Dossiers

23 décembre 2005 5 23 /12 /décembre /2005 11:34
Nous publions ci-dessous le courrier transmis par les camarades au Bureau Confédéral. Ce courrier nous est arrivé de plusieurs sources, et nous avons un peu tardé à le mettre en ligne, car il nous pose quelques problèmes.
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Syndicat CGT des cheminots de Paris Montparnasse
1 rue Georges Duhamel
75015 Paris
Paris, le 1er décembre 2005.
Lettre aux membres du bureau confédéral
Cher(e)s camarade(s),
 
 
Alors que les richesses ne cessent de s’accumuler dans les poches du Patronat, le gouvernement accélère ses réformes anti-sociales : démantèlement et mise à mort des services publics, atteinte au droit du travail, casse du logement social, chômage, précarisation de l’emploi, pouvoir d’achat en chute libre, …
Aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de trouver un emploi, de se loger, d’élever ses enfants, de vivre dignement. L’insécurité sociale et la précarité sont institutionnalisées et les pauvres se comptent par millions.
La situation sociale dans notre pays est devenue extrêmement critique. Face au malaise des banlieues où le chômage sévit à près de 40 %, le gouvernement, pour toute réponse, instaure l’ordre policier. Même méthode Sarkozienne appliquée aux travailleurs qui luttent ; nous avons tous en mémoire l’intervention du GIGN contre les marins en grève.
Tout cela au nom de la concurrence et du profit ! Une politique que la majorité de la population française a refusé lors de plusieurs scrutins dont celui du référendum du 29 mai dernier avec l’ampleur que l’on sait. Pourtant le gouvernement accentue cette politique qui menace gravement l’ensemble des acquis sociaux (code du travail, garanties collectives, sécurité sociale, retraites, assurance chômage, services publics, etc.).
Face à l’ampleur des attaques, c’est bien d’une contre-offensive interprofessionnelle,

Tout à fait exact, nous partageons entièrement le point de vue des camarades. L’attaque est généralisée, sur tous les fronts , sur tous les aspects de la vie. C’est bien la riposte générale qu’il faut construire, préparer pas à pas, pour laquelle il faut convaincre les collègues, pour les motiver.
L’heure n’est peut-être pas dans l’immédiat, à la grève générale, elle est à coup sûr à sa préparation. Comme il est dit à la fin du courrier « l’heure est, plus que jamais, à la mobilisation coordonnée de nos forces »



massive et coordonnée dont nous avons besoin pour mettre un coup d’arrêt aux prétentions gouvernementales et patronales. C’était déjà notre avis immédiatement après le 10 mars, mais malheureusement, cela n’a pas été le cas. Continuant le travail de mobilisation là où nous sommes en responsabilités, nous nous sommes naturellement inscrits dans l’action confédérale du 4 octobre.
Après celle-ci, Bernard Thibault a annoncé publiquement qu’il y aurait des suites rapides à cette journée, au demeurant fort réussie, notamment chez les cheminot(e)s. 
Que constatons nous aujourd’hui ? Qu’en est-il de la coordination au niveau confédéral ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de lendemain ?

Oui, pourquoi ? Nous partageons encore une fois le point de vue des camarades. Pourquoi s’épuiser de journée sans lendemain à journée bidon ? Nous avons une réponse : la direction confédérale, comme les partis traditionnels de gauche ne veulent pas de mouvement d’ensemble qui risquerait de déboucher politiquement sur une contestation radicale de la société capitaliste. Car leur optique est celle de la cogestion (même conflictuelle), de l’accompagnement et surtout pas celle des bouleversements révolutionnaires, tout simplement.

 
Les conditions ne serait-elles plus réunies pour un mouvement de grande ampleur au niveau interprofessionnel, alors que la majorité des salariés de ce pays l’appellent de leurs vœux ?
Les luttes et le rejet massif par les françaises et les français de la politique libérale, contraire aux intérêts du monde du travail et de la nation, sont de sérieux points d’appui pour un mouvement de grande envergure dont les revendications centrales et fédératrices seraient le salaire, l’emploi et la nationalisation ou renationalisation de services publics.
Les luttes qui se multiplient, celles exemplaires des marins de la SNCM et des agents de la RTM, éclairent sur l’ampleur et la force du mécontentement mais elles sont également la démonstration des limites de la lutte, entreprise par entreprise, quand c’est l’ensemble des salariés et la société toute entière qui sont menacés.
Face aux graves menaces qui pèsent sur le service public ferroviaire, le démantèlement de son réseau au profit du Privé, la fédération CGT des cheminot(e)s a pris ses responsabilités en dénonçant l’accord « intéressement », puis en proposant aux cheminot(e)s une action reconductible le 22 novembre 2005 sur les salaires, l’emploi et la défense du service public SNCF.
Si le mouvement a été de courte durée et la mobilisation des cheminot(e)s plus faible que le 04 octobre, on peut souligner la rapidité avec laquelle le gouvernement et la direction SNCF ont ouvert des négociations. Dès le 22 novembre, Jacques Chirac intervenait sur les ondes pour rassurer et affirmer qu’il n’y avait pas de projet de privatisation de la SNCF, alors qu’il lui avait fallu 15 jours pour intervenir sur le dossier brûlant du mal être des banlieues.
Le relevé de décisions de cinq pages issu des négociations faisait état de reculs de la direction et des pouvoirs publics, soulignés à juste titre par notre fédération. En donner ici le détail n’ajouterait rien à notre propos car il nous semble que le plus important est que les cheminot(e)s en lutte, avec la CGT, ont fait la démonstration que rien n’est inéluctable

Ce point fait discussion. A lire la contribution sur ce blog d’un autre camarade cheminot, les points de vue sur le 22 novembre sont pour le moins partagés… Il faut en tous les cas en finir avec la langue de bois, parler vrai, appeler un chat un chat.
Ras le bol des « poursuivre la grève sous une autre forme » quand on est contraint à la reprise, ou de cris de victoire quand on n’a pas obtenu grand-chose. C’est notre crédibilité face aux travailleurs qui est en jeu, et les découragements et abandons se construisent aussi sur ce qu’on pourrait appeler l’optimisme factice des déclarations syndicales.

et qu’il est possible de faire reculer le gouvernement et la direction de la SNCF, possible de dire NON au principe de la concurrence, au bradage du patrimoine, à l’ouverture du réseau au privé. Possible de revenir à l’unicité de l’entreprise et de re-nationaliser les secteurs d’activités abandonnés aux appétits du Capital.

Nous ne sommes là pas d’accord du tout
, et sans développer, nous renvoyons nos lecteurs à l’article sur EDF « le service public n’est pas le service public ». Quoi donc, la SNCF nationalisée n’était pas abandonnée aux appétits du capital ? C’est quoi le bien précieux de la Nation, dont il est question plus loin, sinon celui de la bourgeoisie ? Le capitalisme s’est développé depuis plus de 150 ans soit de manière concurrentielle (entreprises privées) soit de manière étatique (services publics) selon les besoins du capital en général à un moment donné. La période change, les besoins changent, on restructure. Dans le privé comme dans le public. Les transports (SNCF) comme l’énergie (EDF) se sont développés d’une certaine manière et pas autrement, pour permettre le développement capitaliste et certainement jamais pour répondre aux besoins de tous !


Sans prétendre être la locomotive du mouvement social, il nous apparaît essentiel de s’appuyer sur cet exemple pour engager dès à présent une initiative d’action de grève et de manifestation, au niveau interprofessionnel.
Les revendications sur le salaire, l’emploi, le service public sont au cœur des préoccupations des cheminotes et des cheminots mais aussi de l’ensemble des travailleurs de notre pays. Or nous savons que ces enjeux dépassent le seul périmètre de la SNCF, et que cette vérité incontournable a probablement pesé dans la mobilisation du 22 novembre.
Au regard de l’augmentation du coût de la vie et des richesses créées par le travail, il est légitime d’exiger, non pas un SMIC à 1400 euros brut, mais un salaire minimum permettant de subvenir aux besoins vitaux, soit au moins 1500 euros par mois, une fois déduites les cotisations sociales. Comme il est légitime de réclamer le plein emploi et la renationalisation ou la nationalisation de services publics ou d’entreprises publics, prioritairement les secteurs de l’Energie, des Transports, de la Santé, des télécommunications et de l’Education qui sont les biens précieux de la Nation et doivent le rester. Il appartient aux syndiqués, dans leurs syndicats de définir précisément leurs revendications dans ce domaine mais le cap demeure celui-là.
Salaires, Emplois, Services Publics sont les seules réponses possibles pour un développement économique et social, harmonieux et durable.

Nous ne sommes pas non plus d’accord, car c’est une bien petite ambition pour les travailleurs…

Un développement économique et social, harmonieux et durable, c’est d’abord d’en finir avec l’exploitation, la dictature du capital, la loi du marché, la concurrence et la guerre économique. Cela suppose de construrie la société en fonction des besoins des travailleurs. Cela suppose de travailler sur la base de la coopération collective et pas la compétitiion individuelle. Cela suppose de bouleverser le système de production (travail à la chaîne, travail posté, travail de nuit, précarité etc.) pour mettre la femme et l’homme au premier plan, et pas la production. Cela suppose que l’on s’interroge sur la nature de ce que l’on produit (armement, nucléaire, le type des médicaments, la qualité de la nourriture, les gadgets inutiles…) et comment on les produit. Cela suppose que toutes et tous nous soyons maîtres de notre vie, sans remettre notre sort dans les mains des experts, qu’ils soient techniques, politiques ou même syndicaux.

C’est d’une révolution qu’il s’agit, dans tous les sens du terme. Alors là, on pourra commencer à parler de développement harmonieux et durable.
Arrêtons de répandre l’illusion que salaire + emploi + services publics = le bonheur ! Vous voulez vraiment recommencer le capitalisme d’Etat comme il était à l’Est ?
Non camarades, ce n’est pas ce que nous voulons, c’est bien plus, et reconstruire un syndicalisme de classe, aujourd’hui, suppose au minimum qu’on n’escamote pas le débat des échecs passés !

C’est également à partir de ce triptyque que nous pouvons fédérer et transformer le mécontentement populaire en force irrésistible. Alors ! Qu’attendons-nous ? 
Le bureau du syndicat, réuni ce jour, en appelle au bureau confédéral et à sa Commission Exécutive pour mettre en ordre de marche l’ensemble de ses structures afin d’organiser un grand mouvement d’Action regroupant l’ensemble des corporations des secteurs du public et du privé.
Après avoir promis aux salariés et citoyens de notre pays un mouvement de grève de plus grande envergure encore que celui du 4 octobre, ne pas tenir cette promesse tant attendue ne ferait qu’alimenter le doute et la résignation, contribuerait à démobiliser les forces et à entretenir le sentiment d’impuissance.
En tant que première organisation syndicale de notre pays, nous avons des responsabilités importantes dans la conduite et l’organisation de la lutte du monde du travail contre le capital. Une CGT offensive, c’est une CGT qui redonne l’espoir à des millions de travailleurs, qui affirme qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il est possible de changer les choses, possible de gagner. L’heure est, plus que jamais, à la mobilisation coordonnées de nos forces.
La candidature de Bernard Thibault comme futur secrétaire général est avancée, avant même que le congrès confédéral et le débat sur les orientations stratégiques de la CGT ait eu lieu. Est-ce à dire que le bilan sur les orientations prises depuis les derniers congrès ne sera pas fait et qu’il est envisagé de nous proposer la même stratégie ? Les orientations de la CGT et la stratégie qui en découle pour faire face à la situation actuelle, c’est, pour nous, le fond du débat. Ce débat doit avoir lieu, au préalable dans les syndicats avec les adhérents, car c’est le syndicat qui est la base de la CGT, le lieu souverain de décision des adhérents. C’est là un gage de démocratie directe. C’est donc à cet échelon que doit débuter la réflexion sur la direction confédérale.
Pour ce qui nous concerne, nous n’avons pas eu encore cette discussion, considérant qu’il fallait commencer par le début : le bilan des ces 2 ans et demi avant de définir des orientations et une stratégie et enfin de déterminer qui est à même de les conduire.
Enfin, si nous refusons catégoriquement de rentrer dans une opposition aussi vaine que fallacieuse entre Bernard Thibault et Didier Le Reste, nous ne sommes pas dupes du débat - sur la conception même du syndicalisme - que le secrétaire général de la CFDT cherche à imposer dans les rangs de la CGT, dans le cadre de son congrès. Cette ingérence inadmissible doit être condamnée au plus au niveau.
La recherche systématique de l’unité syndicale au sommet, comme condition indispensable et préalable, avec des organisations syndicales qui ont fait le choix de collaborer plutôt que de lutter, pose un problème.

A nouveau tout à fait d’accord ! Il faut souligner que cela correspond, ni plus, ni moins, à l’orientation de la Direction confédérale, fort peu différente au fond, de celle de Edmond Maire à la CFDT dans les années 80…

Que ce soit au printemps ou depuis le 4 octobre, nous ne pouvons que constater que cela a freiné, voire bloqué le mouvement social. Nous comptons bien évidemment nous saisir du congrès pour aborder cette question. Comme nous aborderons la conception de ce que nous entendons par négociation et la façon d’obtenir qu’elle soit fructueuse pour les travailleurs.
A ce moment du débat, le syndicat des cheminot(e)s de Paris Montparnasse souhaitait vous faire part des réflexions que la situation lui inspire.
Recevez, cher(e)s camarades, nos salutations fraternelles.
 
Pour le syndicat,
Le secrétaire général
Bernard Sabourin
 
Copie à la Fédération CGT des Cheminots et à l’Union des Syndicats CGT de Paris.

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commentaires

E
Comme d'habitude un appel à une grande action interprofessionnelle (sur quelles bases, pour quels débouchés politiques?), l'unité dans le syndicat sans remettre en cause l'essentiel (on lave notre linge sale en interne sans remettre en cause les politiques d'accompagnement validées par la Fédération dans le passé). Pas grand chose de nouveau donc.<br /> Deux éléments mensongers:<br /> -sur la prime d'intéressement: oui la CGT Cheminots a eu raison de s'y opposer mais elle l'a fait pour des raisons électoralistes (ne pas laisser le terrain sur cette question à Sud-Rail) alors qu'elle a accepté depuis deux ans, sans bataille, la prime individuelle d'exploitation la GEXCI donnée par les petits chefs sur des critères de "mérite" et "d'adhésion aux principes de l'entreprise".<br /> -sur la question des cheminots qui ont prouvé par la lutte qu'on pouvait s'opposer aux politiques libérales le texte met en avant la grève du 22/11 comme s'il s'agissait d'un coup de boutoir au démantèlement de la SNCF et de la privatisation en oubliant de préciser que dès le surlendemain, le Conseil des Ministres européens validaient le deuxième paquet ferroviaire avalisant l'ouverture à la concurrence du transport Voyageurs dès 2008 et la mise en place de la licence européenne de conduite des trains qui permettra à des conducteurs non-SNCF de rouler sur le réseau.<br />  <br />  
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