Après plusieurs mois de conflits, un accord vient d'être signé par les syndicats et la direction à Miko (Saint-Dizier). Voici ce qu'en écrit le site local "Le Citron pressé"
Les syndicats et la direction de l'usine Miko du groupe Unilever, ont signé un accord et mis fin au conflit social qui "limite la casse".
"Les trois syndicats, le CE et la direction ont signé le protocole d'accord. C'est une journée très importante pour l'histoire de l'usine. C'est un plan significatif, un projet important", a déclaré Prakash Patel, directeur de Miko.
"Ce qu'on a obtenu aujourd'hui est sans commune mesure avec ce qu'il y avait au départ. On ne peut pas dire que la victoire est totale, car il y aura quand même des licenciements. Mais on a limité la casse à un haut niveau", s'est félicité Hervé Mazelin, représentant syndical CGT.
"C'est un succès sur toute la ligne. On a sauvé plein d'emplois. Et on a surtout démontré qu'on était capable de faire plier une multinationale", a commenté Me Ralph Blindauer, avocat du comité d'entreprise (CE) de Cogesal-Miko.
"Cogesal-Miko était le premier plan de restructuration d'Unilever au niveau européen Ils se sont ramassés en beauté", a-t-il estimé, ajoutant qu'il se désisterait mercredi "dans les deux procédures" intentées au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) par le CE contre Cogesal-Miko.
Ce seront tout de même 180 personnes qui seront licenciées (au lieu des 254 suppressions de postes sur un total de 493 annoncées le 13 novembre par la direction)
Trente postes étant finalement maintenus
Quarante quatre autres transformés en temps partiel.
Vingt personnes bénéficieront d'une mesure de départ volontaire, financièrement avantageuse, à laquelle quarante autres sont candidates.
Dix personnes ont accepté une mutation dans le groupe (sur 35 postes offerts).
Enfin une entreprise de logistique reprendra également une partie du site Miko, et embauchera 60 Mikos.
Mais cet exemple nous donne quand même l'occasion de commenter une nouvelle fois la lutte pour l'emploi.
Quelle est cette société où les ouvriers en sont réduits à "limiter la casse" ? A devoir accepter (par une signature contrainte et forcée) des licenciements, des temps partiels, des mutations et la sous-traitance, le tout avec le cortège de dégradations que cela va apporter sur les salaires et les conditions de travail ?
Peut-on dire de manière triomphante que l'on a fait "plier Unilever" lorsqu'on est contraint à une telle signature, même si le contenu est moins catastrophique que celui prévu initialement ? Alors que Unilever fait finalement passer son plan de restructurations, les impératifs de la concurrence mondiale, ses choix, ses objectifs et sa vision du monde ?
Le capitalisme est un monde de barbares où les travailleurs ne sont que des "ressources" (humaines), à côté des matières premières et des machines. Et dans l'affrontement capital/travail, c'est une question de rapport de force, de détermination, d'organisation. Les ouvriers n'ont rien à attendre de la logique du capital, ils doivent se déterminer à partir de leurs intérêts et de eux seuls. Affirmer "Un emploi pour tous", "Zéro licenciement", imposer le maintien des emplois en particuliers ouvriers, le maintien des conditions de travail, de salaires, d'emploi. Imposer à l'Etat (à tout les échelons, national, régional, local) l'installation de nouvelles entreprises, bref, ils doivent défendre l'intérêt ouvrier et rien d'autre.
Lutter pour l'emploi, c'est remettre en cause le capital et ses règles, affirmer les exigences et les besoins des travailleurs. En arrière plan, c'est bel et bien affirmer que "de cette société là, on n'en veut pas !", que les ouvriers, les travailleurs veulent devenir des être humains à part entière, maîtres de leur vie et de toute la société.
En ce sens, la lutte pour l'emploi rejoint le combat de Mai 68, avec la même perspective : c'est un autre monde que nous voulons, c'est tout le pouvoir que nous voulons pour redessiner la société selon la satisfaction des besoins de la majorité, et ce qui nous manque le plus, cruellement, c'est un parti ouvrier pour orienter notre combat en ce sens.
Faute de quoi, les décennies passent, une vague de restructurations succède à l'autre, des pans entiers de la classe ouvrière subissent de plus en plus durement le talon de fer du capital et rien ne change, n'en déplaise à tous les réformistes politiques et syndicaux...