Nous publions (avec un peu de retard,mais notre actualité a été assez chargée !) l'éditorial du mois de novembre du journal de la CGT des mines de Fer et de Sel de Lorraine. Enfin, un syndicat qui ose prendre les problèmes à bras le corps, dire tout haut ce que tout le monde connaît, et affronter la réalité de la corruption syndicale.
Comme dit dans ce document, être "acteur et décideur", c'est aussi faire du ménage dans la maison et remettre la lutte des classes à la place de la "lutte des places" !
Nous saluons le courage des camarades et espérons que le nettoyage va enfin pouvoir commencer !
La révélation au sujet de l'existence d'une " caisse noire " au niveau du syndicat patronal - servant à " fluidifier les relations sociales " - est annoncée la veille de la journée nationale d'action du 18 octobre 2007, cette proximité, bien entendu ne doit rien au hasard ; une révélation qui n'en est pas une puisque ceux qui ont décidé du moment de la " révélation " nous démontrent que les faits sont connus depuis longtemps. Si l'UlMM est condamnable, les complicités, au plus haut niveau sont tout aussi répréhensibles.
Si cette révélation visait la journée du 18 octobre, en spéculant sur le discrédit syndical ouvrier, elle avait également comme objectif d'atteindre l'organisation patronale. Une combinaison politicienne de haute portée dans cette direction (sur laquelle il serait trop long d'expliquer les raisons dans notre éditorial). Si, présentement, l'instruction dû dossier semble plutôt s'orienter en direction du patronat, c'est simplement pour des raisons d'opportunité. Une affaire à suivre très sérieusement.
Pour celui nous concerne, nous nous en tenons ici aux seules considérations d'ordre syndical.
Que les organisations syndicales s'offusquent, c'est normal ; d'autant que la manipulation est grossière et on ne peut pas accepter l'idée que tout serait pourri, nous refusons d’être simplistes; au-delà des accusations, il nous faut dénoncer l'opération politique et patronale qui vise à discréditer et à détruire les organisations syndicales : pour nous, la CGT. Mais il s'agit d'une attaque qu'il nous faut prendre très au sérieux.
La CGT a menacé de porter plainte en diffamation, pourquoi ne pas aller au bout de l'intention ?
En ce qui nous concerne, l'accusation en direction des organisations syndicales, (malheureusement) n'est pas dénuée de fondement. C'est regrettable, mais c'est un fait, "le ver est aussi dans le fruit syndical". Incontestablement, nous vivons des situations empoisonnantes.
Dans la CGT, les situations ou les faits sont divers et variés; l'instruction nationale en cours, présente le risque de révéler d'autres faits. Souhaitons simplement, qu'ils soient peu nombreux et peu importants.
Mais osons ne pas éluder le fait ! La première qualité d'une organisation, ou d'un dirigeant syndical : sa capacité à se remettre en cause. C'est le moment de le faire.
Nous connaissons des faits graves, qu'en interne nous avons dénoncés. Par exemple, (dans notre région), dans une industrie qui vient de fermer, tous les responsables syndicaux de toutes les organisations ont obtenu une promotion leur attribuant le statut ETAM, alors que les travailleurs de l'entreprise ont été à l'inverse spoliés.
Par exemple, un délégué syndical est couvert par des instances de la CGT, alors qu'il signe avec le patron de l'entreprise des accords préjudiciables aux salariés et ceci depuis plusieurs années. Nous citons ces deux faits, suffisamment graves, mais nous pouvons en citer d'autres ; par exemple, un fait officiel, connu de tous les mineurs : la signature par 3 organisations syndicales (FO - CFTC -CFDT) de l'accord discriminatoire sur les « 17 % » , accord passé avec le gouvernement pour assurer la paix sociale au moment de la fermeture des derniers puits ! Quelles ont été les conditions de cet accord ? Et quelles ont été les conditions de l'accord pour détruire le Régime Minier : " une place ? Une promotion ? ".
Lorsque nous nous permettons de suggérer que les organisations syndicales dont la nôtre y compris, sont compromises, nos interlocuteurs nous invitent à ne pas en parler, surtout face aux syndiqués ! C'est stupéfiant, c'est méprisant pour les travailleurs et les syndiqués. C'est les prendre pour des imbéciles; alors que, par ailleurs, on souhaite qu'ils soient "acteurs et décideurs". Drôle de conception !
Les syndiqués nous voient agir, discernent les comportements et ne sont pas dupes !
Si le syndicalisme perd du crédit, il le doit aussi à de telles situations. Et ce n'est pas le projet de financement qui est proposé qui en est la solution; ce projet au contraire vise à l'intégration et à la destruction des organisations, la destruction de notre indépendance.
Un personnage célèbre nous prévenait en disant : "Il ne faut pas que les nouveaux mandataires du peuple deviennent une nouvelle caste au pouvoir". Cela reste vrai ! Un autre : "Il faut avoir le courage de rechercher la vérité et avoir le courage de la dire !". Encore : Cette formulation est applicable dans nos rangs, où trop souvent l'opportunisme et la lutte des places ont remplacé la lutte de classe !
Il s'agit de notre crédibilité syndicale ; osons faire le ménage chez nous d'abord ! Essayons dans cette décomposition générale, identifiable, de créer les conditions de notre efficacité. De notre courage à dire la vérité dépend notre crédibilité ; de cela dépend la force du mouvement que nous voulons construire. Bien entendu, tous ne sont pas pourris ; nombreux sont ceux qui restent propres. Nous les invitons à parler !
Pour le moment, nous retiendrons la force du mouvement de grève du 18 octobre 2007. Là se trouvent l'encouragement et l'espoir pour demain ; par milliers, dans l'unité les travailleurs se sont mobilisés, créant un espoir pour la suite.
MARKUN Jean