LA GREVE EST SUSPENDUE, MAIS LA LUTTE POUR LES SALAIRES CONTINUE !
Nous avons décidé de reprendre le travail aujourd’hui mercredi matin. Nous rentrons la tête haute, fiers d’avoir tenu en échec PSA, une des plus grosses entreprises du pays, pendant 6 semaines.
Pendant toute cette grève, nous avons porté haut et fort les revendications de salaires (300 € d’augmentation et 1500 € nets de salaire minimum), d’embauche des intérimaires et du départ en retraite de nos camarades de plus de 55 ans.
Par la durée de notre grève, nous avons montré que nos revendications sont légitimes et indispensables à l’ensemble des travailleurs. Aujourd’hui, dans le pays, plus personne ne pourra dire qu’on est bien payé dans les usines d’automobile.
Bien sûr, nous n’avons pas gagné pour le moment sur nos revendications essentielles. Mais, le mouvement restant limité à 500 grévistes, il n’était guère possible d’obliger PSA à lâcher une augmentation de salaire. Nous savons cependant que ces revendications concernent tous les salariés, et beaucoup nous l’on dit ou nous l’ont fait sentir par une attitude fraternelle, sans être encore prêts à suivre notre exemple.
Nous avons démontré qu’il était possible de s’organiser et de lutter à plusieurs centaines ensemble et longtemps. Ce que nous avons été capables de faire, nous sommes persuadés que bien des travailleurs dans les autres usines peuvent le faire aussi. Puisque la direction dit que c’est un problème au niveau du groupe, nous en concluons que la prochaine étape sera de mener une lutte au coude à coude avec les salariés des autres usines. C’est en cela que notre grève est un premier pas.
Une force collective avec laquelle PSA devra compter
Pendant 6 semaines, nous étions plus de 500 travailleurs à lutter ensemble dans l’unité. Ce chiffre est resté stable presque jusqu’à la fin.
Notre organisation. Nous nous sommes organisés et restés maîtres de notre mouvement. Nous avons élu un Comité de grève où étaient discutées toutes les propositions. Les syndicats qui soutenaient la grève étaient présents, mais aussi des non syndiqués : embauchés, intérimaires, opérateurs, moniteurs, c’est dire que le comité était représentatif des grévistes ! Toutes les décisions ont été votées en Assemblée Générale et appliquées par tous. Avec le comité de grève, nous avons fait l’expérience d’une organisation démocratique, où les idées de chacun étaient respectées dans l’unité.
Pendant 6 semaines nous avons fait beaucoup de choses et vécu des moments inoubliables.
À Aulnay, nous avons discuté en permanence avec les non-grévistes, ce qui nous a permis de conserver leur sympathie jusqu’au bout. Et soyons certains qu’ils seront nombreux au gala de samedi, comme ils ont été nombreux à venir à la manifestation de Barbès. Au total pendant ces 6 semaines de grève, c’est plus de 1000 ouvriers qui ont fait au minimum un débrayage ! 1000 ouvriers qui ont manifesté leur opposition au patron et qu’on sait pouvoir retrouver dans les luttes futures.
Dans le groupe, des débrayages ont eu lieu dans toutes les usines, y compris dans celles qui d’habitude ne débrayent jamais. Au total, ces débrayages ont rassemblé plus d’un millier d’ouvriers, qui pour beaucoup faisait grève pour la première fois. Ce ne sera certainement pas la dernière. Nous sommes allés à Gefco Survilliers, à PSA Saint-Ouen, à PSA Poissy.
En plus de PSA, nous avons touché un grand nombre de salariés grâce à nos nombreuses visites dans le département et ailleurs. 5 candidats à la Présidentielles sont venus nous apporter leur soutien. Les leaders nationaux de la CGT et de SUD sont également venus. Toutes les grandes chaînes de télévisions ont couvert notre grève. La dernière, ARTE, est venue hier.
Nous avons fait condamner PSA devant le tribunal !
Nous avons manifesté devant la préfecture de Bobigny, devant le ministère du travail. Nous avons réuni au moins 1000 personnes de l’usine un samedi sous la pluie. Nous avons manifesté 3 fois devant le siège de la Grande Armée. La dernière fois c’était hier. Nous y retournerons, soyons-en certains, et à bien plus nombreux !
C’est en pensant à tout cela, que beaucoup d’entre nous retournons au travail. Et ces rapports fraternels, nous les verrons refleurir dans d’autres luttes, dans d’autres grèves.
Grâce à la grève, nous nous sommes renforcés.
- Notre grève et les revendications que nous défendons sont largement connues et auront d’autant plus de chances d’être reprises par d’autres.
- Tout ce que nous avons appris lors de ces 6 semaines nous servira lors des prochaines grèves.
- Grâce aux liens de solidarité et de confiance que nous avons créés, nous sommes en meilleures position pour nous défendre à l’intérieur même de l’usine contre les attaques de la direction.
2 protocoles de fin de grève ont été signés avec l’accord des grévistes. Dans l’un, la direction s’engage à ce qu’il n’y ait aucune sanction contre les grévistes pour des faits liés à la grève et à payer 4,5 jours. Dans l’autre, elle accorde quelques avantages à l’ensemble des salariés d’Aulnay.
Sans l’emporter sur nos revendications essentielles,
voici ce que la grève a obtenu pour l’ensemble des salariés d’Aulnay
- Le prix des transports est divisé de moitié. Ceux qui utilisent aussi les transports publics ne paieront plus que 4 € par mois. Et sur les grandes lignes, le gain est de 18 €
- Pour les repas la direction s’engage à proposer un plat complet équilibré et différent tous les jours à 2 €; le gain financier sera au minimum de 12 € par mois
- Pour les séances supplémentaires que la direction avaient prévues, elles seront au volontariat, sauf une seule obligatoire.
Travailleurs intérimaires, la direction s’engage à ce que :
- Les intérimaires soient payés la fin du mois au lieu du 12 du mois suivant;
- Les fiches de paye soient plus lisibles et que les noms des primes soient les mêmes que PSA;
- A ne plus travailler avec des agences dont les pratiques douteuses sont avérées (Crit à été cité).
Moniteurs
- La direction a fini par reculer sur le fait d’utiliser le Certificat (CQPM) pour élimer des moniteurs;
- Elle aussi renoncé à obliger un moniteur à rester en poste toute une journée;
- Et s’engage à revoir les récentes sanctions;
Prime de grève
- 125 € pour tous (75 € en avril, 50 € en mai)
Tout ceci reste limité, néanmoins, il a fallu, même sur des revendications aussi simples, une grève pour arriver à faire bouger la direction.
Continuer à se voir et à s’organiser : Si le comité de grève disparait avec la fin de la grève, nous pouvons continuer à discuter, à rester en contact, à nous réunir en assemblée générale, et à se syndiquer.
Maintenant, Tous rendez-vous au Gala de soutien
le 14 avril au gymnase Henri Wallon à Bobigny
Ce journal du comité de grève est le dernier. Il a pendant 26 numéros été le porte parole des grévistes. Ce journal n’a plus de raison d’être, mais il a tenu une dernière fois à dire la vérité sur notre grève.
Le Comité de Grève
soutenu par la CGT, CFDT, SUD, l’UNSA
Aulnay, le 10 avril 2007