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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 16:01

Lundi 31 mars 2008

Sans-papiers : la CGT silencieuse sur les manifestations du 5 avril


Les manifestations en France

Paris : place d’Italie 14h30

Lyon : Place des terreaux 14h30

Marseille : Porte d’Aix 14h30

Reims : Palais de justice 15h00

Toulouse : Place du capitole 10h30

Lille : Place de la République 14h30

etc.

Samedi 5 avril dans toute la France (voir encadré), manifestations à l’initiative de RESF, de « Unis contre une immigration jetable » et de nombreuses associations contre la politique du gouvernement et le ministère de l’indignité nationale. Manifestations dont l’appel ne casse pas trois pattes à un canard, comme on dit, dont les revendications sont assez en retrait, mais auxquelles il faut néanmoins évidemment participer compte tenu de la gravité et de l’ampleur des attaques, mais aussi de la résistance qui se développe partout :
- contre les enfants et les familles de sans-papiers, vis le réseau RESF
- parmi les travailleurs sans-papiers, sur-exploités dans le travail clandestin, qui commencent à redresser la tête,
- et jusque dans les centres de rétention où les révoltes se multiplient.
Français- Immigrés, avec ou sans papiers, avec ou sans travail, une seule classe ouvrière, un même ennemi, l’impérialisme !

Voilà notre mot d’ordre, ce qui fait l’unité et renforce la lutte commune.

Halte aux rafles et aux expulsions !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !

Or, que constate-t-on ? Que la confédération ignore cette manifestation. Qu’elle préfère appeler ce même jour à un rassemblement en Slovénie à l’initiative de la CES. Que seules quelques structures vont participer à ces rassemblements, et que sinon, aucune information n’est faite…
[Mise à jour 2 avril : 72h avant la manifestation,
un tract d'appel de la région Ile de France CGT, sans commentaire...]
A peine plus d’un mois après le coup médiatique du Restaurant de la Grande Armée, où l’on a vu défiler le ban et l’arrière ban du Bureau Confédéral, retour au silence radio, à l’absence qui avait déjà provoqué la démission de plusieurs camarades du collectif national immigration suite à l’absence lors de la manifestation du 19 janvier contre les centres de rétention.

Il semble bien que la politique actuelle de la confédération, appuyée par quelques secteurs pourtant actifs dans le soutien aux sans-papiers, soit la négociation dossier par dossier, sur les cas les plus « faciles » (ceux qui ont des feuilles de paie, ceux dont les patrons sont d’accord…), par tractation secrète avec les préfectures et les institutions.
Ainsi sur l’affaire de la Grande Armée, c’est semble-t-il au plus haut niveau (on parle du Premier Ministre…) que s’est réglée l’affaire. Sept régularisations sur neuf, grande victoire annoncée à sons de trompette, mais pourquoi le silence assourdissant autour des deux autres camarades, dont la régularisation a été refusée ? Pourquoi le refus d’appeler à la mobilisation lorsque l’un d’entre eux est convoqué pour l’entretien préalable au licenciement, refus accompagné d’un communiqué proprement stupéfiant (les passages surlignés en jaune le sont de notre fait) :

« Suite aux négociations avec la préfecture de Paris le lundi 18 février, 7 cuisiniers du restaurant de la Grande Armée sur 9 ont été régularisés.
La Préfecture a refusé la régularisation de deux camarades au motif que la direction du restaurant n'avait pas demandé la vérification de leurs titres de séjour après le 1er juillet 2007.
Nous avons condamné cette décision de la préfecture totalement contradictoire avec son approche de la situation des sept autres camarades.
Lundi 3 mars, un des 2 camarades est convoqué par la direction du restaurant de la grande armée pour un entretien préalable en vue d'un éventuel licenciement.
Notre camarade sera accompagné comme il se doit pour cet entretien et comme s'y est engagé la direction du restaurant, tout sera fait pour donner le temps à la préfecture de reconsidérer sa position avant que ne soit éventuellement donner suite à la procédure."
UD CGT 75- Droits devant!!
Paris le 29/02/08 »


Depuis quand faut-il « donner le temps » à nos exploiteurs de « reconsidérer leur position » ?
Aujourd’hui, 5 avril, que sont devenus les deux camarades en question ? Faut-il rappeler le cas de Madi, sans-papier de Buffalo Grill, dont la régularisation rejetée a aboutit à
une expulsion à Lyon début février ?

Coup médiatique… Travail au cas par cas, souterrain, avec les institutions. C’est toujours la stratégie du possible, « concrète et crédible ».
Et, toute l’activité actuelle, via quelques structures, vise non pas à permettre aux sans-papiers de s’organiser eux-mêmes, alors que leur motivation, leur détermination est forte, mais à les mettre sous tutelle syndicale, des bons délégués, des bonnes UL, qui eux sauront comment faire le tri et choisir ceux dont on acceptera de présenter le dossier… A s’interroger si pour la confédération CGT ce n’est pas là le rôle du
4 pages dont nous avions déjà noté combien il était en retrait par rapport aux exigences de la lutte, et à la mobilisation des sans-papiers eux-mêmes.

Le combat pour l’unité de la classe, avec les sans-papiers n’est pas un soutien. C’est un combat commun contre l’impérialisme (ici, en France, et au pays d’origine), contre l’exploitation sous sa forme la plus barbare, contre la précarité qui concerne tout le monde. Comme l’ont noté certains syndicats (
Cegelec par exemple), c’est le combat de toute la classe !

Participons toutes et tous avec nos syndicats aux manifestations du 5 avril !
Français immigrés, une seule classe ouvrière, un seul combat !

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commentaires

P
La CGT emploie dans ses structures des salariéEs; elle est donc patron.La CGT est-elle devenue un patron comme un autre? C'est même une transnationale; quoique personne n'a pu le constater le 19 janvier. <br /> Le conseil d'administration de la branche française avait pris certaines décisions pour orienter; or ces décisions n'ont pas été respectées ce qui a entrainé la démission de certains mandataires. Dans une entreprise, les bureaucrates responsables seraient licenciéEs en suivant la logique du système.<br /> Je suggère une autre option; Pourquoi ne pas les "délocaliser" tout simplement en les mutant dans une entreprise du groupe, au Mali par exemple. Ils seraient ainsi en situation pour comprendre à leurs dépens ce que signifie la revendication de "liberté de circulation et de d'installation". C'est de l'humour noir mais la situation s'y prête malheureusement. Que tous les petits actionnaires (syndiquéEs) retrouvent le sens réel de leur association. C'est par la SOLIDARITE de classe dans les luttes que se forgera leur UNION internationale sur le socle de granit de leurs intérêts matériels et moraux communs. A nous de réintroduire, DANS LES FAITS, cette vérité élémentaire de la lutte de classe qui a fait du syndicat un outil de combat pour notre émancipation.<br /> Contre ceux et celles qui crient victoire à chaque régularisation, je réplique que chaque expulsion est une défaite. <br /> On ne négocie pas sur les expulsions, on les combat à outrance. On ne laisse aucunE camarade sur la route qu'il soit syndiqué ou non, travailleur avec ou sans emploi.<br /> "Celui qui se bat peut perdre;<br /> Celui qui ne se bat pas a déjà perdu!"<br /> A + dans les luttes et courage à toutES; un ancien délégué syndical viré de la CGT des années 70; -pj49-
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F
le camarade Jacques a raison d'être atterré.. Cet entretien préalable a eu lieu début mars. Nous étions 5 devant la porte du restaurant, pour venir soutenir le sans-papiers convoqué. Nous avons appris en fait que les deux avaient été convoqués ce même matin.<br /> La personne mandatée par l'Ud pour l'accompagner était là.<br /> Nous avons attendu que le copain sans-papier sorte. Il était forcément amer et déçu.<br /> ce qu'on nous a expliqué, c'est que le patron (Coste) était d'accord pour le réembaucher mais que pour cela il fallait que le préfet lui donne un titre de séjour..<br /> <br /> Ceci n'est pas encore fait à ce jour et, apparemment, ça ne gêne pas grand monde.<br /> Nous avons interpellé l'Ud de Paris, pour ces deux sans-papiers mais sans succès.<br /> ce dont nous sommes sûrs, c'est que ce matin là, s'il y avait eu 200 ou 300 militants devant la porte du restaurant, Coste aurait appelé le Préfet, en signalant que la CGT se bougeait, se mobilisait pour les deux sans papiers.<br /> QC5<br /> Les flics qui sont passés plusieurs fois devant nous auraient eu aussi alerté le préfet..<br /> <br /> mais là : certes, nous étions un peu ridicules, à attendre sous la pluie deux sans papiers dont tout le monde se f...<br /> oui, il y a de quoi être atterré ..
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T
Chers Camarades, <br /> <br /> Je suis atterré devant tant de mépris à l'égard de salariés. Retraité, je suis syndiqué à la CGT et je n'accepte pas les dérobades de la confédération qui, en "ignorant" cette manifestation joue à fond la carte de la négociation dossier par dossier, cas par cas, créant ainsi de fait une ségrégation intolérable, inconcevable de la part de dirigeants des hautes sphères de la CGT.<br /> <br /> Concernant les deux camarades de cette affaire de la Grande Armée, pourquoi leur régularisation a-t-elle été refusée? <br /> <br /> Pourquoi n'avoir pas cherché à imposer une négociation en bloc pour les 9 camarades au lieu de laisser "tomber" deux d'entre eux? <br /> <br /> D'autre part, l'un des camarades est convoqué à un entretien préalable de licenciement et l'UD CGT 75 refuse d'appeler à la mobilisation alors qu'il y a risque de perte d'emploi pour ce camarade.<br /> <br /> Après lecture de la teneur du communiqué de l'UD 75, je suis moi aussi stupéfait. Que veut donc dire la dernière phrase de ce communiqué? <br /> <br /> Comme le stipule le Code du Travail, notre camarade sera accompagné pour aller à l'entretien préalable. <br /> <br /> J'ose espérer que le militant CGT qui l'assistera sera un militant de combat qui ne va pas s'agenouiller devant le patron comme le démontre le communiqué de l'UD de Paris. Le rôle du conseiller des salariés ou du délégué syndical ne se résume pas à une simple figuration. Ce militant syndical ne devra pas tenir compte du point de vue de la Préfecture dans cette affaire. L'entretien préalable en vue d'un licenciement relève uniquement du Code du Travail dans le cadre d'un conflit entre un salarié et son employeur. <br /> <br /> Ancien conseillé des salariés, j'affirme qu'il est possible d'imposer à l'employeur le non licenciement du salarié. Pour ce faire, le représentant syndical CGT doit se battre sur une position de classe et non collaboratrice comme le démontre ce scandaleux communiqué de l'UD CGT de Paris, notamment dans son dernier alinéa. <br /> <br /> Un ancien secrétaire d'UL de province, ancien président de section Commerce de Conseil de Prud'Hommes et ancien Conseiller des salariés. <br /> Jacques Tourtaux<br /> <br /> <br /> pour avoir à plusieurs reprises ré
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S
Cette nouvelle orientation de la CGT, concernant les sans-papiers (et pas que ...) se confirme effectivement et ce que vous écrivez le montre bien..<br /> <br /> Pourquoi tant de tapage (médiatique, mais aussi dans les structures) lorsqu'il y a eu cette fameuse grève au restaurant de la Grande Armée : .on ne compte plus les mails pour informer de la grève au restaurant de la grande Armée.. les mails pour demander aux camarades de venir soutenir ...<br /> <br /> la lutte au restaurant de la Grande armée, ça a été tous les jours et toutes les nuits des militants de la cGt qui sont venus occuper , y compris, plusieurs nuits, le secrétaire général de l'Ud de Paris, ainsi que la responsable du collectif immigration, ainsi que des membres du bureau de l'ud de Paris... sans compter des camarades su service d'ordre de la cgt.. <br /> et, bien sûr, le secrétaire général de l'union locale de la cgt de Massy, pour apporter ses lumières et ses compétences ... et bien sûr, on a vu, fait tout à fait exceptionnel, à plusieurs reprises, la responsable du bureau confédéral en charge de ces questions ... grande première pour elle (et grande première pour les sans-papiers)<br /> <br /> Il y a eu 7 régularisations : on a dit aux militants qui alertaient sur le sort des deux derniers sans papiers non régularisés, qu'on s'occupait de tout et qu'il fallait qu'ils arrêtent de dire, d'écrire et de faire ainsi "du tort à la cgt ..<br /> <br /> à ce jour, ils ne sont toujours pas régularisés et la cgt n'en parle plus.. Elle va rencontre les expulsés à Bamako...<br /> <br /> Depuis quelques jours, une nouvelle grève de sans-papiers chez Fabbio Lucci, à la porte de Pantin..<br /> <br /> et là, on a un tout petit communiqué timide, on n'a pas droit à la TV, aux grandes vedettes de l'avenue de la grande Armée .. (confédéraux et autres...)<br /> <br /> que doit on comprendre ??<br /> <br /> Si on ajoute que certaines Uls (au moins une ) demandent aux sans-papiers qui veulent se SYNDIQUER (comme les y appelaient le 4 pages) qu'on ne les accepte que s'ils ont un contrat de travail et au moins 6 feuilles de paye, on a peur de réaliser qu'on est là devant l'immigration choisie ... à la CGT ???<br /> <br /> ça doit être un cauchemar : cen'est pas possible que la cGT recule à ce point !!<br /> <br /> comme on aimerait croire qu'on s'est trompés ...<br /> <br /> Samira, militante de cgt de paris (pour lemoment, a encore sa carte cgt.. )
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