L'attitude de la CGT provoque de plus en plus d'interrogations parmi les militants et les soutiens aux sans-papiers.
Alors que la pression est énorme de la part des sans-papiers pour élargir le mouvement, alors que l'opinion est acquise en soutien à cette grève, alors que les syndicalistes sont mobilisés massivement sur le sujet et que le 1er mai pourrait être une occasion énorme d'avancer pour faire plier le gouvernement Sarkozy, la confédération ne semble pas avoir choisi ce chemin.
L'attitude prise semble de ne pas élargir le mouvement pour l'instant pour ne pas bloquer le gouvernement et de tout faire pour gagner la régularisation des 600/800 premiers demandeurs pour ensuite tenter de gagner un élargissement de la circulaire Hortefeux sur les critères des métiers en tension. D'où l'attitude actuelle de tout faire pour empêcher l'élargissement, tant en province que même en région parisienne (voir par exemple les tensions avec SUD et la CNT qui se sont inscrits dans le mouvement au restaurant Birdy). Raymond Chauveau, supposé être un militant plus radical, a été tout à fait explicite lors du meeting du 23 avril à Paris, ci-dessous un extrait du journal de 8h00, jeudi 24 avril sur France Inter :
C'est l'attitude nouvelle de la confédération de négociation dans les couloirs des ministères au détriment du rapport de forces et de la lutte.
C'est d'abord une illusion : le gouvernement ne cèdera sur son principe de la régularisation au cas par cas que par une pression considérable. C'est un enjeu lourd de conséquence, et si on en reste à la feuille de route retenue par la direction confédérale, il va y avoir des pertes collatérales, c'est à dire des refus. Pour l'instant, rien n'est gagné...
Ensuite c'est trahir l'espoir soulevé chez les sans-papiers : la CGT en est comptable.
Enfin, plus fondamentalement, c'est la poursuite de l'attitude à l'oeuvre sur les régimes spéciaux, sur le marché du travail, dans les divers "Grenelle" de ci et de çà, c'est à dire la construction d'un rapport de force - toujours limité - pour faire pression et négocier, mais pas pour faire céder, et donc accepter au départ des résultats maigres, par peur du conflit radical et d'être "exclu du champ de la négociation", de ne plus être "représentative" peut-être ?
Bien loin du syndicalisme de classe tout cela !