Mardi 12 juin 2018
Blocage des raffineries : la FNIC dénonce la FNSEA !
La FNSEA, le syndicat des agros-capitalistes paysans prétend bloquer les raffineries pour empêcher l’importation d’huile de palme et privilégier l’huile de colza qu’ils produisent comme agrocarburant.
La Fédération CGT de la Chimie vient de publier un communiqué particulièrement intéressant qui met les points sur les i et les barres sur les t – comme on dit. Nous le reproduisons ci-contre en intégral.
D’abord pour souligner que le colza ne vaut pas mieux que la palme, et que les agrocarburants sont des incohérences énergétiques qui ne sont que prétextes à nouvelles subventions, à grands renforts de déboisement, d’engrais et de pesticides, en Asie, au Brésil ou en France. L’exemple parfait de cette agriculture capitaliste chimique qui détruit la planète et la vie des populations.
Ensuite pour souligner l’importance croissante de la chimie et de ses dérivés dans l’agriculture, et la soumission du gouvernement devant le lobby agro-industriel, le glyphosate en est la dernière preuve. Ainsi que la mansuétude vis-à-vis du blocage des raffineries, alors que nous avons tous en mémoire les violents affrontements lors du conflit sur la loi Travail…
La FNIC pose sur le tapis une question essentielle : de cette société-là, de cette agriculture, de cette chimie, on n’en veut pas ! Et ça nous oblige à réfléchir, au-delà même de l’action des agro-capitalistes.
Les risques chimiques prennent de plus en plus d’importance dans la société moderne, avec de lourdes incidences sur les travailleurs au premier chef : c’est au moins 10% de la population salariée qui est soumis au moins à un risque, dans la construction, la maintenance, la santé. Les procès contre les produits CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) se multiplient, comme ceux des Verriers de Givors ou de Goodyear, les deux autour des graisses à moules (de bouteilles ou de pneumatiques). Aux Antilles, le chlordécone (traitement d’une maladie de la banane) a fait des ravages et continue de le faire malgré l’interdiction, comme l’amiante pour des décennies encore. Et on se rappelle AZF, le sang contaminé, les maladies du plomb et de l'arsenic, etc. etc.
Mais aujourd'hui, le risque chimique sort de l’usine ou du chantier, via la pollution, l’alimentation trafiquée, les médicaments pourris et les divers rejets industriels. Alors, on en parle plus… et c'est une bonne chose même si ça donne un peu l’impression qu’on oublie les premières victimes, les prolétaires.
Les risques chimiques, comme le nucléaire, comme la précarité et la pénibilité sont au cœur du capitalisme et du taux de profit. De plus en plus, tous les enjeux écologiques vont prendre une importance croissante dans la contestation de cette société d’exploitation barbare, qui sacrifie sans aucun scrupule les travailleurs et la nature. Il ne s’agit plus de « meilleure répartition des richesses », de miettes à partager, il s’agit de la manière même dont la production se développe…
Comme la FNIC, comme les Verriers de Givors, il faut que les syndicats CGT intègrent cette dimension fondamentale de la critique du capitalisme, pour être capable de savoir non seulement ce que nous ne voulons pas, mais aussi ce que nous voulons, la société que nous voulons construire.
Fin juin, une « marche des cobayes » partie de Fos sur Mer arrivera à Paris, sur ce thème des risques chimiques. Ah, bien sûr, c’est très écolo, très réformiste, mais le fond est juste et l’interrogation pertinente. Il faut que nos syndicats y soient présents pour affirmer un point de vue de classe, on en reparlera !