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13 janvier 2006 5 13 /01 /janvier /2006 11:00
Vendredi 13 janvier 2006
Les cinq thèmes majeurs qui ressortent du rapport d’orientation pour le 48ème Congrès de la CGT
 
Nous avons choisi dans ces quatre articles d’aborder le rapport d’orientation en faisant ressortir les thèmes de fond qui, selon nous, charpentent la CGT qu’on veut nous proposer. Un autre article, reprendra prochainement, une à une, les 25 propositions de décisions qu’on nous soumet au vote.

Le document d’orientation est copieux (53 pages, en un préambule, trois chapitres et un rapport financier), écrit dans un langage assez compliqué, et surtout très abstrait. Un très bel exemple de langue de bois, qui nécessite un effort véritable pour saisir les enjeux qu’on cherche absolument à nous cacher. Les références entre parenthèses renvoient aux articles cités.
On notera la très forte proximité entre la logique de ce document et celle proposée par JC Le Duigou dans son livre publié à l’automne, et critiqué par ailleurs sur ce blog.
Venons-en aux faits.
 
1) La mutation du travail salarié
On va commencer par ce qui saute aux yeux. Des mots sont totalement absents du document :
·        Ouvrier(e)
·        Travailleur(se)
·        Lutte des classes
·        Profits
·        Licenciements (oui, vous avez bien lu !)
·        Le mot « Exploitation » apparaît, lui, une seule fois (I-9), mais dans un sens complètement général (« s’émanciper de toute forme d’exploitation ») et pas pour décrire la forme des relations sociales au sein de l’entreprise capitaliste.
Ces lacunes sont déjà stupéfiantes et laissent imaginer comment ils voient la société. Il y a peut-être d’autres absences aussi significatives et nous invitons nos lecteurs à les relever. Mais leur disparition est en tous les cas bien conforme aux points de vue de Le Duigou !

Par contre, on retrouve en permanence la formule « salarié(e) », et parfois les références spécifiques aux cadres et techniciens. Ce n’est pas nouveau, direz-vous, et vous aurez raison. Cela était déjà depuis longtemps un sujet de dispute dans la CGT à vouloir noyer dans le même sac un ouvrier et son contremaître, une employée et son cadre chef de service etc. Chacun(e) d’entre nous sait bien que lorsqu’il y a autorité hiérarchique, les chefs (quoiqu’ils en pensent par ailleurs) sont à pour faire passer la politique du patron (privé ou d’Etat). Ils ne sont pas de notre camp, ils représentent le camp d’en face.
Ce vieux débat (c’est celui de l’UGICT) prend aujourd’hui un coup de neuf avec la prétendue « mutation du salariat » abordée à plusieurs reprises dans le document.

C’est très peu développé et argumenté dans le rapport d’orientation. On parle de « mutation du travail », de l’importance du chômage et de la précarité, des effets de la mondialisation (I-5). On parle « des mises en concurrence entre salariés qui s’accentuent » (I-24). On prétend que « la structure et la nature des emplois changent » (I-31), du fait de la précarité, du chômage, de la féminisation. Certes, tout cela est bel et bien vrai. Mais cela n’a rien d’un bouleversement majeur. On affirme que « le travail est de plus en plus qualifié, le nombre de cadres et techniciens augmente » (I-35), sans préciser que les postes de travail sont de plus en plus déqualifiés et que de plus en plus de techniciens occupent par exemple des emplois d’ouvriers qualifiés. Il est affirmé que « les conditions de travail changent » (I-38) ce qui est évident dans leur dégradation, mais n’est pas très nouveau depuis que les patrons existent. Il est affirmé que « la finalité du travail change » (I-43), ce qui est complètement faux, car c’est encore et toujours l’exploitation qui subsiste, comme fabrique à profits, sous des formes et des évolutions qui s’adaptent en permanence aux évolutions du capital. Il est vrai que la notion d’exploitation a disparu du rapport d’orientation…
Par contre quelques constats sont justes : « l’aspiration des salariés au travail bien fait se heurte souvent à l’impossibilité d’y parvenir du fait des organisations du travail et de la logique des marchés » (I-37) (nous dirions plutôt la logique du capitalisme !), ou « les objectifs de travail heurtent de plein fouet les aspirations individuelles à se valoriser à travers l’utilité sociale de son travail » (I-48). Mais constat juste ne veut pas dire bonne compréhension ! Car c’est l’exploitation, le capitalisme et plus exactement les capitalistes qui récupèrent à leur profit ces aspirations, grâce à leur domination dictatoriale, tant au niveau de l’Etat que des entreprises. Le tout dans le tourbillon de la concurrence et de la guerre économique mondiale (termes plus précis que le mot fourre-tout « mondialisation » qui ne veut pas dire grand-chose…)

En fait, sous cette formule floue de « mutation du salariat » se cache l’idée d’un changement en quelque sorte « naturel », auquel il faudrait que le syndicalisme sache s’adapter pour se moderniser. On notera que c’était un des arguments de Edmond Maire au Congrès de la CFDT en 1982, et qui a conduit la CFDT à être aujourd’hui le premier syndicat des cadres, devant la CGC. A quel prix ? Et est-ce l’ambition de la CGT ?
Ne serait-il pas plus juste, plus opportun de lutter pour l’unité des plus exploités, ouvriers, travailleurs, chômeurs, RMIstes, précisément contre la société qui les entraîne là où elles et ils en sont ?La démocratie au coeur des transformations et le nouveau statut du travail salarié

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