Mercredi 5 septembre 2018
Rentrée scolaire : un Bac pro de classe encore plus formaté !
Blanquer enfile réforme après réforme. Avant Parcoursup il annonçait au mois de mai la réforme du Bac Pro – celui qui concerne pour l’essentiel les jeunes des milieux populaires.
On trouvera à la suite les détails de l’analyse des syndicats d’enseignants. Ce qu’il faut en retenir :
- Diminution très importante de l’enseignement général, en nombre d’heures total.
- Développement de la « co-intervention » entre enseignement général et enseignement professionnel, autrement dit on apprendra l’anglais pour lire une notice technique, le français pour un entretien téléphonique etc. Fini la culture générale, c’est l’utilitarisme comme ligne de conduite.
- Déspécialisation des filières, pour les rendre plus généralistes et flexibles. Et tant pis si le Bac Pro ne peut plus permettre l’accès au BTS, ce qui était le cas pour certains auparavant.
L’objectif est limpide, et dans la continuité de l’évolution du marché du travail avec la concurrence renforcée dans la crise mondialisée.
En vrai, le Bac Pro, c’est un diplôme pour les jeunes, pas pour les former, leur donner une culture générale critique, leur apprendre un vrai métier. Le Bac Pro, c’est d’abord un diplôme dont l’objectif est de formater des jeunes dociles, de vérifier leur soumission à l’ordre et la discipline et les sélectionner sur cette base, pour les envoyer ensuite faire de « bons ouvriers » dans les centres d’exploitation capitaliste.
Voilà des années que pour aller sur les chaînes automobiles, en intérim sur les postes les plus durs, il faut présenter le Bac Pro. Pour quoi faire ? Juste pour vérifier qu’on a un ouvrier qui respecte les horaires et les consignes. Alors l’histoire et le français, vous pensez…
La diminution du français, de l’histoire, des maths pour le Bac Pro, c’est cela, ces matières ne servent à rien pour le capitalisme. Déjà, c’était le seul bac où il n’y avait pas d’enseignement de la philosophie : pas besoin, les ouvriers n’ont pas à réfléchir par eux-mêmes, surtout pas !
L’enseignement général critique, cela risque d’en faire des travailleurs qui réfléchissent et donc qui risquent de se rebeller !
La période change, la crise exige une main d’œuvre encore plus flexible et soumise, et même l’apprentissage et les réformes précédentes des exploiteurs ne répondent plus aux besoins. Alors la réforme Blanquer, c’est un pas de plus pour satisfaire les demandes des patrons, petits et grands, une main d’œuvre formatée, docile et soumise.
Pour ce faire, Blanquer (qui ne cesse de répéter qu’il veut des enseignants « plus performants ») va faire pression sur les enseignants des filières pro, et là où se concentrent une majorité de professeurs contractuels non titulaires. Des professeurs sans aucune formation et qui subissent d’énormes pressions de la hiérarchie, corvéables à merci et facilement éjectables. Ce qui soulève à la fois un enjeu supplémentaire sur l’embauche d’enseignants statutaires qualifiés dans ces filières méprisées et en général le rejet du management libéral dans l’éducation nationale.
La dénonciation est timide, la mobilisation est faible. Mais on voit qu’il y a quand même une réaction, à la fois syndicale (voir l’appel intersyndical à Orléans, et le tract de la CGT) et chez les enseignants : on lira également avec profit la tribune ci-dessous parue en juin dans Libération.
Alors, c’est la rentrée, et c’est l’occasion dans tous les syndicats, dans tous les établissements pro, de mettre l’affaire sur le tapis, y compris avec les jeunes.
Le capitalisme, c’est la catastrophe, c’est l’exploitation, c'est la soumission. Les travailleurs doivent pouvoir se former pour comprendre leur vie, et donc pouvoir lutter pour un avenir meilleur !