Le Nouveau Statut du travail salarié était déjà abordé en mars 2003 lors du dernier congrès de la CGT, et déjà soulevait des interrogations et des méfiances. Voici ce qu'en disait L'Humanité du 27 mars 2003 :
"Au cours de cette première résolution, la fameuse idée de " sécurité sociale professionnelle ", ou de " nouveau statut du travail salarié ". Chargée de défendre son " bébé ", Maryse Dumas évoque les nombreuses " demandes de précisions " et " inquiétudes " remontant sur cette revendication avancée par la confédération depuis deux ans. " Ce n’est pas un slogan magique qui nous permettrait d’ouvrir toutes les portes des luttes, des succès ni de l’intérêt spontané des salariés ", affirme-t-elle, avant de préciser deux idées forces. D’un côté il s’agit de " construire des solidarités d’intérêts, des convergences de luttes, de retourner le dumping social à l’envers, les acquis des uns constituant des points d’appui aux luttes des autres ". Par exemple, bâtir des revendications communes entre salariés d’employeurs différents travaillant sur un même site, ou bien entre salariés en CDI, en CDD et intérimaires d’une même entreprise. De l’autre, il s’agit de " créer une garantie interprofessionnelle pour attacher les droits à la personne du salarié et ne plus les faire dépendre de l’entreprise pour laquelle ils travaillent ". En termes de salaire, de carrière, de formation, " chaque salarié disposerait de droits cumulés dont chaque nouvel employeur devrait tenir compte ", ajoute-t-elle, sans soulever pourtant le problème de l’application du droit.
Devançant les critiques, la numéro deux de la CGT précise qu’" obtenir une véritable sécurité sociale professionnelle ne se substitue pas à la nécessaire bataille contre les suppressions d’emplois et les licenciements ". Une inquiétude présente dans la trentaine d’interventions de délégués. Frédéric Karras, de la CGT-PTT Alsace, estime que c’est une bonne idée de se projeter dans le futur avec ce " nouveau statut ", mais interroge : " Quels sont les objectifs du présent, face au rouleau compresseur sur EDF, France Télécom, quels moyens d’action se donner pour coordonner les luttes dans les entreprises qui licencient ? " De même, Marc Taillefer d’ACT à Angers exige " une riposte nationale " face aux licenciements et estime que " parler de nouvelles conquêtes sociales restera sur le papier si les fédérations et la confédération ne donnent pas les moyens de réunir les militants des entreprises qui licencient ". Des délégués réclament l’interdiction des licenciements. Maryse Dumas souligne que l’idée de sécurité sociale professionnelle va bien plus loin, avec le " maintien du contrat de travail jusqu’à ce qu’un emploi ait été retrouvé ", et permet de lutter contre " toutes les formes d’entrée au chômage, comme les démissions forcées, les fermetures et les fins de contrats précaires ". Pour la dirigeante, les négociations sur les restructurations ouvertes le 3 mars, dont le gouvernement s’inspirera pour rédiger sa loi, sont l’occasion de " faire entendre " et " imposer " d’ici fin 2003 cette revendication, écartée d’emblée par le MEDEF."
Le texte est surligné par nous.
Aujourd'hui, les choses sont claires : la lutte contre les licenciements a disparu du document proposé au vote, de même d'ailleurs que l'organisation des privés d'emplois. Le mot même "Licenciement" est absent du projet.
On ne saurait être plus clair : quoi que pensent les militants de cette supposée "bonne idée", qui semble bien coller à la situation actuelle, il s'agit pour la direction confédérale d'une revendication d'adaptation à la précarité et la flexibilité capitaliste actuelle. C'est d'ailleurs tout le sens du "nouveau syndicalisme" proposé par JC Le Duigou dans son livre.
Il faut donc s'y opposer franchement et, au minimum, remettre au premier plan la lutte contre les licenciements, à l'occasion de la discussion du document d'orientation proposé au 48ème Congrès.