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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 15:19
Jeudi 24 Mai 2007

Un article de Liaisons sociales du 25 avril 2007 qui a fait quelque bruit !
LS 25/04/2007

Que nous apprend ce sondage, pour ce qui nous concerne, nous militants CGT ?
Que les syndiqués et électeurs CGT se sentent proche, dans un ordre décroissant, de
  • Ségolène Royal
  • Jean-Marie Le Pen
  • François Bayrou
  • Nicolas Sarkozy
  • Olivier Besancenot
  • Marie Georges Buffet
les autres venant à la suite. Ce résultat mérite deux remarques :

La première est la persistance d'une forte influence du Front National dans la CGT, connue par les militants, parfois combattue, souvent honteusement ignorée. Nous avons tous des exemples de militants syndicaux CGT, voire de sections entières appelant sur le tas à voter Le Pen. Nous nous souvenons de ces délégués ouvriers fêtant en 2002 la présence de Le Pen au deuxième tour.
Ce n'est sans doute pas un hasard si la Confédération vient de ressortir
un argumentaire consistant pour lutter contre les idées du FN : il y a du ménage à faire dans nos rangs !
Mais il faut aller plus loin, et comprendre comment ces idées ultra-réactionnaires ont pu s'implanter durablement dans des secteurs importants de la classe ouvrière, et jusque dans les rangs syndicaux. On peut en dégager quelques raisons.

L'une tient d'abord à la politique économique développée pendant des années dans la confédération, face aux restructurations et aux délocalisations : le "Non aux importations", le "Fabriquons français", le nationalisme ou la défense de l'entreprise, bref le chauvinisme d'entreprise et le patriotisme économique ont fait des ravages dans les consciences : le raccourci est vite fait avec le "Fabriquons français avec des Français" de Le Pen.
Seul le syndicalisme de classe qui affirme qu'il ne faut défendre que l'intérêt des travailleurs, et rien d'autre, rompre complètement avec la défense de l'entreprise et de la nation peut venir à bout de ces racines nationalistes encore vivaces quoique plus subtiles aujourd'hui.
La deuxième raison est directement liée à la première. Pendant fort longtemps, les réformistes de la CGT ont renforcé la concurrence entre travailleurs, entre travailleurs français et immigrés. Plus personne ne se souvient de la grève de Talbot, en 1984, où les travailleurs des chaînes automobiles ont dû s'affronter aux ouvriers français plus qualifiés soutenus par la CGT. On a oublié les grandes luttes immigrés négligées par le syndicalisme officiel. C'était une marque de l'aristocratie ouvrière des grandes entreprises de s'opposer aux masses ouvrières immigrées. Et cela a laissé de lourdes traces, tant dans la méfiance des travailleurs immigrés plus âgés vis à vis de la CGT que dans les consciences d'une partie des militants CGT.
Aujourd'hui, les choses changent un peu. La CGT affirme lutter contre la concurrence entre ouvriers, lutter contre le travail clandestin. On en voit des résultats à Modeluxe (91), Métalcouleur (94) ou OSP (93) lorsque UD et UL prennent la défense de sans-papiers travaillant au noir, dans les interventions des UL en défense des sans-papiers (Montbeliard) ou le 1er mai à Marseille lorsque la manifestation se détourne pour empêcher l'expulsion (CGT marins et du port en tête) d'un sans-papier vers l'Algérie. Mais cela n'empêche pas
l'expulsion honteuse du 9ème Collectif de la Bourse du Travail de Paris, argumentaire particulièrement pourri à la clé... Il y a encore beaucoup de chemin à faire, car cette prise en charge est encore trop faible, trop souvent le fait (encore une fois !) de syndicalistes combatifs et honnêtes, la base de la persistance d'un véritable syndicalisme de classe.

La deuxième remarque est que c'est désormais Olivier Besancenot qui illustre le mieux pour les syndiqués et électeurs CGT la voie de la lutte. On est bien loin de l'époque de la fusion entre PC et CGT ! Aussi, quand certain(e)s parlent encore du "Parti" dans notre confédération, on pourrait largement être perfides et demander "quel Parti ?".
Olivier Besancenot a fait une campagne offensive, sans concessions, une campagne qui a attiré la sympathie des jeunes, des ouvriers, des prolétaires; une campagne sans concession à l'égard du capitalisme et du jeu politicien.. Marie-Georges Buffet a fait une campagne incertaine, partagée entre une tentative d'image de lutte et les affirmations répétées de sa volonté de gouverner avec un PS largement discrédité dans notre confédération. Et oui, il y a des sièges de députés et de maires à sauver !
Ce qui est rassurant, c'est que les syndicalistes CGT ne sont plus dupes, et que la fraction la plus combative est en train de rompre avec la collaboration de classe ouverte des anciens dirigeants.

Ce qui est préoccupant, quand même malgré tout, c'est que la gauche radicale (ne disons même pas révolutionnaire...) ne regroupe explicitement qu'à peine 20% des syndiqués et électeurs CGT, et encore en comptant MGB, pour qui le terme de radical est largement usurpé ! Le réalisme (vote Royal) est encore bien fort, et il nous reste à beaucoup travailler pour renverser la vapeur !

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commentaires

U
j'observe dans mon entreprise des éléments qui confirment vos commentaires.<br /> Quelques remarques malgré tout :<br /> <br /> à propos du chauvinisme d'entreprise et du chauvinisme tout court vous écrivez "le raccourci est vite fait avec le "Fabriquons français avec des Français" de Le Pen."<br /> J'ajouterai que ce chauvinisme inquiet du développement des pays émergents, traverse la plupart des partis qui se sont présentés aux élections, de Sarkozy à Royal en passant par M.G.Buffet, et qu'il s'apparente tout bonnement à ce qu'il est convenu d'appeler l'Union sacrée.<br /> C'est d'ailleurs un discours tenu couramment par les chefs d'entreprise. <br /> <br /> Vous écrivez aussi : "Olivier Besancenot a fait une campagne offensive, sans concessions..." au détail près qu'il a quand même appelé à voter pour les socialistes de la même façon que M.G. Buffet.
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P
Ce « sondage » est à prendre avec les plus extrêmes précautions.<br /> <br /> - Ce "sondage" ( CSA - CISCO pour LIAISONS SOCIALES) a été réalisé auprès de 5 009 personnes.<br /> - le taux de syndicalisation des salariés est de 8,2% (source DARES)<br /> - le nombre de syndiqués interrogés est donc 410 personnes environ<br /> - le nombre de syndiqués CGT est au mieux de 3% (chiffre optimiste)<br /> - 150 syndiqués CGT auraient donc été "interrogés"<br /> et on en tire un "échantillon" représentatif du vote des syndiqués ?<br /> De qui se moque-t-on ? La manipulation est plus qu'évidente !!!<br /> <br /> S'il est à peu près certain que :<br /> <br /> - les syndiqués CGC sont de droite (Sarkozy)<br /> - les syndiqués CFDT, CFTC idem, puisqu'ils soutiennent les réformes de droite : retraite, santé, assurance chômage; pour ce qui est des dirigeants de la CFDT et CFTC, cela ne fait aucun doute.<br /> <br /> Le refus de la CFDT de prendre position vis à vis des deux candidats, pire encore de refuser un "troisième tour social" est plus qu'un aveu !<br /> <br /> lire, du Chérèque en Bois : "Un « troisième tour social » serait « antidémocratique »" http://www.cfdt.fr/actualite/presse/media/actumedia263.htm<br /> <br /> <br /> Quelles autres conclusions peut-on tirer vis à vis des autres syndicats ? A peu près aucune !<br /> <br /> Mais quand même : on peut constater que la "dépolitisation" de la CGT, le refus de donner toute "consigne" de vote, sont un vrai désastre qui conduit à la confusion la plus totale.<br /> <br /> Quoi d'étonnant que Besancenot soit mois en avant ? On l'a bien plus vu à la TV que MGB ! et dans les journaux, on n'aura vu que lui et Bové ! Les médias avaient bien plus intérêt à montrer des candidatures soit disant "radicales".<br /> <br /> On constate dans les discours, lors des réunions CGT, un refus du PCF relayé par les dirigeants de la CGT...<br /> <br /> et la déclaration du bureau confédéral est consternante et manque pour le moins de combativité !<br /> <br /> lire http://www.cgt.fr/internet/html/lire/?id_doc=5085<br /> <br /> Et les remarques de Nicolas à propos des syndiqués CGT immigrés sont fort justes.<br /> <br /> A propos des Sans Pap' :<br /> - sans approuver l'expulsion du 9° collectif, je remarque que le 9° est totalement à l'écart des autres collectifs de sans pap', n'a aucun appui de la CNSP, et que son action était dirigée contre les syndicats de l'UD, et singulièrement la CGT. Dans cette affaire, il est curieux qu'il ait bénéficié de l'appui d'éléments de SUD, alors que d'autres militants SUD ont participé à l'expulsion. J'ajoute que des militants CGT très impliqués dans le mouvement des sans pap' ont fortement critiqué l'action du 9° (sur ce point);<br /> - au delà du soutien que j'estime parfois de façade des instances de la CGT, de très nombreux militants CGT sont engagés auprès des collectifs de sans pap'
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N
Quelques réserves sur cette note :<br /> <br /> Une question de méthode : que représente un sondage à partir d’une élection, et en particulier ces élections présidentielles, si confuses dans ces résultats ? Une photo très déformées, mais pas un film ! Il aurait donc fallu le comparer aux précédents sondages pour apprécier l’évolution du « vote des sympathisants ou syndiqués CGT ».<br /> Il aurait fallu tenir compte aussi que de nombreux syndiqués CGT sont immigrés sans droit de vote, donc hors sondage ; tenir compte également des syndiqués CGT abstentionnistes ou non inscrits, pour porter un jugement s’approchant de la réalité subjective des syndiqués CGT.<br /> Sans compter qu’il faudrait savoir qui sont ces syndiqués CGT : ouvriers ? employés ? techniciens ? cadres ?… <br /> A partir de là, on aurait pu voir ce que nous « apprend ce sondage » réellement sur les tendances de l’électorat cégétiste. On aurait pu discuter des causes qui amène à voter Le Pen, Besancenot ou Royal et comment faire évoluer les sympathisants ou adhérents CGT. <br /> <br /> Nicolas
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E
Tout à fait exact.Il n'empêche que ce sondage, pour limité qu'il soit, confirme ce que nous voyons dans notre syndicat (influence de Le Pen d'un côté, de Besancenot de l'autre, au moins). Et à ce titre, il mérite d'être commenté, même rapidement, et sans attendre de plus amples développements qui ne viendront sans doute jamais... Et l'article n'en reste pas à commenter, mais propose un début d'explication, c'est cela qui mérite débat, non ?