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22 mai 2018 2 22 /05 /mai /2018 15:54

Mardi 22 mai 2018

Marée populaire du 26 mai : de cette société-là, on n'en veut pas !

 

Initiative inédite samedi prochain. Syndicat, partis politiques et associations marcheront ensemble dans toute la France, contre Macron et son monde.

Dans la foulée de la grève des cheminots, des grèves de la santé ou plus largement des fonctionnaires, c’est un cran plus haut que la barre est mise, pour rassembler largement et tenter de bloquer le gouvernement.

C’est bien, il faut en être, regrouper les forces, coaguler les résistances, construire le front commun nécessaire contre l’ennemi, le grand capital qui est à l’offensive, Macron en tête – vous avez remarqué comment Gattaz est silencieux ? Il nous faut un quartier général, aux ouvriers, aux travailleurs, aux prolétaires, et c’est l’occasion d’y travailler.

« Tous ensemble ! », c’est le mot d’ordre de tous les participants, avec l’espoir que ce sera le début de la contre-offensive.

 

Alors pourquoi ce léger malaise qu’on ressent, ce manque d’enthousiasme, ce sentiment qu’il y a quelque chose qui ne colle pas ?

Pourquoi cette détermination dans les secteurs vraiment en lutte (cheminots), bien sûr chez les militants les plus activistes, dans les structures syndicales (le CCN a tordu le bras à Martinez pour y participer, quand même…), et le manque d’écho autour de nous ? Ou plus exactement des échos différents… Peu de monde finalement avec les fonctionnaires, pas d’effervescence, pas de vraie mobilisation. Pas d'appel à la grève pour celles et ceux qui travaillent samedi - et ils sont nombreux, peu ou pas d'affiches, de tractages...

 

Il y a le vieux conflit entre syndicalisme et politique. Martinez qui ne veut pas servir la soupe à Mélenchon en quelque sorte. Alors on ne lui donnera pas tort pour ce qui est de Mélenchon, mais ce qui est sûr, c’est que l’heure est à l’alternative politique. Le capitalisme ne cesse de se dévoiler pour ce qu’il est face aux secteurs populaires : plus de précarité, de pénibilité, de misère, plus d’expulsions, la santé, l’éducation, le logement qui se détraquent, plus de matraques et de répression, l’armée contre les quartiers populaires, les manifestations, les militants, plus de racisme, de sélection, d’individualisme…

Martinez peut pleurnicher, c’est bien d’une réponse politique que nous avons besoin. Car la réponse syndicale, en tous les cas celle que nous propose la CGT, n’est que l’illusion d’un capitalisme à visage humain, avec des « droits nouveaux de haut niveau » (lol !), au mieux parfumé au programme du CNR d’il y a 75 ans, autrement dit qui n’a plus aucun sens dans le monde d’aujourd’hui.

 

Le problème, il est là. Personne ne croit au programme de la CGT, parce qu’on comprend – un peu – que le capitalisme à visage humain, les bourgeois n’en veulent pas et que ça ne peut pas marcher. Personne ne croit au programme de Mélenchon pour la même raison, doublée de patriotisme et de relents malsains au niveau international (Syrie, Russie, Venezuela…).

Il n’y a pas d’alternative politique crédible, au sens d’un projet susceptible de créer l’enthousiasme et la pêche, de mobiliser les ouvriers et travailleurs de toutes nationalités. On notera, en passant qu’aucun projet n’ose encore se positionner d’un point de vue de classe. Ah non, on met tous les salariés dans le même sac, de l’ouvrier sans-papier au cadre supérieur, pour arriver aux « gens » de Mélenchon… Sans parler non plus du silence complice autour de la gestion coloniale des quartiers et du racisme. De quelle "société", de quel "système" parlent-ils donc ? Qui défendent-ils donc tous réellement ?

 

Alors samedi, on en sera, pour bloquer Macron. Mélenchon en sera, la CGT en sera. Le PC en sera, et beaucoup d’autres, le NPA, LO, et même – ce qui est nouveau – les collectifs des quartiers populaires (voir notre autre article sur la question « Le collectif La Vérité pour Adama appelle au 26 mai, dans le cortège de tête »).

Mais chacun sur son projet, aucune unité et même aucun débat. Quand ce n’est pas la méfiance explicite, et parfois légitime (voir le collectif Adama).

 

Certains s’en moquent et même s’en félicitent tant ils rêvent à la grève générale comme moyen de changer de politique… Ils devraient réfléchir trois secondes à l’heure où nous commémorons les 50 ans de mai 68 !!! (voir notre article « Mai 68, notre histoire, nos espoirs, nos bilans… »). Deux semaines après la fin de la grève générale, les élections mettaient en place un parlement à 80% gaulliste !!!

Il serait peut être temps aussi de réfléchir à ce fléau qui pervertit et mène à l’échec le mouvement social, empêche les militants les plus avancés de réfléchir, de prendre leurs responsabilités, et qu’on appelle l’anarcho-syndicalisme : cette illusion du renversement politique par l’accumulation des luttes, comme si un projet révolutionnaire pouvait surgir spontanément à partir des des grèves et manifestations. Nous renvoyons à deux anciens articles de ce blog : « La Charte d’Amiens de 1906, pour ou contre » et « L’anarcho-syndicalisme au début du XX° siècle ». Jamais la coordination des luttes n’a débouché  sur une grève générale politique, avec un projet révolutionnaire qui surgit du néant…

 

Alors oui, nous en serons, pour participer à ce rassemblement et pour regrouper notre camp. A Paris nous défilerons avec le collectif La Vérité pour Adama, ailleurs nous participerons en toute autonomie sans laisser rêver à un « grand soir » « tous ensemble » encore lointain.

Pour bloquer Macron, il nous faut Conscience et Organisation. Sans cela, la résistance n’aura aucun lendemain et tous les réformistes sauront nous entraîner dans les impasses qu’ils connaissent si bien !
 

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