital, ils sont tellement dans la merde après des années de malversations, qu'il faut maintenant vendre des structures et se séparer d'une partie du personnel (bien entendu ceux qui essayent de leur résister).
Depuis la publication de cet article, un long article de Mediapart va beaucoup plus loin, en montrant que désormais, c'est au niveau du CCE que la direction de la CGT commence à se faire du souci...
Nous avons de nouveaux échos qui laissent à penser que les choses ne s'arrangent pas.
Sur Lyon, la direction (! CGT...) du CE vient de décider de licencier (pour raison économique...) plusieurs salariés, dont un délégué SUD, syndicat qui s'est créé pour tenter de défendre les salariés dans cette situation difficile. Pour les salariés non protégés, le jugement de prud'hommes est reporté en départition au 24 juin.
Sur Paris Lyon, la guérilla se poursuit avec le collectif des 1000 euros, qui multiplie, mois après mois, la dénonciation de ces malversations.
Sur Limoges, c'est une déléguée FO qui est en conflit ouvert avec sa direction (! toujours CGT...), avec le soutien du personnel qui se met en grève contre la restructuration et le recul social...
Les activités sociales des grandes entreprises ont depuis toujours été un des lieux privilégiés de constitution de la bureaucratie ouvrière, et parfois de la corruption. L'idéal réformiste (depuis Jaurès) c'était de faire la preuve qu'il est possible de gérer autrement, au profit des travailleurs. En faisant l'impasse d'une part sur l'origine des fonds (les miettes que le capital cède, même si c'est souvent sous la pression, pour garantir la paix sociale), et d'autre part sur le fonctionnement du capitalisme qui impose ses règles, jusqu'aux domaines de l'économie sociale.
Cela, c'est dans la configuration angélique : l'entreprise licencie et diminue les effectifs, le CE (et donc les syndicats) est obligé de licencier à la cantine. Ce n'est pas de leur faute, mais ce sont quand même eux les licencieurs.
Mais la manipulation de sommes considérables, dans des CE comme la SNCF ou EdF ou autres grandes entreprises a mené à des manoeuvres très douteuses, jusqu'à des détournements et des malversations flagrantes. Emploi détourné de permanents syndicaux ou politiques, privilèges divers, chacun d'entre nous a eu l'occasion de rencontrer de tels exemples, et nous avons déjà eu l'occasion d'aborder ce sujet difficile sur ce blog, ICI ou LA. Et bien sûr, le patronat était parfaitement au courant, et laissait faire, d'abord parce que ce n'était que reproduire un travers ordinaire du capitalisme, et ensuite parce que ça permettait de "tenir" des syndicalistes devenus beaucoup plus compréhensifs...
L'économie sociale n'est pas en dehors des règles du marché, comme le croient souvent de nombreux syndicalistes honnêtes. Elle est dedans, au même titre que n'importe quelle activité.
Le problème, c'est que les réformistes de la CGT incrustés jusqu'au cou dans la gestion de ces affaires se sont pieds et poings liés au capitalisme, et même leur manière de penser est devenue la même que celle de nos patrons !
Aujourd'hui, ils se défendent, ils restructurent, ils licencient, ils poursuivent en justice les gêneurs, tous les trouble-fête qui refusent de se taire plus longtemps...
Sur ce blog, nous avons des positions assez tranchées et assez à contre-courant : nous sommes contre la participation des syndicats à une quelconque gestion d'oeuvres sociales, d'entreprises, et bien entendu d'organismes comme la Sécurité Sociale, la Formation Professionnelle ou le chômage. Les syndicalistes de classe ne sont pas là pour gérer la misère, mais pour combattre le capital, pour proposer une autre société et pas un ersatz de capitalisme à visage humain...
Dans l'immédiat, notre solidarité est acquise à tous les camarades qui subissent aujourd'hui les lois de l'exploitation et des restructurations au sein même des institutions de l'économie sociale. N'hésitez pas à transmettre des informations complémentaires, nous les ferons connaître !