Publié dans Nice-matin
De la lumière aux travailleurs de l'ombre. Une fois de plus Cannes cultive les paradoxes. Alors que le cinéma fait sa fête sur la Croisette, sur les allées de la Liberté, hier, autour du kiosque à musique, plusieurs dizaines de salariés sans-papiers se sont rassemblées à l'appel de la CGT et de nombreuses organisations (1).
À leurs côtés, plus d'une centaine de personnes était présente pour réclamer la régularisation de ces travailleurs « qui ont des bulletins de salaires, payent les taxes, mais ne bénéficient pas de congés payés, de retraite ou de protection sociale. Des salariés de seconde zone » selon Serge Gouaty, responsable de l'union locale CGT de Cannes.
Un collectif de 120 immigrés s'est formé, il y a trois semaines. Le rassemblement symbolique d'hier voulait profiter de la présence de nombreux médias durant le festival, pour rappeler que leur sort n'est pas réglé.
Des milliers dans le département
Une rencontre est prévue en préfecture vendredi prochain. Des premiers dossiers de régularisation devraient y être déposés. « Il existe des milliers de sans-papiers travaillant sur la Côte d'Azur dans la restauration, le bâtiment bien sûr mais aussi les sociétés de jardinage et de nettoyage » estime la CGT.
« On ne prend le travail de personne. On fait le travail dont personne ne veut. Il y a des patrons qui ne veulent pas voir notre situation et qui s'en arrangent, d'autres le savent et en profitent, enfin certains nous soutiennent » commente un salarié clandestin.
« C'est une forme d'esclavage moderne, qui maintient des hommes, des femmes et des familles dans la peur de l'expulsion » affirme la CGT. « Mais ce sont eux qui lavent vos assiettes dans les restaurants. Et leur situation n'est pas digne et normale pour la France » résume une sympathisante.
(1) L'association des Sénégalais de Cannes, celle des Marocains du 06, le mouvement de la paix, la Ligue des Droits de L'Homme, le Covian et le Parti Communiste. Également solidaire, Jean Voirin, administrateur du festival du film.