C'est un peu la confusion. D'un côté, les attaques tous azimuts du gouvernement Sarkozy pour avancer dans la recomposition du
consensus de classe, pour remettre en cause tous les acquis sociaux pour le plus grand bonheur du MEDEF et des grands monopoles. De l'autre, une résistance évidente et croissante
des travailleurs et secteurs concernés : la grève des cheminots en préparation s'annonce dure, la journée du 20 novembre, initialement centrée sur la fonction publique s'élargit à de
nombreux secteurs pour, jour après jour, ressembler de plus en plus à une journée de grève générale. La Fédération de la Construction, la Fédération du Verre, des UD, de
nombreux syndicats d'entreprise du privé appellent à cette journée, comme premier pas pour contrer les attaques gouvernementales.
En même temps, la mobilisation des étudiants se développe contre la loi Pécresse, et elle repart à partir de là où en était resté le mouvement anti-CPE, de la solidarité avec le monde du travail,
contre le capitalisme.
Bref, peu à peu, c'est toute la politique du nouveau gouvernement qui se trouve contestée.
Et à côté de cela, nous avons des directions syndicales, CGT en tête, qui font tout pour éviter la généralisation et la coordination des luttes, pour empêcher que le mouvement social s'attaque au
gouvernement. Des directions, CGT en tête, qui nous expliquent qu'il ne faut pas tout mélanger, que ces mouvements n'ont rien à voir entre eux, que généraliser est un leurre et une erreur. Des
directions syndicales, CGT en tête, qui en appellent au gouvernement
pour organiser la négociation avec le MEDEF, alors que ce président et ce gouvernement ont justement été élus pour attaquer frontalement la classe ouvrière
et les travailleurs en général.
Sarkozy et le gouvernement ont bien compris la situation. Ils ne cherchent pas à briser le mouvement comme l'avait en son temps fait Thatcher avec les mineurs anglais. Ils
cherchent à faire coucher encore plus les directions syndicales, CGT en tête, à les mettre à leurs bottes, tout en leur conservant leur rôle d'encadrement des travailleurs, pour le
plus grand bonheur du patronat. Mais il faut qu'ils se couchent, qu'ils reconnaissent une bonne fois qui est le chef, qui pilote l'avion, qui décide ce qui est acceptable
et ce qui ne l'est pas.
C'est l'enjeu pour le patronat et le gouvernement, et à mesurer la politique confédérale on peut craindre le pire...
De notre côté, l'enjeu est tout autre, et parfaitement clair : dans un premier temps, mettre un coup d'arrêt aux mesures gouvernementales, dénoncer l'attaque tous azimuts que nous
subissons qui n'est d'une certaine manière que la modernisation de l'exploitation capitaliste pour l'adapter à l'époque de la mondialisation et de guerre économique
exacerbée.
Et dans cette dénonciation, nous affirmons que "de cette société là, on n'en veut pas", que nous voulons un autre monde, libéré de l'exploitation, un monde de solidarité
et d'intérêt collectif, de satisfaction des besoins de la majorité, un monde où les mots "productivité", "profit", "guerre économique", "marché" n'aurait plus de sens.
Les syndicalistes de classe doivent se mobiliser massivement pour le 20 novembre, comme ils l'avaient fait pour soutenir les jeunes en lutte contre le CPE, débrayer, manifester, contre
l'attentisme et le repli organisés par les directions syndicales, CGT en tête.
Partout, nous devons informer, mobiliser, organiser grèves et débrayages. C'est dans ce sens que nous publions ci-dessous un tract intersyndical réalisé à Arras par la CGT, la FSU et
Solidaires. Un bon tract, qui peut être repris et adapté aux situations locales par les uns et les autres !
Intersyndicale Arrageoise FSU- Solidaires - CGT
c'est la création de l'unité des luttes !
En avril 2006, mis à mal par l’unité des salariés et de la jeunesse lycéenne et étudiante en lutte depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois, le gouvernement se voyait dans l’obligation d’abroger le CPE. La ville d’Arras a été une belle illustration de cette unité de luttes et du travail mené collectivement pour faire tomber le CPE.
La lutte contre le CPE a été victorieuse grâce aux combats menés par la jeunesse lycéenne et étudiante, soutenue et renforcée par les salariés : rappelons-nous la gigantesque manifestation d’Arras en avril 2006, nous étions 15 000 !
C’est dans l’unité de luttes, comme pour le CPE, c’est à dire entre lycéens, étudiants et salariés, que nous pourrons imposer une réelle solution qui permette aux salariés de partir en retraite pleine et entière au maximum à 60 ans et aux jeunes d’accéder à un emploi stable en lien avec leurs diplômes et leurs qualifications.
Aujourd’hui, le gouvernement aux ordres du MEDEF, opère en créant la division, veut nous opposer au nom de « l’équité », pour diviser le public et le privé, les salariés et les chômeurs ou les Rmistes… pour démanteler tous les droits et les acquis sociaux gagnés par les luttes : retraites par répartition, protection sociale, emplois, salaires, formations et qualifications, droit du travail, droits de l’homme…
Aujourd’hui, la nouvelle attaque contre les retraites avec en première ligne les régimes spéciaux est un artifice du patronat pour augmenter le nombre d’années de cotisations de tous les salariés et ainsi amener l’âge de la retraite à plus de 65 ans…
Le gouvernement se sert honteusement de l’augmentation de la durée de la vie pour détruire nos droits à une retraite décente après 37,5 annuités, à 60 ans maxi ou à 55 ans pour les métiers pénibles. Notre région est particulièrement concernée, puisque l’espérance de vie y est, de 7 à 9 ans, inférieure à la moyenne nationale.
Le principe de solidarité de la sécurité sociale est mis à mal : instauration de la franchise médicale 50€ par an et par personne, poursuite des déremboursements des
médicaments, le forfait hospitalier, 1€ chez le médecin…
Le déficit est aggravé par les allègements de cotisations sociales accordées aux employeurs (20 milliards d’€ en 2006 + 30 en 2007).
Le pouvoir d’achat n’a jamais été aussi bas, le nombre de travailleurs pauvres et de chômeurs aussi important.
En France 7,5 millions de personnes vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. Par contre le gouvernement vient d’accorder 17 milliards d’€ de cadeaux fiscaux aux plus riches.
Les Services Publics paient un lourd tribut à cette politique libérale : fermetures de classes, de tribunaux, d’administrations centrales, de postes, d’hôpitaux et de maternités. 22 000 emplois
de fonctionnaires seront supprimés en 2008. L’affaiblissement de la présence de l’état aura pour conséquence de pénaliser encore plus les populations les plus fragiles et les plus isolées.
Le Service public d’éducation est particulièrement visé : 11 200 emplois supprimés et une avalanche de « réformes » : loi LRU instaurant l’autonomie des Universités, suppression de 72h de cours
pour les écoliers, scolarisation des 2 ans en péril, suppression de classes et de matières d’enseignements, de formations (3000 élèves sans classes d’accueil en lycée dans le Nord- Pas de Calais
à la rentrée 2007).
Augmentation des cadences, des horaires décalés, du travail de nuit et du dimanche, mais plus de suicides, d’accidents du travail, de maladies professionnelles (+ de
1000 accidents mortels du travail et + de 500 suicides dus au travail en 2006)… Et toujours fermetures et délocalisations !
Modernisation sociale, mais remise en cause des contrats de travail, des statuts, des Conventions Collectives et du Code du Travail… fusion Assédic-Anpe pour obliger par la menace à accepter
n’importe quel emploi, polyvalence, augmentation individualisée au mérite, c’est cela la flexisécurité des parcours professionnels…
« Travailler plus pour gagner plus » démontre que l’augmentation des salaires est nécessaire. Les salariés sont chaque mois sur le fil du rasoir, beaucoup n’ont pas d’autres choix que d’accepter
de faire plus de 40, 43 heures par semaine voire plus …de travailler la nuit et le dimanche, même dans les catégories moyennes. Quelle place reste-t-il pour les loisirs, la culture, le sport,
l’éducation des enfants, les liens familiaux et amicaux ?
Le gouvernement multiplie les expulsions. De nombreux jeunes scolarisés et leurs familles vivent dans la peur d’un arrêté de reconduite à la frontière. Ils ont choisi de vivre et d’étudier en
France souvent parce que les conditions de sécurité et d’existence ne sont pas supportables dans leur pays d’origine. Chaque être humain a le droit de vivre dignement dans le pays de son
choix.
Ne nous laissons pas diviser !
Seule l’unité de luttes entre les travailleurs actifs, ceux privés d’un travail, les futurs et les anciens travailleurs, peut faire reculer les aspirations rétrogrades et réactionnaires du patronat et du gouvernement.
Aujourd’hui, la répartition des richesses en est à 70 % pour le patronat contre 30 % pour les travailleurs, et le patronat espère arriver à 80/20, voire 85/15 d’ici 5 ans, et cela passe nécessairement par la destruction des droits sociaux collectifs.
Créer l’unité de luttes, c’est inverser la tendance, c’est déplacer le curseur dans le sens de nos intérêts collectifs et du progrès social, c’est faire diminuer la part des riches pour la répartir en partant des réels besoins des travailleurs. C’est aussi lutter contre le sentiment d’être impuissant face à la machine politico-patronale, contre l’individualisme, le racisme et les discriminations. Créer l’unité de luttes, c’est faire comprendre que le Rmiste n’est pas l’ennemi du smicard ou le fonctionnaire l’ennemi du salarié du privé, mais c’est redonner aux travailleurs, à leurs parents et leurs enfants, les droits que gouvernement et patronat entendent détruire.
Nous le répétons : ce qui a été possible pour lutter contre le CPE, doit être possible pour exiger une politique sociale basée sur nos propres besoins et non pas sur celui des patrons, des financiers et des multinationales.
- C’est ensemble, public - privé - jeunesse - retraités, que nous devons lutter, contre ceux qui utilisent, qui vont utiliser ou ont utilisé bras et cerveaux, diplômes et qualifications… pour s’enrichir de plus en plus.
- C’est ensemble que nous devons lutter, contre ceux qui s’accaparent les richesses créées qui reviennent de droit aux travailleurs et à la population.
Dès aujourd’hui, dans les ateliers, les bureaux, les lycées, les facultés, les communes, les quartiers, les associations…
MOBILISONS NOUS !
L’unité nous permettra de faire échec à la politique libérale du gouvernement et d’exiger une autre répartition de la richesse produite pour répondre aux besoins de justice et de solidarité dans notre pays.
Le mardi 20 novembre : tous en lutte, tous en manifestation !
Tous en grève !
Rdv à 10h00 place de la gare à ARRAS
Contacts : FSU - 03-21-51-72-26 : Solidaires Sud - 03-21-50-36-68 : CGT - 03-21-71-06-14