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25 décembre 2007 2 25 /12 /décembre /2007 17:27
Mardi 25 Décembre 2007
[Mise à jour 31 Décembre]

RATP : encore des vagues à la CGT...

Le conflit (aujourd'hui passé) sur les régimes spéciaux n'en finit pas de faire des vagues.
En témoigne cette lettre de démission du secrétaire de la ligne 06 de la RATP. Lettre d'un certain courage, car après 32 ans de syndicalisme, il n'est pas facile d'en arriver là. Mais était-ce bien la solution ?
Le camarade souligne qu'il "démissionne" mais ne fuit pas. Tant mieux, c'est le signe qu'il ne sombre pas dans un découragement sans issue.
Mais face à l'ennemi inflitré dans nos rangs, la solution est-elle dans la démission ? Pour faire quoi, pour aller où ? Le problème est-il de "défendre la constitution", la "démocratie", le "système républicain" comme indiqué dans le courrier ? L'heure n'est-elle pas plutôt à nous regrouper, à comprendre l'origine et les causes de la trahison (non abordées dans ce courrier), à revenir sur les fondamentaux du syndicalisme de classe, sur l'affrontement entre capital et travail, l'exploitation, la guerre des classes et donc sur les solutions à la libération du travailleur ? Y revenir pour s'organiser contre ces "lieutenants du capital infiltrés dans le mouvement ouvrier" comme le disait Lénine, ces aristocrates et bureaucrates ouvriers, tellement impliqués dans la gestion capitaliste (idéologie du "service public", cogestion, participations multiples aux institutions paritaires...) qu'ils en ont assimilé la logique.
L'heure n'est pas au découragement, mais à reconstruire le mouvement ouvrier, sur une base syndicale de classe pour ce qui est du syndicalisme (et le forum du 12 janvier en est une étape), reconstruire un véritable parti ouvrier pour ce qui est de l'alternative politique !
[Les phrases soulignées le sont par nos soins]
[Mise à jour 31 Décembre] Depuis, ce courrier a été publié sur les sites Indymedia et Bellaciao, avec large débat à l'appui, en particulier sur Bellaciao. Les lecteurs peuvent s'y reporter !

Au secrétaire général de la Confédération Générale du Travail
Au secrétaire général de la fédération CGT des transports
Au secrétaire général de l’union des syndicats CGT de la RATP
Au secrétaire général de la CGT métro/RER de la RATP
Aux membres de la commission exécutive de la CGT métro/RER de la RATP

A mes camarades de lutte de la ligne 06 de la RATP

Paris le 20 décembre 2007

Cela fera, en juin 2008, 32 ans que je suis sympathisant actif, adhérent et militant de la CGT.
Aujourd’hui, je ne reconnais plus la CGT, la CGT de mes parents, ma CGT.
En près de 32 ans, des coups de gueule, des incompréhensions, des fâcheries, il y en a eu bien sûr, mais là, on atteint des sommets.
Sommets tellement élevés que des nuages d’une composition indéterminée cachent, phoniquement et visuellement, à nos responsables qui y sont perchés, la vallée parfois boueuse où nous pataugeons et nous nous débattons.

La farce du préavis du 12/12/07 est la goutte qui a fait déborder la jarre dans laquelle nageaient déjà un certain nombre de couleuvres, particulièrement ces 12 dernières années.
Je ne reviens pas dans le détail sur les évènements de ces derniers mois qui, ayant été débattus en AG, au sein de la section syndicale et ainsi qu’à la CE du syndicat sont, du moins devraient être, connus de vous.

Il me reste, entre autres questionnements ;
- Pourquoi ce qui était inacceptable il y a peu devient-il aujourd’hui acceptable ?
- Pourquoi cette contradiction entre les articles de la presse syndicale, démontrant que les moyens financiers existent pour la pérennité des régimes de retraites par répartition, y compris les régimes spéciaux, et cette mascarade de négociation dont nous ne voulions pas ?
- Sur l’autel de quelles tractations sommes nous sacrifiés ?

La base s’est exprimée clairement, verbalement et par écrit, et elle n’a pas été entendue.
Mais qu’êtes vous, qui êtes vous pour vous permettre d’ignorer l’expression des travailleurs ?
Faut-il vous rappeler que sans la base vous n’êtes rien ?
Faut-il vous rappeler que sans la base vous ne seriez pas aux fonctions que vous occupez ?

Car il s’agit bien de fonctions.
Du secrétaire de section au secrétaire général de la confédération, c’est une fonction de représentation, d’expression de la volonté du plus grand nombre.
Ce n’est pas un grade, vous n’avez pas reçu un blanc-seing !

La CGT, comme les autres syndicats, me donne aujourd’hui l’impression de n’avoir qu’un rôle de canalisation de la colère des travailleurs. De temps en temps on organise de grands rassemblements , des manifestations qui permettent de faire baisser la pression, pour éviter l’explosion. Et on est supposé accepter que soit négocié l’inacceptable…

Nous sommes aujourd’hui face à un gouvernement qui, même s’il est légitime, impose une politique à tendance totalitaire.

Alors qu’il faudrait réagir avec force aux mesures concernant les immigrés, ces mesures qui ont un fort relent de vichysme.
Alors qu’il faudrait réagir avec force à l’imposition par décrets de réformes mettant à mal d’énormes pants de notre système social et de nos droits constitutionnels .
Alors qu’il faudrait réagir avec force à l’approbation par les députés du texte de constitution €uropéenne alors que nous avons voté contre .
Alors qu’il faudrait réagir avec force à l’introduction du privé dans nos universités.
Alors que nous savons déjà que la sécu, le régime général des retraites, notre système éducatif et tant d’autres fondements de notre société vont être attaqués, laminés.
On négocie ???

Notre démocratie, notre système républicain, notre constitution sont en danger !!!
On négocie ???

Réveillez-vous !!

Je refuse de valider vos décisions.
Aujourd’hui je démissionne, je ne fuis pas, je démissionne de mes fonctions de :
- secrétaire de section CGT ligne 06 de la RATP,
- membre de la commission exécutive de la CGT métro/RER de la RATP
- délégué d’établissement
- membre du collectif B1
Je ne reprendrai pas ma carte en janvier 2008.

Salutations
Yves BERNARD

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commentaires

B
A Jeannot<br /> <br /> Message reçu !<br /> <br /> je mettrais un petit bémol sur le début du recul de la combativité de la cgt. Personnellement j’en situe le début en 1983, lorsque pour préserver la stabilié aléatoire du gouvernement de l’époque, notre syndicat a pris une position attentiste. Sans doute ne fallait-il pas commetre les mêmes erreurs qu’en 1936 ou les travailleurs voulaient tout tout de suite et que c’est parti en grève dans tous les secteurs. Mais cette position attentiste du début des années 80, nous a coutée la perte de la clause de sauvegarde des salaires et des pensions. Et déjà à l’époque on a eut beau râler, tempêter, la direction syndicale de notre cgt/metro n’a rien voulu savoir et, que je sache , dans les autres secteurs d’activités c’était la même. Je rappel pour les plus jeunes ou ceux qui ont oublié, que, grosso modo, cette clause permettai, si l’inflation était par exemple de 2% et que les augmentations de salaires avait été négociées à 1,7% d’avoir un rattrapage de 0.3% pour compenser. Celà permettais si l’ont n’avait pas d’augmentation du pouvoir d’achat ’au moins ne pas en perdre. Depuis la disparition de cette clause, de demi point en demi point (+-) nous avont perdu environs 300 à 400 € minimum de pouvoir d’achat en 25 ans.<br /> <br /> A part ça, pour info, même si je n’ai plus de carte syndicale , je garde mon mandat de DP, la défense des collègues sur le terrain, dans la ligne de solidarité, de tolérance qui reste la mienne. N’ayant a ce jour reçu aucune réponse, ni réaction de mon ex-syndicat, et connaissant l’état d’esprit de certain, je m’attend à des moments difficiles. Mais c’est en militant que mon esprit critique c’est développé et affiné. Je ne regrette pas ces années, l’école du militantisme est une sacrée école de la vie et de la connaissance des autres.<br /> <br /> Yves BERNARD
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E
Cher camarade,Merci de ton intervention.  Nous partageons ton avis que les glissements de la CGT ne datent pas de 1995 (comme beaucoup le pensent), mais sont bien antérieurs... C'est tout un long débat (qu'il faudra avoir) sur l'histoire de la CGT !En attendant, nous espérons te voir Samedi au Forum ?
G
Le fait de démissionner ainsi n'est pas une bonne idée. En effet, je suis du même avis que "eldiablo", vous ne serez que remplacer le plus rapidement possible...
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E
Sur ce blog en tous les cas, nous partageons tout à fait les points de vue de Jeannot et de Gabrielle (que nous espérons bien voir ce samedi au forum à Paris ?).Comme Jeannot, nous ne pensons pas que le fait de se désyndiquer, ou de passer à SUD (autre tentation chez d'autres cheminots CGT) soit une solution réelle, mais plutôt un contournement du problème de l'affrontement entre collaboration de classe et syndicalisme de classe au sein de nos syndicats, comme l'explique très bien Jeannot.
E
Si je peux comprendre la colère de celui qui reste et restera mon camarade, je pense qu'il fait exactement l'inverse de ce qu'il convient dans la période. La direstion de sa FD va rapidement lui trouver un remplaçant plus docile.<br /> Nous ne sommes pas dans dans la configuration d'un parti politique, d'un appareil cadenassé qui n'existe que par sa compromission dans les institutions. Nous parlons de la CGT, organisation qui fédère et confédère des organisations de base, statutaires, les syndicats et les sections syndicales.<br /> Nous ne pouvons découvrir à l'épreuve de la lutte que l'affrontement de classe ne s'arrète pas aux portes de la CGT. Cela fait 150 ans que cela dure !<br /> L'absence d'amendements et de bataille de fond dans les différents congrès des structures de la CGT, le repli militant à l'intérieur de "sa" base, le quitus systématique et l'adoption ultra majoritaire d'options réformistes dans ces mêmes congrès ne pouvaient conduire qu'à cette capitulation idéologique, amorcée en 2003 sur le sujet des retraites.<br /> L'abandon de l'objectif de changer la société, à partir des revendications sociales, date de 1995, en pleine grève. Et tous les syndicats de base ont plébiscité le leader cheminot de l'époque, devenu depuis secrétaire général de la CGT.<br /> Ce n'est pas lui qui a changé (encore que au niveau du melon), c'est nous qui avons laché le débat d'idées entre révolutionnaires et réformistes, QUI A TOUJOURS ETE PRESENT DANS LA CGT, pour céder à la dictature de l'image médiatique. Dans chacune de nos organisation de base. Raison de plus pour ne pas les déserter aujourd'hui afin de travailler à la reconquête. On peut créer un autre parti , pas une autre confédération. C'est un enseignement de l'histoire.<br /> Parole d'un secrétaire de syndicat cheminot qui s'appuie sur la démocratie syndicale, c'est à dire des adhérents qui lui ont confié cette responsabilité. Depuis longtemps et ce n'est pas le sommet qui aura ma peau !<br /> (j'ai eu 150 000 fois l'envie de tout envoyer balader mais la vraie vie, et le contact des travailleurs, mes collègues au quotidien, et particulièrement de ceux qui luttent m'ont toujours remis les idées en place)<br /> NB. si El Diablo avait la possibilité de transmettre mon commentaire à Yves, ne serait-ce que pour lui remonter le moral quelque soit sa décision pour 2008.<br /> commentaire n° : 1 posté par : Jeannot le cheminot le: 07/01/2008 21:52:24
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T
Ce n'est pas un cas isolé. Dans l'Huma, une controleuse qui s'occupe de la ligne B du RER, se pose des questions. Elle a 28 ans, monté avec son compagnon, la section CGT, contre la prése,ce d'un syndicat 'indépendant'. Elle dit: "ia grève a démarrè, mais, à la grande surprise de Sabine, elle ne fut pas longue. Quand la CGT a ouvert la porte à la négociation sur les régimes spéciaux, la veille du mouvement reconducible... ça nous a coupé les pattes...comment gérer? Que dire à tous ceux qu'elle avait préparé à tenir? Car si la CGT négocie à quoi bpn continuer?" Il faut du courage pour militer et continer. il faut tenir Sabine.
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