Mercredi 21 mai 2008
Lors de la première phase de la lutte des sidérurgistes contre la fermeture du site de Gandrange, nous avions sévèrement critiqué l'attitude de la CGT locale, et son contre-plan de fous furieux, d'ailleurs élaboré en petit comité d'experts avec le cabinet Syndex, copie conforme de SECAFI Alpha. Même les structures CGT (professionnelles ou territoriales) n'étaient pas au courant.
Contre-plan ultra technique (voir leur projet), de véritable contre-proposition d'un capitalisme raisonnable. Comme le fait remarquer le secrétaire de l'UL de Dreux confronté aux mêmes problèmes : "De toutes les façons, ils ne discutent même pas de nos propositions, les décisions sont déjà prises".
Les contre-plans ne sont que le rêve fumeux de réformistes indécrottables. Les ouvriers, la classe ouvrière voudraient bien y croire, ce serait tellement plus facile. Mais ils ont les mains dans le cambouis, ils sont au feu, ils sont soumis au talon de fer des lois du capitalisme.
Et donc, tout aussi logiquement, ils réagissent en ouvrier. Les licenciements on n'en veut pas. Le bla-bla, on n'en veut pas, le baratin, ça suffit. Ce qu'on veut, c'est l'emploi.
Aussi, publions-nous ci-dessous l'article paru dans Libération le Samedi dernier 17 mai.
Les choses sont parfaitement claires, et le sort du contre-plan de la CGT aussi. Dans la lutte des classes pour l'emploi, il n'y a que deux voies : la défense de l'intérêt ouvrier, ou la défense du capital. Les camarades de Arcelor Mittal nous montrent la voie !
Gandrange : la grève brûle encore...
C'est un piquet de grève comme les autres, sauf pour les braseros : chez Arcelor Mittal à Gandrange, les grévistes qui ont cessé le travail ont remplacé les traditionnels barils par des carcasses de voitures, normalement destinées à être fondues dans le four électrique de l'aciérie. Vendredi, au quatrième jour de conflit, une quinzaine d'entre elles s'amassent en un tas calciné et fumant au portier est de l'immense site sidérurgique. A la grille, une banderole donne le ton : « ArcelorMittal, fuck you ! » Un mannequin blanc est pendu à un lampadaire, pancarte « Mittal menteur » autour du cou.
« Pression ».
Le mouvement a débuté lundi soir à l'aciérie, promise à la fermeture, comme le train à billettes, dans le cadre du plan de restructuration qui prévoit 575 suppressions de postes sur 1 100. « On s'est mis en grève sans aucune intervention des syndicats ! précise Raphaël, 35 ans, employé au "versage fonte". Et ensuite, il n'y a que la CGT qui nous a soutenus. » Les ouvriers étaient à cran : des rythmes de production en hausse, un projet de réorganisation du temps de travail prévoyant un allongement des horaires cet été pour compenser les premiers départs dus au plan social, des incertitudes sur le contenu de ce plan… « La pression est montée durant le week-end de la Pentecôte avec un document de la direction qui circulait, disant qu'il n'y aurait qu'une seule offre de reclassement pour les salariés concernés parmi ceux qui quitteront l'entreprise. Le lundi, ça a explosé de manière spontanée » , raconte Bernard Thierry, délégué CGT.
Jeudi soir, le directeur du site, Bernard Lauprêtre, est venu discuter avec les grévistes. Il a conditionné la tenue de négociations sur le contenu du plan social à la levée des barrages qui obstruaient les portiers. Les ouvriers se sont exécutés vendredi matin, sans reprendre le travail, et leurs représentants syndicaux sont partis dans la foulée palabrer à Metz avec la direction.
Rassemblés autour de tables en bois, sous des toiles de tente, les grévistes réclament « des garanties, du concret ». Ils veulent plusieurs offres de reclassement par salarié, un maintien dans les effectifs de Gandrange jusqu'à l'âge de la retraite pour ceux qui ont plus de 55 ans, une prime de mutation. Ils veulent connaître leur avenir. « Tant qu'on ne sait pas où on va, c'est dur de bosser. Les gens ne sont pas bien dans leur tête, c'est pénible et ça peut-être dangereux sur des postes de travail comme les nôtres », explique Pascal, 48 ans, opérateur au four électrique. « Si ce qui sort des négos ne nous convient pas, on rebloque le site, c'est clair et net ! » prévient Jonathan, 25 ans.
Blocage.
C'est ce qui s'est passé vendredi en début de soirée. « La direction n'a pratiquement rien cédé » , indiquait la CGT à l'issue des discussions. « Il y a très peu d'avancées », confirmait-on du côté de la CFE-CGC. Réunis en assemblée générale, les grévistes - « près de 150 », selon la CGT - ont voté la reprise du blocage. Une nouvelle réunion de négociation est normalement prévue mardi.