Dimanche 13 septembre 2015
Temps de travail : les simulacres et le vrai combat
On n’arrête pas de nous enfumer sur le temps de travail…
D’un côté Macron, Valls et le MEDEF joue à nous faire peur à modifier la loi sur les 35 heures, et tout de suite après à nous dire que, mais non, c’était une blague on ne va pas y toucher…
D’un autre côté, Martinez nous la joue carrément gauchiste en annonçant une « campagne pour les 32h » dans la CGT (voir l’extrait du dernier numéro d’Ensemble ci-contre), alors que d’une part aucune campagne n’est prévue sur le sujet (et les meetings de rentrée n’en ont pas soufflé un mot…) et que la revendication apparaît à tous comme radicaliste et sans le début de commencement de possibilité d’y arriver.
Parce qu’en parallèle, nous, partout on voit les attaques sur le temps de travail, et plutôt graves…
- On peut d’abord saluer le remarquable combat des camarades de la santé à l’AP/HP, et aussi dans de nombreux hôpitaux des régions, contre les propositions Hirsch/Touraine de prétendre « renégocier » l’application des 35 heures à l’hôpital, en développant par de multiples et subtiles manœuvres la flexibilité, l’aggravation de l’intensité du travail, et le travail gratuit dissimulé (comme le temps de débriefing au recouvrement de poste pour transmettre les consignes). Le combat est rude, à la fois pour défendre les intérêts des personnels qui se trouvent dans une situation déjà calamiteuse, et pour défendre la qualité de l’accueil des patients et malades qui se dégrade mois après mois… (voir https://www.facebook.com/touchepasanosRTT et http://www.sante.cgt.fr/35h-a-l-AP-HP-defense-des-services).
Combat contre la flexibilité, contre l’annualisation, contre l’aménagement du temps de travail, c’est la poursuite du combat entamé dès le début des années 80, aggravé par les lois de Martine Aubry sur les 35h qui légalisent tous les gains de productivité faits en souterrain, contre les travailleurs… - A SMART dans la Moselle, la direction prétend consulter le personnel pour un retour aux 39h seulement compensé à moitié, avec un supposé maintien de l’emploi. Demandez aux camarades de Continental ce qu’ils en pensent ! (voir le dossier ICI) La CGT de l’usine a appelé à s’opposer à cette grave régression et au final ce sont les cadres (oui à 74%) qui l’ont imposée aux ouvriers (non à 61%), un vote de classe bien tranché, une consultation vérolée au départ ! C’est donc là l’augmentation brute du temps de travail, mais en conservant toute l’intensification réalisée toutes les années passées. L’exploitation s’aggrave ! Maintenant, aux syndicats majoritaires de dénoncer l’accord qui va suivre !
- Dans le commerce, l’attaque est là ouverte, via la loi Macron, qu’il s’agisse du travail du dimanche ou du travail de nuit qu’il s’agit de généraliser dans le secteur bien au-delà des prétextes avancés (La Défense est incluse en « Zone Touristique Internationale » !!!). Les camarades du Commerce, en particulier à Paris, ne lâchent rien, mettant en difficulté le gouvernement et gagnant, sous le rapport de forces, l’appui de la Maire Anne Hidalgo. (voir leur dossier ICI). En plus, ils ont réussi à construire une intersyndicale, le CLIC-P, efficace et combattive, malgré les réticences des confédérations largement favorables à des compromis. Une nouvelle journée d’action va avoir lieu le 15 septembre, une bonne occasion de mesurer l’ambiance !
- Dans nombre d’entreprises, l’attaque est sournoise, technique et difficile à saisir, sous couvert de modification du cycle des postes. Il est alors bien difficile de s’y retrouver, lorsqu’on se voit imposer un retour aux 4*8 avec des RTT en plus, ou à une modification très technique du régime des postes qui aboutit insidieusement à augmenter l’horaire hebdomadaire équivalent. Qui s’en rend compte, sinon les premiers intéressés, les ouvriers, juste par la fatigue augmentée ? Il est significatif que l’article le plus lu de ce blog (et de très loin) est celui qui détaille « les cycles du travail posté » et reçoit le plus de commentaires (des centaines depuis la publication initiale en 2008).
- C’est la multiplication des heures supplémentaires, parfois au mépris du Code du Travail, en s’appuyant sur les salaires de misère, et sur des jeunes prêts à travailler beaucoup pour avoir un peu plus de sous. Un des enjeux des réformes successives sur le temps de travail a toujours été de diminuer le taux de majoration.
Par ailleurs, les contrats à temps partiels sont passés de 8,6% à 19% des salariés en trente ans (1982-2013), exactement depuis le début des mesures « d’aménagement du temps de travail » et concernent désormais plus de 4,3 millions de salariés – très majoritairement des femmes…
Heures supplémentaires, temps partiels, deux attaques directes contre le temps de travail, deux volets de la flexibilité tant recherchée par les employeurs… - Enfin, comment ne pas parler du contrat « zéro heures » que les patrons voudraient bien imposer comme en Angleterre, ou le travail de nos camarades sans-papiers, ou des travailleurs détachés qui dérogent allègrement avec toutes les règles de base
Alors on nous bassine d’un côté avec la supposée remise en cause de la loi sur les 35h, de l’autre avec la revendication ultraradicale des 32h.
Mais la réalité, ce sont toutes ces attaques, sournoises, mais quotidiennes, via les mesures d’aménagement et de flexibilité, qui font que la durée moyenne du travail remonte désormais en France, doublée d’une intensification accrue.
A quand une campagne contre la flexibilité, la précarité, la souffrance au travail ? (voir sur ce blog ICI) A quand la lutte contre les heures sups et les temps partiels, contre le travail de nuit – partout -, contre le travail le dimanche ? A quand une vraie campagne de toute la CGT pour le respect du temps de travail et de repos, contre les dérogations ? A quand la prise en compte de notre vraie réalité de prolétaires, au-delà des discours et des rideaux de fumée ???