Comment lutter efficacement pour la défense des acquis et la conquête de nouveaux droits
I. Dans les grèves et les mouvements
Les syndicalistes lutte de classe sont en première ligne dans les luttes à tous les niveaux (du local au national). Ils popularisent en permanence la nécessité de la lutte, la préparent par l’agitation et l’organisation et, quand les travailleurs sont prêts, en prennent l’initiative ou appuient ceux qui en prennent l’initiative. Il s’agit en toutes circonstances d’aider les travailleurs à aller le plus loin possible vers la victoire et, indissociablement, à progresser dans leur conscience de classe.
Les militants lutte de classe s’efforcent donc de mettre en évidence les conditions de la victoire, notamment les obstacles à surmonter (isolement des travailleurs en lutte, politique des directions syndicales collaboratrices et réformistes, provocations en tous genres…) et de proposer les armes les plus adéquates selon la situation (pétition, délégation, manifestation, débrayage et surtout grève, arme la plus efficace).
Mais il est également indispensable d’éclairer les enjeux généraux de la lutte du point de vue des intérêts collectifs de la classe ouvrière. Car, comme l’écrivaient Marx et Engels, « de temps en temps, les prolétaires sont vainqueurs, mais seulement pour un temps. Le fruit réel de leurs luttes réside non dans leur résultat immédiat, mais dans l’extension de l’union des travailleurs. »
Les formes et l’intensité des luttes sont naturellement diverses et variables, mais l’intervention des syndicalistes lutte de classe dans les luttes s’articule constamment, de manière adaptée à chaque situation, autour des trois axes généraux suivants :
1) Pour la démocratie ouvrière :
- Auto-organisation des travailleurs syndiqués et non syndiqués : Assemblées générales souveraines, Comités de lutte, Comités de grève ;
- Élection de responsables (syndiqués ou non) mandatés et révocables pour la représentation, les délégations et les différentes tâches liées à la lutte ;
- Dès que possible, coordination locale, régionale et nationale des AG ou Comités, par l’intermédiaire de délégués élus, mandatés et révocables.
2) Pour la convergence et la généralisation des luttes (quand il s’agit de revendications ayant une portée autre que purement locale) :
- Contre l’isolement usine par usine ou établissement par établissement quand il s’agit de revendications concernant toute une entreprise ou tout un secteur ;
- Contre l’isolement secteur par secteur quand il s’agit de revendications concernant plusieurs secteurs ou tous les travailleurs salariés ;
- Pour la centralisation nationale des luttes contre le gouvernement quand il s’agit de faire échec à une contre-réforme du gouvernement ;
- Contre les « journées d’action » atomisées, dispersées et sans lendemain, qui ne servent qu’à épuiser la combativité des travailleurs quand il s’agit de construire une grève générale ou un mouvement d’ensemble pour gagner ;
- Pour l’unité des organisations ouvrières sur la base des revendications définies par les travailleurs en lutte.
3) Pour la dénonciation des « syndicats » jaunes, briseurs de grève et collaborateurs :
- Dénonciation du « syndicalisme d’accompagnement », des « diagnostics partagés », de la participation des représentants syndicaux aux « négociations » sur les contre-réformes ;
- Dénonciation des accords patronat-syndicats qui organisent la régression sociale ou maintiennent un statu quo sans la moindre tentative de lutte ;
- Dénonciation des directions syndicales qui refusent de soutenir les grèves ou qui ne les soutiennent qu’en paroles, exigence qu’elles prennent leurs responsabilités en se battant contre l’atomisation des luttes, pour leur convergence et leur généralisation.
II. Dans les syndicats
1) Les militants lutte de classe sont en première ligne pour la construction des syndicats issus du mouvement ouvrier (avant tout la CGT et la FSU, mais aussi SUD, FO…) et des syndicats étudiants de lutte. Il s’agit de toute faire, en toutes circonstances, pour construire et renforcer ces instruments élémentaires de la lutte et de la conscience de classe. De ce point de vue,
- il est particulièrement important de développer les syndicats dans les grosses entreprises, où les travailleurs sont nombreux et concentrés et détiennent ainsi entre leurs mains les plus puissants leviers de toute la lutte de classe du pays ;
- il est crucial de syndiquer massivement les secteurs les plus exploités et opprimés du prolétariat (intérimaires et précaires, immigrés, jeunes et femmes), car leur situation même rend vitale la défense de leurs intérêts et leur donne souvent une grande pugnacité dans les luttes.
2) Il est indispensable et urgent de lutter contre la bureaucratie syndicale. Celle-ci est constituée par une bonne partie des permanents, dirigeants et cadres syndicaux, qui utilisent le syndicat non pour renforcer la classe ouvrière, mais dans leur intérêt personnel, pour collaborer avec le patron ou le gouvernement et sans faire vivre démocratiquement le syndicat. La bureaucratie est donc une couche sociale qui gangrène le mouvement ouvrier de l’intérieur : elle doit être combattue en toutes circonstances. Les syndicalistes lutte de classe luttent ainsi pour la réappropriation des syndicats par les travailleurs et pour la démocratie syndicale la plus rigoureuse :
- Réunions régulières des adhérents, qui doivent pouvoir participer pleinement à la vie et aux décisions du syndicat, leur propriété collective ;
- Élection des responsables syndicaux, révocation de ceux qui trahissent les mandats ou manquent d’esprit de lutte, contrôle des livres de compte et des décharges horaires par les syndiqués ;
- Congrès et votes organisés démocratiquement, avec droit de parole pour tous les syndiqués à la base et pour tous les délégués aux congrès, droit de voter contre les textes, droit de présenter des amendements et des motions, qui doivent être tous soumis au vote par la tribune.
3) Pour une confédération ouvrière de lutte de classe, unifiée et démocratique, renouant avec les principes qui ont présidé à la création de la CGT. La dispersion des syndicats issus du mouvement ouvrier est un facteur d’affaiblissement de la classe ouvrière : l’union fait la force. C’est pourquoi les militants syndicaux lutte de classe se prononcent pour l’unification des syndicats du mouvement ouvrier sur une base de lutte de classe et, en attendant, pour l’unité dans les luttes dès que les revendications convergent.